Le logo de la filiale T-Mobile de Deutsche Telekom (Photo : John MacDougall) |
[07/08/2014 11:46:07] Berlin (AFP) Faute de mieux, le géant allemand des télécoms Deutsche Telekom va pour le moment garder sa filiale américaine T-Mobile US, dont les performances sont pour beaucoup dans sa bonne santé.
Dans sa première prise de position officielle sur le sujet, le groupe a fait comprendre jeudi que l’offre du français Iliad ne lui convenait pas.
“Nous avons toujours dit que Deutsche Telekom était ouvert aux transactions (concernant T-Mobile US) avec une plus-value. (…) Actuellement, il n’y a pas pour nous de telle offre”, a détaillé Tim Höttges, président du directoire, lors d’une conférence téléphonique consacrée aux résultats trimestriels du groupe.
L’avenir de T-Mobile US, dont Deutsche Telekom détient 67% et qui n’a à long terme pas vocation à rester dans le giron du groupe, était le sujet brûlant du jour. C’est cela “qui déterminera le potentiel de hausse” de l’action à moyen terme, pour Wolfgang Specht, analyste de Bankhaus Lampe.
Le concurrent américain Sprint, filiale du japonais Softbank, était sur les rangs de longue date pour une fusion avec T-Mobile US. Or, la semaine dernière, le Français Xavier Niel et son bras armé Iliad, maison mère de Free, se sont invités dans la bataille avec une offre à 15 milliards de dollars, trop faible pour la plupart des observateurs.
– ‘D’autres options’ –
“L’offre d’Iliad nous a surpris”, a reconnu M. Höttges. Cependant, il existe de “nombreuses autres options” pour une cession sur le marché américain, même après le renoncement apparent de Sprint, a-t-il affirmé, refusant de confirmer ce retrait.
Selon la presse anglo-saxonne, Sprint se serait retiré de la course face aux réticences des autorités américaines. Elles voient d’un mauvais oeil une fusion entre le troisième et le quatrième opérateur du pays, qui réduirait l’offre pour les clients.
Dish Network pourrait maintenant se mettre sur les rangs, estime la presse américaine. Dans une interview au Wall Street Journal, M. Niel a également laissé la porte ouverte à d’éventuels partenaires pour améliorer son offre.
Pour le moment, Deutsche Telekom affirme se concentrer sur le développement de la filiale, qui a gagné 1,5 million de nouveaux clients sur le trimestre, pour dépasser la barre symbolique des 50 millions.
En terme de croissance du chiffre d’affaires au deuxième trimestre “nous avons battu AT&T, Verizon et Sprint”, les trois autres acteurs de la téléphonie mobile aux Etats-Unis, s’est félicité M. Höttges.
Le rachat de Metro PCS en 2013, le développement du réseau 4G et une politique agressive de prix ont permis cette bonne performance.
– un 2T solide –
T-Mobile US tire vers le haut la performance globale de Deutsche Telekom au deuxième trimestre. L’ex-monopole allemand profite aussi du succès de la fibre optique en Allemagne et des efforts réalisés pour améliorer sa rentabilité en Europe.
Le résultat net, fortement influencé par des éléments exceptionnels, décolle de 34,2% par rapport au deuxième trimestre 2013, à 711 millions d’euros, au-delà des espérances des analystes, tandis que l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) a progressé de 9,5%. A 11h15 GMT, l’action Deutsche Telekom avançait de 0,10% à 11,56 euros, tandis que le Dax perdait 0,13%.
Garder T-Mobile US sur le long terme n’est toutefois pas une option pour Deutsche Telekom. M. Höttges a lui même reconnu qu’en l’état, la filiale semblait condamnée à demeurer troisième du marché américain, dominé de loin par les géants AT&T et Verizon.
Le patron de l’allemand aimerait d’ailleurs “un traitement de faveur” de la part du régulateur américain, pour permettre “une concurrence juste entre les Davids et les Goliaths aux Etats-Unis”.
Ces propos peuvent concerner à la fois les attributions de fréquence à venir sur ce marché, et une appréciation plus clémente de potentiels nouveaux projets de fusion avec Sprint.