çais de crayons de bois, la Compagnie française des crayons (CFC) perpétue un savoir-faire qui n?a guère changé depuis que Nicolas Conté a créé en 1800 sa première unité de fabrication à Paris (Photo : Joel Saget) |
[01/08/2014 06:40:40] Lay (Loire) (France) (AFP) Dernier fabricant français de crayons de bois, la Compagnie française des crayons (CFC), installée à Lay dans la Loire, perpétue un savoir-faire et des règles de fabrication qui n?ont guère changé depuis que Nicolas Conté a créé en 1800 sa première unité de fabrication à Paris.
Pour préserver cette tradition et la qualité de ses produits, face notamment à la concurrence asiatique, la PME de 20 salariés a choisi de se positionner quasi exclusivement sur le marché du crayon publicitaire.
La CFC, qui a obtenu en 2011 le label “d’entreprise du patrimoine vivant”, produit aujourd’hui quelque 10 millions de crayons par an, dont 60% sont destinés à servir de support à des messages pour des collectivités, des entreprises, des chaînes hôtelières, des sites touristiques ou des musées par exemple.
La gendarmerie nationale a ainsi passé commande pour sa toute dernière campagne de recrutement.
30% des crayons sont fabriqués sous la marque “Conté à Paris” pour le compte du leader mondial des Beaux-Arts, dans le cadre d’un contrat de sous-traitance, et 10% sont des crayons professionnels, pour la menuiserie ou la maçonnerie par exemple.
– Marché de niche –
“On ne pourrait pas lutter sur le marché de la grande distribution face aux pays d’Asie et à la Chine, ni aux gros acteurs du marché comme Bic par exemple”, explique Blandine Pivot, la directrice commerciale et responsable RH de la PME.
“Nous ne vendons qu’à des intermédiaires. Aujourd’hui, pour survivre avec un savoir-faire rare comme le nôtre, il faut être sur un marché de niche”, ajoute-t-elle.
Car la filière française du crayon de bois traditionnel a bien failli disparaître dans les années 80 lorsque les deux usines spécialisées, installées à quelques kilomètres l’une de l’autre dans la Loire, Conté à Rény et Corgié à Roanne, ont commencé à perdre des parts de marché et à péricliter. Et, la marque Conté grand public a été rachetée par Bic.
Installée depuis 1986 à Lay, la CFC, reprise en 2011 par son gérant actuel Franck Allilaire, 43 ans, déjà à la tête d’une société d’objets publicitaires, a pu maintenir la tradition grâce à son positionnement sur le marché du crayon personnalisé.
“Un crayon, vous ne le jetez jamais, c’est intéressant d’un point de vue publicitaire”, argue Mme Pivot.
La CFC a enregistré en 2013 une croissance de 10%, à 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour 2014, son objectif est de faire aussi bien, malgré la crise qui se ressent sur les budgets publicitaires de ses clients potentiels.
“Avant, des commandes de 10.000 crayons étaient monnaie courante. Aujourd’hui, avec des budgets en baisse, nous avons plutôt 10 commandes de 1.000 crayons”, indique Mne Pivot.
“Mais nous avons la souplesse d’une PME, qui nous permet de nous adapter à tout ce que veulent les clients et de réduire les délais de livraison”, poursuit-elle.
– Savoir-faire d’excellence –
Pour la directrice commerciale, l’obtention du label “entreprise du patrimoine vivant”, s’il n’a pas “boosté le chiffre”, a aussi permis d’asseoir la notoriété de la PME. “Pour nos clients, c’est une garantie de sécurité et de fiablité, la reconnaissance d’un savoir-faire français d’excellence”.
Car la qualité du produit est le maître-mot de l’entreprise, à toutes les phases de la fabrication: la solidité des mines, l’essence du bois (du cèdre de Californie et du Pulay d’Indonésie), le collage des plaquettes de bois rainurées dans laquelle sont placées les mines à la main, leur découpage, le vernissage, nécessitant entre 4 et 12 couches, la finition avec le placement des gommes et le taillage.
Une multitude de tâches, souvent manuelles, qui exigent minutie et rigueur. “Ici le savoir-faire est transmis par les anciens, car il n’existe pas de formation. Certains des 16 salariés en production, ont commencé chez Conté il y a 40 ans”, souligne Mme Pivot.