Près d’un an après le démarrage de l’audit des trois plus grandes publiques de la place –Société Tunisienne de Banque (STB), Banque de l’Habitat (BH) et Banque Nationale Agricole (BNA-, le processus est de nouveau à la case départ, du moins en ce qui concerne ce dernier établissement.
En effet, alors qu’on attendait les résultats de l’audit, les autorités ont confirmé vers fin avril 2014 les bruits sur l’annulation de la convention avec Finance & Gouvernance, chargé –avec la société Bain et Compagnie et le Cabinet Neji Fethi- de l’audit de la BNA et annoncé le lancement d’une nouvelle procédure pour la sélection d’un autre cabinet.
Le groupement dirigé par Miriam-Garnier Chakroun –Franco-tunisienne, proche parente de Nasr Chakroun, patron du groupe 3S-, avait remporté le marché suite à un appel d’offres lancé en août 2012.
La convention entre la BNA et le groupement ayant été signé le 26 septembre 2013, le processus de l’audit semblait au début fonctionner normalement. Mais, souligne la représentante du groupement, «alors que Finance & Gouvernance, en respectant tant ses obligations financières que contractuelles, avait tout mis en œuvre pour que l’audit puisse débuter dans les délais convenus; des difficultés sont alors intervenues, notamment pour obtenir de la Banque Nationale Agricole la délivrance des informations nécessaires à la réalisation de la mission».
Demeuré silencieux pendant plus de deux mois après avoir été informé –le 17 février 2014- par la BNA de la résiliation de la convention lui ayant attribué le marché de l’audit, le cabinet français est sorti de sa réserve après le lancement d’un nouvel appel d’offres le 13 avril, avec le 12 mai comme dernier délai pour la remise des offres.
Dans un premier temps, Finance & Gouvernance s’était abstenu de médiatiser l’affaire probablement parce qu’il gardait espoir d’obtenir gain de cause grâce à la contestation de la mesure de résiliation introduite le 15 avril 2014 devant la Commission de résolution amiable des litiges, parce que les dispositions du Code des Marchés publics n’ont «pas été respectées».
Mais aujourd’hui, Finance & Gouvernance -qui met en exergue d’«a toujours honoré ses engagements auprès de ses multiples clients» et souligne que sa «réputation internationale» et son «professionnalisme» ne sauraient être entachés par cette affaire-, affirme vouloir «défendre ses intérêts». Et demande en conséquence «qu’une enquête soit diligentée tant par la Commission de Résolution Amiable des litiges que par la Banque centrale, autorité de tutelle de la Banque Nationale Agricole, pour que toute la lumière soit faite sur les conditions et les motivations de la résiliation du contrat de marché du 26 septembre 2013».
Justement, pourquoi la BNA a-t-elle résilié la convention la liant au groupement dirigé par Miriam-Garnier Chakroun? Sollicitée pour s’expliquer à ce sujet, la banque n’a pas voulu répondre. Mais une source à la BNA nous a promis «une communication au moment opportun».