La célébration du 57ème anniversaire de la République ne peut être facilement dissociée d’une autre célébration, celle du premier anniversaire du martyr de Mohamed Brahmi. Un événement qui ne peut nous faire oublier qu’il y a seulement quelques jours, nous avons perdu 15 valeureux soldats. Mais que proposent les takfiristes à notre République sinon la violence criminelle et l’informel? Des horizons bien bouchés.
La chanson «Banou Watany» d’Oulaya n’a sans doute jamais autant été diffusée en Tunisie. En effet, cette chanson, qui a été conçue pour la bataille de Bizerte à l’été 1961, a accompagné les deuils décrétés, ces deux dernières années, à l’occasion du lâche assassinat des martyrs de notre armée par des terroristes takfiristes au Djebel Châambi.
Et à quelques jours de la célébration par les Tunisiens du cinquantième anniversaire de la République, quinze de nos valeureux militaires ont été de nouveau tués au Djebel Châambi. C’était le 17 juillet 2014.
Autant dire que cette célébration, malgré la joie qu’elle procure, a un goût amer. D’autant plus que le 25 juillet 2014 est le premier anniversaire de l’assassinat du coordinateur du Mouvement du peuple, Mohamed Brahmi, tombé lui aussi sous les balles de terroristes islamistes. Un assassinat perpétré lors d’une date symbolique et en plein jour. Un assassinat qui sonne, de ce fait, comme un défi.
“L’horizon des terroristes n’est autre que celui d’un califat qui gouverne par le glaive. Bien loin du reste des préceptes de l’islam des lumières“.
Autre défi lancé, en cette année 2014, l’attaque perpétrée contre la maison du ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou. Une manière de dire que les hordes takfiristes n’entendent rien s’interdire. Ces derniers étant connus pour toujours renvoyer, du reste, des massages.
Une manière de dire aussi qu’ils sont déterminés à agir violement pour altérer le processus de transition démocratique inauguré le 14 janvier 2011, date de la révolution tunisienne. Car personne ne peut se méprendre, les islamistes radicaux ne rêvent que de voir la Tunisie bien loin des canevas d’une démocratie ouverte qui place les droits de l’Homme et la consécration des libertés au-dessus de tout. Leur horizon n’est autre que celui d’un califat qui gouverne par le glaive. Bien loin du reste des préceptes de l’islam des lumières.
De toute manière, nous savons de quoi ils sont capables. Depuis qu’ils ont égorgé une partie des militaires qu’ils ont assassinés, le 29 juillet 2013, également en plein mois saint du ramadan. C’est également par la voie de la traîtrise, n’osant pas affronter les forces de l’ordre en face-à-face, que d’autres takfiristes assassinent, le 23 octobre 2013, des hommes de la garde nationale à Sidi Ali Ben Aoun, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid.
“Combien de fois les transporteurs des vêtements, ustensiles de cuisine et autres babioles écoulés par les acteurs du secteur informel n’ont-ils pas été pris la main dans le sac amenant avec eux des armes et des munitions“.
Inutile de rappeler que s’ils sèment le crime à tout vent et entretiennent souvent l’insécurité, c’est tout simplement pour détruire l’économie du pays. De nombreux rapports ont largement mis en évidence le rapport étroit, du moins en partie, entre le secteur informel et le terrorisme.
Combien de fois en effet les transporteurs des vêtements, ustensiles de cuisine et autres babioles écoulés par les acteurs du secteur informel n’ont-ils pas été pris la main dans le sac amenant avec eux des armes et des munitions. Celles-ci quelquefois cachées, après être passées par les mailles des douanes, dans des lieux de culte.
Un livre très documenté sur la Tunisie post-révolutionnaire, l’association IDEES (Initiative pour le Développement Economique et Social), présidée par l’universitaire tunisien Elyès Jouini, soutient que le secteur informel se situerait, pour la période 2002-2007, à 25% du PIB. Par ailleurs, et selon la même source, les pertes fiscales se situeraient, de ce fait, autour de 4,8% (voir «Tunisie l’espoir», Tunis – Cérès Productions, 2013).
L’existence de circuits économiques qui échapperaient à tout contrôle –et à toute transparence- et qui permettraient de gagner beaucoup d’argent très rapidement ne peut que satisfaire les contrebandiers takfiristes. Qui, au travers de réseaux internationaux parallèles, ont réussi à dominer des pans entiers de l’informel.
N’est-il pas de notoriété publique que le criminel Mokhtar Ben Mokhtar, le terroriste qui a conduit de bout en bout l’opération d’In Amenas, dans le sud-est algérien, en janvier 2013, est surnommé «Monsieur Marlboro»? L’homme se trouve en effet à la tête d’un immense trafic de cigarettes qui traverse tout le Maghreb et le Sahel africain.
Et des indications on ne peut plus sérieuses de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) estimait, en 2013, que 44% des cigarettes consommées dans le Maghreb ont été achetées sur le marché noir. Et sont tombées dans la poche du terrorisme.
C’est dire que, et ce n’est qu’un spécimen, la culture économique que les hérauts du takfirisme terroriste veulent propager ne mène qu’à des horizons bouchés!