La Bourse de Paris attend fébrilement les chiffres de la croissance en zone euro

77d5ddf10b1e14f230fbe367721f1f982114aa5d.jpg
ège de la Bourse de Paris, le palais Brongniart (Photo : Eric Piermont)

[09/08/2014 13:12:03] Paris (AFP) La croissance et l’inflation en zone euro occuperont le devant de la scène la semaine prochaine à la Bourse de Paris, les investisseurs anticipant déjà des déceptions, dans un contexte géopolitique toujours difficile.

Les chiffres du Produit intérieur brut du 2e trimestre de l’ensemble de la zone euro mais également de l’Allemagne –qui donne des signes d’essouflement– et de la France, seront à l’agenda jeudi prochain, et retiendront particulièrement l’attention.

“Il y a de plus en plus d’inquiétudes par rapport à l’économie allemande”, note ainsi Christopher Dembik, un économiste de Saxo Banque.

“Or d’après les estimations, son PIB devrait être faible, ce qui risque d’être un électrochoc avec des investisseurs très très déçus”, complète-t-il. Dans cette optique, le baromètre allemand Zew du moral des investisseurs en août, publié mardi “sera aussi très surveillé”, tout comme l’inflation mercredi.

“Pour la France également, cela sera dur d’avoir de bonnes données, puisqu’à part la production industrielle meilleure que prévu, tous les autres chiffres sont mauvais”, observe-t-il.

Pour la croissance et l’inflation en zone euro au 2e trimestre, “nous sommes sur des anticipations plutôt modestes”, explique également Isabelle Reux-Brown, directrice générale déléguée de Vega IM.

“Les chiffres ne seront pas forcément catastrophiques, mais ils peuvent être inquiétants avec quasiment pas d’inflation”, poursuit-elle d’autant que “jusqu’ici, la locomotive allemande tirait la zone euro, mais aujourd’hui elle est un peu à l’arrêt”.

La semaine prochaine, “un mauvais cocktail” se profile donc, “entre la pléiade de PIB et le climat géopolitique anxiogène”, anticipe M. Dembik.

Cela “risque d’être une semaine d’épuisement et de capitulation où la cote va engranger toutes les mauvaises nouvelles pour atteindre un point bas. Dans la torpeur de l’été, avec des petits volumes, cela peut être la semaine de tous les dangers, mais aussi de toutes les opportunités pour un investisseur” à long terme”, estime aussi Mme Reux-Brown.

La semaine écoulée a déjà été “compliquée et agitée, avec une accumulation de facteurs pas vraiment positifs”, relève-t-elle, et “le marché a pris prétexte de toutes les interrogations géopolitiques pour appuyer vers le bas”.

Après une embellie en début de semaine, l’indice a en effet sévèrement reculé, approchant de son plus bas annuel en séance, pour finir vendredi à l’équilibre à 4.147,81 points. Sur la semaine écoulée, l’indice CAC 40 n’en a pas moins perdu 1,31%. Et ses pertes depuis le 1er janvier atteignent 3,45%.

“L’aversion au risque a fait son retour sur les marchés”, soulignent aussi les analystes de BNP Paribas.

“Les publications économiques moins bonnes que prévu sont en partie à blâmer: les chiffres industriels de l’Allemagne ont été plus fragiles qu’anticipé et l’Italie est tombée en récession”, mais “le facteur clé” est à chercher dans “la montée des tensions entre la Russie et les Occidentaux”, ajoutent-ils.

L’intervention, sans surprise, du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, n’y a rien changé. Il a toutefois reconnu que la dynamique de croissance avait ralenti ces derniers mois en zone euro, sans pour autant modifier sa politique monétaire, toujours très accommodante.

“Le marché a toujours des attentes très exagérées par rapport à M. Draghi”, là cela a été un “non événement, mais on voit difficilement ce qu’il aurait pu annoncer”, affirme M. Dembik.

Pour Mme Reux-Brown, “avant l’été, les marchés ont eu tendance à ne chausser que les lunettes roses, mais aujourd’hui, il y a un changement de psychologie et les investisseurs ne voient que le verre à moitié vide”.

Cependant pour les deux experts, si la semaine prochaine s’annonce encore compliquée, la rentrée peut s’avérer d’une autre nature.

“A la rentrée l’indice renouera avec de vraies tendances, avec des éléments qui permettront d’avoir une meilleure vision”, prévoit ainsi M. Dembik.

“A plus long terme”, selon Mme Reux-Brown, “la zone euro devrait bénéficier de l’affaiblissement de l’euro par rapport au dollar, sauf si la situation géopolitique s’envenime très nettement”, mais “nous ne pensons pas que cela dégénèrera en conflit”.