[02/08/2014 08:31:58] Paris (AFP)
La nervosité liée aux tensions géopolitiques devrait perdurer la semaine prochaine à la Bourse de Paris où la réunion de la BCE constituera la principale source d’attention, sur un marché estival déserté par les investisseurs.
“La Bourse de Paris devrait rester nerveuse, avec déjà une baisse drastique des volumes, et une réunion de la Banque centrale européenne qui ne devrait déboucher sur aucune annonce”, mais cela n’empêchera pas le marché d'”aller dans tous les sens”, résume Christopher Dembik, un économiste de Saxo Banque.
La cote évolue actuellement “dans un climat très particulier où les investisseurs présents essaient d’interpréter toutes les informations qui tombent”, ainsi même si le président de la BCE, Mario Draghi, “ne va clairement rien annoncer, sa conférence risque d’être quand même interprétée” et d’alimenter encore la nervosité, a-t-il développé.
Les économistes de BNP Paribas n’attendent pas non plus d’annonces du côté de la BCE la semaine prochaine. Selon eux, cette réunion “ressemblera à un avion tournant au-dessus d’un aéroport saturé en attendant d’atterrir”.
Ils anticipent néanmoins un ton un peu plus accommodant que prévu de M. Draghi, en raison “du nouveau déclin de l’inflation et de l’impact économique des sanctions à l’encontre de la Russie”.
Pour M. Dembik, “au niveau français, un seul indicateur pertinent se dégage la semaine prochaine, à savoir la production industrielle qui permettra de confirmer les prévisions pour le Produit intérieur brut”. “Globalement, poursuit-il, il n’y aura pas de surprises, ce sera de mauvais chiffres”.
Du côté des résultats d’entreprises, les quelques publications encore programmées la semaine prochaine “ne devraient pas avoir grande influence sur la cote, ils devraient plutôt corroborer ce que les investisseurs savent déjà”.
“La semaine prochaine, les marchés vont rester nerveux, même si les tensions pourraient légèrement s’apaiser puisqu’on a touché le summum de la crise portugaise hier avec la chute de BES, et le summum de la crise ukrainienne avec les sanctions annoncées”, estime également Pascale Seivy, responsable du conseil en investissement chez Pictet.
– Accumulation de risques –
La semaine écoulée a en effet été particulièrement agitée, avec des séances très volatiles où les investisseurs ont surtout vu la vie en rouge.
Sur la semaine écoulée, l’indice CAC 40 a ainsi perdu 2,95% pour terminer vendredi à 4.202,78 points. Ses pertes depuis le 1er janvier atteignent 2,17%.
“Nous avons assisté cette semaine à une concordance d’évènements qui ont rendu les marchés financiers très nerveux”, analyse Mme Seivy, entre le “défaut de paiement de l’Argentine”, les “pertes massives” dans la banque portugaise Banco Espirito Santo, les “fortes tensions géopolitiques entre les conflits en Ukraine et au Proche-Orient”.
“La crise ukrainienne a fortement pesé sur les marchés financiers, notamment du fait des sanctions prises à l’encontre de la Russie et des conséquences que cela peut produire, notamment sur les prix de l’énergie”, note-t-elle.
“La croissance américaine du 2ème trimestre en forte hausse” a aussi “ravivé les peurs d’une hausse à court terme des taux d’intérêt, ce qui pourrait avoir un effet domino sur les autres pays (car) les entreprises comme les ménages emprunteront avec des intérêts plus élevés ce qui pourrait peser sur la croissance qui reste malgré tout fragile”, détaille-t-elle.
“Le bilan de la semaine écoulée est à l’aversion au risque, avec une accumulation de risques isolés qui ont inquiété les investisseurs”, juge également Christopher Dembik.
“Dans ce climat anxiogène, les investisseurs utilisent toutes les excuses pour sortir du marché”, relève-t-il, ce qui a fait entrer le marché dans une “spirale à la baisse”, dans laquelle ont été aspirées certaines valeurs à l’occasion de la publication de leurs résultats, comme Technip, Schneider Electric, Areva, Arkema et JCDecaux.
Mais, avertit-il, “les mois de juillet et d’août sont des périodes particulières, qui ne permettent pas de tirer des conclusions à long terme”.