BNP Paribas plonge dans le rouge après les sanctions américaines

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énéral de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, avant une conférence de presse présentant les résultats du groupe, le 31 juillet 2014 à Paris (Photo : Matthieu Alexandre)

[31/07/2014 17:10:46] Paris (AFP) BNP Paribas a sans surprise essuyé une lourde perte, de 4,3 milliards d’euros, au deuxième trimestre, après avoir accepté fin juin de payer une amende historique aux États-Unis pour échapper à un procès.

Accusée d’avoir réalisé des opérations en dollars avec des pays sous embargo économique américain, le premier groupe bancaire français avait dû se résoudre à plaider coupable et à verser 6,6 milliards d’euros, la sanction la plus lourde jamais infligée à un établissement étranger outre-Atlantique.

Il s’agit de la première perte trimestrielle de l’établissement depuis la fin 2008, lorsqu’il avait souffert comme le reste du secteur financier des conséquences de la faillite de Lehman Brothers.

BNP Paribas, qui avait déjà provisionné 798 millions d’euros, a enregistré dans ses comptes trimestriels publiés jeudi une charge exceptionnelle de 5,95 milliards d’euros, dont 5,75 milliards d’euros pour payer l’amende et 200 millions dans le cadre des mesures qu’elle doit mettre en place pour éviter de reproduire les faits qui lui étaient reprochés.

La banque va notamment créer un département chargé de s’assurer qu’elle respecte les lois américaines à New York, où seront dorénavant traités tous ses flux en dollars.

Ces charges masquent une amélioration des résultats opérationnels du groupe: hors éléments exceptionnels, son bénéfice net augmente de 23,2%, à 1,9 milliard d’euros, un bond lié notamment aux performances de sa banque de financement et d?investissement.

“Ce résultat est le reflet d’une activité commerciale de très bon niveau, compte tenu du contexte qui a été compliqué pour nos équipes au deuxième trimestre”, a souligné le directeur général, Jean-Laurent Bonnafé, lors d’une conférence de presse.

Si elle a réglé, au niveau financier, les conséquences de ses ennuis judiciaires aux États-Unis, la banque française n’a en revanche pas achevé sa transformation pour éviter que les faits qui lui étaient reprochés –du négoce de gaz et de pétrole avec le Soudan, l’Iran et Cuba– se reproduisent.

– Contrôles renforcés –

Outre les efforts consentis fin juin, elle a pris de nouvelles initiatives en matière de conformité, en particulier la création de deux comités, dont l’un sera présidé par M. Bonnafé, chargés de renforcer les contrôles internes de la banque.

La banque a également annoncé le départ de son directeur de la conformité, Jean Clamon, en poste depuis 2008 et qui fera valoir ses droits à la retraite d’ici la fin de l’année, sans faire le lien avec ses ennuis judiciaires américains.

Treize banquiers, dont cinq hauts dirigeants, liés aux opérations litigieuses avaient déjà quitté la banque ces derniers mois.

En revanche, BNP Paribas continue d’afficher une structure financière solide. Si les sanctions américaines ont ramené son ratio de fonds propres “dur” (fonds propres mis en réserve rapportés aux crédits consentis) à 10%, contre 10,6% fin mars, celui-ci reste nettement au-dessus des exigences des régulateurs.

A 10%, ce ratio respecte également les objectifs fixés par la banque dans le cadre de son plan stratégique 2013/2016, étant donné qu’elle y vise précisément ce niveau de solvabilité.

Au niveau des différents pôles, la banque de financement et d’investissement a tiré son épingle du jeu: son produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d’affaires) a augmenté de 5,6% pour un résultat avant impôt en hausse de 31,2%, à 661 millions d’euros.

Le pôle Investment Solutions (gestion d’actifs, assurance-vie et gestion de fortune) voit lui aussi progresser ses revenus (+4,2%) et son résultat avant impôt (+7,1%, à 603 millions d’euros).

Enfin, la banque de détail a vu son chiffre d’affaires reculer de 2,5% et son résultat avant impôt est ressorti en baisse de 13%, à 1,4 milliard d’euros, sous l’effet notamment de la hausse du coût du risque en Italie, c’est-à-dire des provisions passées pour faire face aux risques de crédits non remboursés.

Globalement, le PNB de BNP Paribas s’est replié de 2,3%, à 9,6 milliards d’euros.

A la Bourse de Paris, le titre de la banque, après avoir démarré la séance en hausse, a finalement terminé en baisse de 0,76%, à 49,50 euros, entraîné par un marché plombé par les inquiétudes géopolitiques (-1,53%).