Dans
un nouvel essai intitulé “Femmes pionnières dans la civilisation
arabo-musulmane, de Kairouan à Bagdad”, le journaliste et écrivain Sahraoui
Gamoun retrace la vie de cinquante-six femmes qui ont marqué cette civilisation
arabo-musulmane.
Le livre de 140 pages, rédigé en langue arabe, dresse le portrait de femmes qui
se sont illustrées dans divers domaines, différentes époques et contrées, de
Kairouan à Bagdad, et de Cordoue au Caire.
Pour ce faire, l’auteur adopte un style simple et concis, basé sur des données
historiques et biographiques puisées dans les dictionnaires et encyclopédies
anciennes ainsi que les coupures de journaux et les sites électroniques de
l’époque moderne. “Les livres d’histoire regorgent de récits de femmes
musulmanes qui ont participé à la diffusion du savoir et de la connaissance et
se sont illustrées dans les domaines de la poésie et de la littérature; elles
ont collectionné les livres, créé de grandes bibliothèques et légué de précieux
manuscrits”, souligne l’écrivain.
Une autre catégorie de femmes d’exception s’est fait connaître dans le domaine
scientifique et théologique en tant que savantes, érudites et soufies, ou encore
de valeureuses militantes dans l’action sociale.
L’histoire arabo-musulmane regorge aussi de femmes leaders et dirigeantes dans
le domaine politique durant l’âge d’or de la civilisation islamique, notamment
en Egypte, en Inde, à Bilad El-Cham (Syrie, Jordanie, Liban, Palestine et une
partie de la Turquie) et à Khorassan (dans l’actuel Iran).
Sahraoui Gamoun regrette que les récits qui nous sont parvenus sur les grandes
femmes de l’Islam soient restés confinés dans les ouvrages de l’époque ancienne,
dont notamment “Al Aghani” de Abou Faraj Al-Isfahani, “Mourouj Al-Dhahab” de Al-Messaoudi,
“Al-Ikd Al-Farid” de Ibn Abd- Rabbou, “Nafah Al-Tib Min Ghosn Al-Andalous Al-Ratib”
de Muqri.
D’autres ouvrages se sont consacrés à des régions géographiques en particulier,
à l’instar de “Chahirat Al-Tounisiyyat” de Hassan Hosni Abdelwahab, où l’auteur
revient sur les tunisiennes célèbres qui ont marqué les époques Aghlabide,
Senhagide et Hafside.
A noter que Sahraoui Gamoun, également journaliste à l’agence Tunis-Afrique
Presse (TAP) depuis plus de trente de ans, à travers cet essai, a voulu rendre
hommage à la femme arabo-musulmane, dépoussiérer ses exploits jetés aux
oubliettes de l’histoire et rappeler son rôle dans le rayonnement cette
civilisation, depuis l’apparition de l’Islam, en passant par l’âge d’or de la
civilisation islamique et jusqu’au début du siècle dernier.
Il faut reconnaître que cet ouvrage arrive on ne peut plus à un moment opportun,
avec l’apparition des mouvements salafistes dans plusieurs pays arabo-musulmans
qui ne jurent que par le dénigrement de la femme. Il s’agit donc d’un essai à
lire… absolument.