BOURGUIBA disait qu’il avait transformé de la poussière d’individus en un peuple présentant un certain niveau de cohésion. Qu’il avait développé l’enseignement, le logement et structuré le pays -structure qui continue à faire tourner le pays envers et contre tout et tous…
BEN ALI, lui, avait compris le mécanisme: 80% des gens veulent vivre et seulement vivre; 10% sont, de toutes les façons, irrécupérables; et il reste 10% sur qui son système s’appuyait si on compte les nervis, les obligés, les servis et les serveurs. Là où il a abusé, c’est quand il a commencé à toucher aux intérêts des 80% qui ne demandaient rien à personne, et ça l’a fait perdre, et il s’est consumé comme une torche dans le feu qui a emporté le regretté BOUAZIZI.
Et depuis ce fameux 14 janvier, on a assisté à une génération spontanée d’une floraison de partis plus ou moins consistants dont la plupart n’avaient comme référence que leur opposition à ZABA -hormis ENNAHDHA qui s’est opposé à tout le monde depuis tout le temps.
Ces «partillons» qui ont envahi le paysage et les médias qui, par-dessus le marché, n’ont jamais imaginé le départ de ZABA, emporté par la marée silencieuse des 80% qui en avait marre des abus répétés d’une famille insatiable, en principe cette poussière de partis n’a même plus de raison d’être puisque la source du mal a disparu!
Mais pour survivre et subsister, ils s’inventent des sujets et des thèmes; ils fouillent dans les poubelles de l’histoire pour se créer une légitimité, mais l’histoire, elle, ne pardonne pas car elle est en train de les broyer et de les transformer en poussière, et ne resteront que ceux qui ont une raison de rester et d’être -et il y a en gros deux ensembles :
– Le parti d’obédience religieuse qui, au fur et à mesure de l’évolution endogène et exogène de la situation, a appris à faire le gros dos et ronronner pour ne pas perdre pied bien qu’il risque toujours de perdre des partisans et généralement aux deux extrêmes: les plus radicaux iront se faire pousser la barbe et les plus ouverts migreront vers des cieux plus cléments, il restera ceux qui croient que la solution de nos problèmes passe par la religion: on a déjà vu ça sous d’autres cieux et si ces gens-là le pensent et n’agressent pas les autres, ça ne dérange personne, et si ses membres suivent leur chef en silence comme des ânes d’un troupeau.
– Le parti qui a créé la bonne Tunisie à majorité musulmane, celui qui a créé le pays et qui aujourd’hui croit que le développement du pays peut se faire si on y croit et si on y assure une bonne gouvernance pour que les 80% aient leurs besoins assurés et vivent en sécurité, ce parti a un gros problème avec son éléphant de chef qui, parfois, oublie qu’il est dans un magasin de porcelaine.
Mais ces deux structures ont le même problème: le leadership. Les islamistes, même si cela n’apparaisse pas, commencent à contester leur gourou, et les autres veulent sortir du concept de chef qui pense pour tout le monde…
Tout le succès passe par la résolution de cette péréquation et par la manière avec laquelle ces deux grosses structures vont coexister et surtout comment vont évoluer l’âne et l’éléphant. Mais je crois que certains cadres intelligents et nationalistes resteront en dehors de cette mêlée et seront les arbitres de ce combat de coqs…
Quant aux autres, ils redeviendront poussière et ne feront rien d’autre que de retourner dans l’anonymat qui les a créés, peut-être feront-ils mal au pays par des barouds d’honneur, mais la trappe de l’histoire les attend si ce n’est les grilles de SAINTE ANNE qui se referme sur eux pour l’éternité…