Portugal : la chute de l’empire Espirito Santo fragilise l’économie

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ège de la BES à Lisbonne, le 10 juillet 2014 (Photo : Patricia de Melo Moreira)

[27/07/2014 10:33:49] Lisbonne (AFP) L’empire financier Espirito Santo, aux ramifications tentaculaires dans l’économie du Portugal, risque d’emporter dans sa chute d’autres entreprises et freiner ainsi le redressement du pays, tout juste sorti de son plan de sauvetage international.

Le déclin du groupe s’était accéléré jeudi avec la mise en examen pour blanchiment de capitaux de Ricardo Salgado, ancien PDG de Banco Espirito Santo (BES), et la demande de mise en redressement judiciaire de Espirito Santo Financial Group (ESFG), principal actionnaire de la banque.

“Cette affaire intervient dans un contexte qui était déjà très délicat. Les entreprises portugaises restent très endettées et l’embellie de l’économie paraît encore très fragile”, estime Gilles Moec, chef économiste chez Deutsche Bank.

L’économie du Portugal est suspendue aux déboires de la dynastie Espirito Santo. Le Produit intérieur brut (PIB) avait subi au premier trimestre une baisse surprise de 0,6%, marquant une rechute pour le pays qui était sorti au printemps 2013 de deux ans et demi de récession.

Si les analystes avaient alors évoqué un “accident de parcours” qui n’allait pas remettre en cause le rétablissement progressif de l’économie, le possible effet de contagion des ennuis financiers du groupe Espirito Santo a freiné leur optimisme.

Pour Paula Carvalho, économiste de la banque BPI, l’affaire “entame surtout la confiance des investisseurs, ce qui peut se répercuter sur l’activité économique”.

Et les plus hautes sphères de l’Etat commencent à préparer les esprits: si des détenteurs de titres de dette du groupe Espirito Santo “devaient subir des pertes importantes, ils pourraient reporter des investissements, voire être confrontés à de fortes difficultés”, a prévenu le président Anibal Cavaco Silva.

Jadis prestigieux, le nom Espirito Santo est omniprésent au Portugal. A chaque coin de rue, des enseignes vertes et blanches témoignent de l’influence du conglomérat familial, présent dans la finance, l’assurance, l’immobilier, l’hôtellerie, l’agriculture ou encore la santé.

– L’heure de vérité –

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à la sortie du tribunal de Lisbonne (Portugal) le 24 juillet 2014 (Photo : Patricia de Melo Moreira)

Joyau du groupe, Banco Espirito Santo, détenu à 20,1% par la famille, finance une entreprise sur cinq au Portugal et ses actifs pèsent plus de la moitié du PIB du pays. La famille en a profité pour placer ses titres de dette à haut risque auprès des clients particuliers de la banque.

Pour BES, l’heure de vérité viendra mercredi, avec la présentation de ses comptes semestriels qui devraient révéler l’ampleur des dégâts. Son exposition à la dette du groupe, qui lui a valu une descente aux enfers à la Bourse, risque de se traduire par des pertes historiques.

Méfiance des investisseurs, hausse des coûts de financement des entreprises, incertitudes sur une éventuelle intervention de l’Etat en faveur de la première banque cotée du pays … le scandale financier peut coûter cher au Portugal, dont les taux d’emprunt sont repartis légèrement à la hausse.

“La famille Espirito Santo va entraîner dans sa chute d’autres groupes portugais qui risquent de voir s’évaporer des milliards d’euros, autant d’argent perdu pour investir. C’est très mauvais pour notre pays”, prédit l’homme d’affaires influent Miguel Pais do Amaral.

Première victime, Portugal Telecom a dû encaisser le choc du défaut de paiement de Rioforte, qui a échoué à lui rembourser 897 millions d’euros. Une affaire qui a troublé son mariage avec l’opérateur brésilien Oi et l’a obligé à revoir à la baisse sa part dans la future entité.

Même l’homme le plus riche du Portugal qui a fait sa fortune dans le liège, Americo Amorim, n’a pas été épargné par la tourmente. Selon le journal Expresso, il fait partie des détenteurs lésés de titres de dette du groupe Espirito Santo.

Seule lueur d’espoir, l’agence d’évaluation financière Moody’s a relevé vendredi la note de la dette du Portugal à “Ba1”, la plaçant à un cran de la catégorie investissement, label très recherché que le pays avait perdu en 2011.