Banco Espirito Santo s’effondre en Bourse, sanctionné pour ses pertes record

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écroulée à la Bourse de Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira)

[31/07/2014 17:18:02] Lisbonne (AFP) En pleine tourmente, Banco Espirito Santo s’est écroulé jeudi à la Bourse de Lisbonne, au lendemain de l’annonce d’une perte record de 3,57 milliards d’euros qui a provoqué une onde de choc dans le secteur financier portugais.

Pris de panique, les investisseurs ont massivement vendu les titres de BES, s’interrogeant sur la solvabilité de la banque, qui ne pourra pas éviter une augmentation de capital, ou, en ultime recours, une injection de fonds par l’Etat.

Peu après la reprise de sa cotation, suspendue temporairement par le gendarme de la Bourse, le titre de BES avait dévissé dans la matinée de plus de 50%, avant de freiner légèrement sa chute et clôturer en baisse de 42,07% à 0,20 euro.

En une minute, la capitalisation boursière avait fondu de près d’un milliard d’euros, alors que les difficultés de la banque risquent de se propager à l’ensemble du secteur financier portugais.

BES avait annoncé mercredi en fin de soirée avoir essuyé une perte historique de 3,57 milliards d’euros au premier semestre, en raison de son exposition à la dette du groupe Espirito Santo.

La banque, qui avait déjà fait trembler les marchés européens en début du mois, a entraîné dans sa chute la Bourse de Lisbonne, qui a plongé de 3,12%. Préoccupés par l’Ukraine, les autres marchés européens paraissaient insensibles au sort de la banque portugaise.

“Une contagion aux marchés européens est improbable, les investisseurs font la part des choses entre la banque Espirito Santo et le groupe”, a déclaré à l’AFP Joao Pereira Leite, analyste de Banco Carregosa.

Les turbulences que traverse BES avaient déjà secoué les marchés européens le 10 juillet, après l’annonce de la suspension de l’action du principal actionnaire de la banque Espirito Santo Financial Group (ESFG), qui a depuis déposé son bilan.

“Dans le cas d’ESFG, il s’agissait d’une entreprise en liquidation, qui n’arrive plus à payer ses dettes. Pour Banco Espirito Santo c’est différent, car le risque de faillite semble écarté”, a ajouté M. Pereira Leite.

– ‘Revers pour l’économie’ –

Si la Banque du Portugal a redoublé d’efforts pour isoler la banque des déboires financiers de sa maison mère, elle vient de découvrir, grâce à un audit externe, que Banco Espirito Santo n’a apparemment pas été épargné par des pratiques douteuses.

Le superviseur bancaire portugais a mis durement en cause l’ancienne équipe dirigeante, soupçonnée d’agissements illégaux ayant contribué à alourdir la perte nette à hauteur d’1,5 milliard d’euros.

La Banque du Portugal compte “déterminer les responsabilités individuelles”, y compris celles de l’ancien PDG Ricardo Salgado et de son directeur financier Amilcar Morais Pires, susceptibles de poursuites.

En tout état de cause, l’affaire est particulièrement malvenue pour le Portugal, tout juste sorti de son plan d’assistance: “le cas BES porte atteinte à l’image du marché financier et aux entreprises du pays”, a estimé Pedro Lino, analyste de Dif Broker.

“C’est un revers important pour l’économie du Portugal, vu la dimension du groupe qui traverse une grave crise”, a reconnu le porte-parole du gouvernement, Luis Marques Guedes.

Le nouveau PDG de la banque, Vitor Bento, juge nécessaire une augmentation de capital, projet qu’il compte soumettre aux actionnaires lors d’une prochaine assemblée générale.

L’augmentation de capital s’impose car le ratio de fonds propres de la banque est tombé à 5%, en dessous du minimum de 7% requis par la Banque du Portugal.

Des investisseurs sont prêts à “assumer une position de référence” dans la banque Espirito Santo, a assuré la Banque centrale du pays.

Mais désormais, elle n’écarte plus une intervention de l’Etat, qui dispose encore de 6,4 milliards d’euros de l’enveloppe allouée aux banques dans le cadre du plan de sauvetage du pays.

Une telle solution risque cependant d’alourdir encore la dette du Portugal, qui peine à respecter son objectif de déficit de 4% du PIB fixé par ses créanciers pour cette année.