Une enseigne du Club Med (Photo : Stephane de Sakutin) |
[25/07/2014 12:58:26] Paris (AFP) Une étape importante se joue vendredi dans la bataille d’OPA pour Club Méditerranée : le conseil d’administration du groupe se réunit et doit donner son avis sur l’offre de l’Italien Andrea Bonomi, rival du tandem franco-chinois Ardian-Fosun.
La réunion s’est ouverte dans la matinée. Les administrateurs sont appelés à émettre un avis à la fois sur le prix de 21 euros l’action et la stratégie proposés par M. Bonomi.
Le conseil compte normalement une quinzaine de membres, mais les représentants de Fosun et d’Ardian ainsi que le PDG du Club, Henri Giscard d’Estaing, partie prenante dans l’OPA franco-chinoise d’Ardian-Fosun, ne participaient pas à la discussion.
“Il n’est pas du tout certain que les administrateurs actionnaires se prononcent sur l’apport de leurs titres”, remarquait vendredi une source au fait du dossier. En 2013, le conseil d’administration avait soutenu unanimement le projet d’OPA d’Ardian-Fosun et les actionnaires représentés au conseil étaient partants pour apporter leurs titres. “Mais la situation était beaucoup plus simple qu’aujourd’hui”, note cette source.
Du côté italien, on estimait vendredi que “la logique voudrait que le conseil d’administration recommande notre offre”, beaucoup plus généreuse que les 17,50 euros offerts par Ardian et Fosun.
La question clé reste celle d’un renchérissement ou non par Fosun et Ardian, alors que ce dernier rechigne à rajouter au pot.
Fosun a adressé hier une lettre au vice-président du conseil d’administration, Georges Pauget, dans laquelle “il prend date” et semble annoncer “une éventuelle surenchère”, écrit Les Echos vendredi. Fosun s’y déclare “profondément” attaché au Club Med et indique qu’il entend “réfléchir sereinement à la situation”, précise le journal.
Par ailleurs, 70 cadres du Club Med associés à l’OPA Fosun-Ardian ont adressé une lettre jeudi aux administrateurs pour dire leur “profonde inquiétude” face à la contre-offre de M. Bonomi.
“Malgré un projet annonçant une certaine continuité, ce qui nous est proposé par Global Resorts (M. Bonomi et ses soutiens, ndlr) nous semble être une véritable rupture”, écrivent-ils dans cette missive dont l’AFP a eu connaissance.
– Trigano en caution –
Le projet de M. Bonomi remet en cause en partie “les composants fondamentaux” du Club aujourd’hui, à savoir “le haut de gamme et le all inclusive” (le tout compris, ndlr), “dont il a été prouvé”, selon les auteurs de cette lettre, “qu’ils étaient indispensables pour assurer une croissance rentable et durable au groupe”.
Ces cadres s’inquiètent aussi d’une “incertitude sur le partenaire chinois qui devra nous appuyer dans notre développement en Chine” et d’un “risque de casse de l’entreprise au vu des objectifs irréalistes de rentabilité annoncés par Global Resorts, lesquels ne pourront être atteints, sans doute, sans un coût humain inacceptable et des ventes d’actifs”.
Dans le camp Bonomi, Serge Trigano, fils du fondateur du Club Med, Gilbert Trigano, et ex-PDG du Club de 1993 à 1997, qui a rallié l’Italien, invitait lui dans une tribune publiée par Les Echos à “laisser les actionnaires décider” entre “deux projets” et “deux visions” : “l’une sino-française” avec Ardian-Fosun et “l’autre franco-européenne”, désignant donc celle de M. Bonomi et de ses alliés sud-africain, brésilien et espagnols, appuyés désormais par la caution française de M. Trigano.
Ce dernier estime qu’il faut s’intéresser à d’autres marchés que la Chine pour développer le Club Med et éviter que la montée en gamme ne soit “le seul positionnement”.
Au printemps 2013, en présentant l’OPA Ardian-Fosun aux “GO” du Club Med, Henri Giscard d’Estaing avait lu un mot de Serge Trigano lui souhaitant “le succès pour ce challenge vers le marché chinois”. La situation a depuis changé.
Après l’avis du conseil d’administration du Club Med et la transmission à l’Autorité des marchés financiers (AMF) de sa note motivée, la contre-OPA de M. Bonomi, une fois validée par l’AMF, devrait démarrer en août.