Tunisie : Hamadi Jebali renoncera-t-il à la candidature à l’élection présidentielle?

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près de deux mois du début du délai (12-26 septembre) de la présentation des
candidatures à l’élection présidentielle dont le premier tour est prévu le 23
novembre, le bras de fer entre la direction d’Ennahdha et son secrétaire général
démissionnaire, Hamadi Jebali, au sujet de l’éventuelle candidature de ce
dernier, a-t-il pris fin avec la décision –prise début juillet par Majlis
Choura- du mouvement islamiste d’accepter la démission de son secrétaire
général?

Quelques jours avant cette décision, Ennahdha avait, d’après nos sources, enfin
abattu ses cartes en demandant à Hamadi Jebali d’accepter de ne se présenter que
s’il reçoit le feu vert de son parti. Mais l’ancien chef du gouvernement ne
l’entend pas de cette oreille. Désireux visiblement d’acculer Ennahdha à se
prononcer clairement, il a répondu qu’il ne serait à concéder au parti islamiste
qu’un droit de véto, s’engageant à ne pas se présenter si le Majlis Choura
décidait, même secrètement, de s’opposer à sa candidature.

Même si, officiellement, l’ancien secrétaire général du parti islamiste n’a pas
encore renoncé à présenter sa candidature en vue de briguer la magistrature
suprême, il pourrait finalement s’y résoudre. Pour la bonne et simple raison
que, affirme-t-on dans son entourage, Hamadi Jebali ne conçoit pas, un seul
instant, de causer du tort à la formation politique au sein de laquelle il a
évolué pendant près de quarante ans et qu’il a dirigé à un moment donné. Ce qui
veut dire qu’il comprend très bien les motivations de la direction du parti dont
il continue à faire partie malgré sa démission du poste de secrétaire général.

Certes, Ennahdha n’a pas encore arrêté de choix définitif entre les options qui
s’offrent à lui en ce qui concerne l’élection présidentielle: présenter son
propre candidat, en soutenir un autre, ou donner ses faveurs à un candidat
consensuel réunissant sur son nom le soutien d’un grand nombre de partis
d’obédiences diverses.

Le parti de Rached Ghannouchi ne cache pas que sa préférence va à ce dernier
scénario –d’où la décision du Majlis Choura, lors de sa dernière réunion, de
poursuivre les discussions avec les différents partis politiques à ce sujet- et
qu’il fera tout son possible pour éviter le premier. Car retenant la leçon de
l’expérience de la Troïka, Ennahdha a compris qu’elle avait commis une grossière
erreur en se pressant d’exercer le pouvoir dans une période fort trouble,
politiquement, économiquement et socialement. Et ne voudrait pas refaire la même
erreur.

Concrètement, cela veut dire qu’elle voudrait, même en cas de victoire aux
prochaines législatives, ne pas avoir de position dominante au sein de
l’exécutif; préférant que les partis vainqueurs s’accordent sur la mise sur pied
d’un gouvernement de technocrates ou la formation d’un gouvernement d’union
nationale au sein duquel elle ne prendrait que quelques sièges.

Idem pour le poste de président de la République qu’elle voudrait également
éviter de briguer pour ne pas se retrouver là aussi en première ligne et
épargner –et s’épargner à elle-même- un scénario à l’Egyptienne.

La manière dont toutes ces résolutions se traduiront dans les faits dépendra
bien sûr très largement des résultats des principales formations politiques aux
prochaines législatives.

Comprenant parfaitement les motivations et les inquiétudes de son parti, Hamadi
Jebali ne voudra probablement pour rien au monde trouver le jeu très subtil qu’Ennahdha
est en train de développer. Et pourrait, par conséquent, renoncer à briguer le
fauteuil présidentiel. Car sachant pertinemment –c’est l’argument qu’aurait fait
valoir Ennahdha auprès de son ex-secrétaire général pour le convaincre de
renonce à son ambition présidentielle- que tout candidat islamiste se présentant
comme indépendant sera de toute façon considéré comme un candidat d’Ennahdha.

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