Argentine (Photo : Stan Honda) |
[29/07/2014 05:26:29] Buenos Aires (AFP) L’Argentine sera mercredi en défaut de paiement si elle n’honore pas un remboursement de dette de 500 millions de dollars bloqué depuis un mois par la justice américaine, exhortant Buenos Aires à résoudre d’abord un litige avec des fonds “vautours”.
Depuis la crise économique de 2001, la troisième économie d’Amérique latine a réglé les échéances de sa dette à 93% des détenteurs de bons, voire devancé le remboursement des sommes dues au FMI, mais les créanciers qui ont refusé les allègements de dette font vaciller le processus.
– Quel risque si l’Argentine rembourse les fonds vautours à 100%?
Si Buenos Aires paie les “fonds vautours” et applique la décision judiciaire américaine, d’autres fonds spéculatifs (7% des créanciers) ayant jusqu’ici refusé tout allègement pourraient exiger un traitement équivalent en vertu de la clause RUFO (Rights Upon Future Offers) et la note pourrait alors s’élever à plus de 10 milliards de dollars. Et à plus de 100 si le reste des détenteurs de dette (93%) portaient réclamation, alors que l’Argentine dispose de moins de 30 milliards de réserves en dollars.
Etranglée par sa dette extérieure, l’Argentine s’est déclarée en défaut de paiement en décembre 2001, déclenchant une crise économique.
Pour aider le pays à remonter la pente, la quasi-totalité des créanciers (93%) ont consenti une remise de dette d’environ 70%. Mais des fonds spéculatifs (7%) ont dit “non” à toute restructuration. Parmi eux, NML Captal et Aurelius Management ont obtenu de la justice américaine -une partie des titres ayant été émis à New York- le versement de 100% des sommes initialement dues, soit 1,3 milliard de dollars.
Par exemple, le fonds NML a acheté en 2008 à prix cassé pour près de 50 millions de dette argentine et le jugement lui attribue plus de 800 millions.
La présidente argentine de centre-gauche Cristina Kirchner affirme que l’Argentine n’entrera pas en défaut car elle “a payé, paie et paiera ses dettes”.
Une échéance de 500 millions USD due au 30 juillet a été versée par Buenos Aires mais bloquée par la justice américaine, qui a statué que le litige entre l’Argentine et les fonds “vautours” devait être réglé avant la reprise des remboursements de la dette restructurée. Si le paiement reste bloqué, il y aura un nouveau défaut de paiement impliquant l’Argentine, cela dit bien moindre que celui de 2001 qui portait sur près de 100 milliards.
– Si défaut de paiement, quelles conséquences ?
éanciers américains, quitte le tribunal fédéral, le 22 juillet 2014 à New-York (Photo : Don Emmert) |
Standard and Poor’s dégradera à “D” la note de l’Argentine, mais il ne faut pas s’attendre à un séisme comme en 2001.
D’après l’institut d’études Abeceb, l’inflation annuelle atteindrait 41% en 2014 (contre une prévision de 34,5%), le PIB chuterait de 3,5% et la consommation diminuerait de près de 4%.
“Au quotidien, cela se ressentirait beaucoup moins qu’en 2001”, assure l’économiste Juan Pablo Ronderos de l’institut Abeceb.com. En cas de défaut, dit-il, “l’Argentine continuera de payer le reste de sa dette, car il s’agirait d’un défaut sélectif”.
La conséquence d’un défaut est l’éviction du marché international des capitaux. Depuis son défaut de paiement de 2001, portant sur 100 milliards de dollars, l’Argentine n’a pas emprunté sur les marchés mais envisage d’y avoir à nouveau recours. Aujourd’hui l’endettement de l’Argentine ne représente plus que 40% du PIB.
– Quel impact dans le monde ?
Le Fonds monétaire international (FMI) considère qu’un moratoire argentin aurait un “coût” pour l’ensemble du système financier en créant une “incertitude”. Le FMI redoute que les pays en difficultés aient plus de mal à convaincre leurs créanciers d’accepter un allègement.
“Nous avons besoin de mécanismes de résolution qui fonctionnent bien quand les pays sont en difficulté”, plaide l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard.