à Josselin, le 23 octobre 2013 (Photo : Fred Tanneau) |
[09/08/2014 15:24:08] Rennes (AFP) Gad, qui a déjà supprimé l’an dernier plus de 800 emplois, est à nouveau dans la tourmente: la direction de l’abattoir de porcs de Josselin (Morbihan) a annoncé son intention d’ouvrir une procédure de liquidation judiciaire, une menace pour les quelque 1.000 salariés.
L’annonce a été faite mercredi, lors d’un comité central d’entreprise (CCE), a indiqué un communiqué de la CFDT publié samedi.
“La direction de la SAS GAD Josselin a informé les représentants du personnel de son intention de solliciter du tribunal de commerce l?arrêt du plan de redressement en cours et l?ouverture d?une procédure de liquidation judiciaire”, précise le communiqué.
La direction a justifié sa décision par “des problèmes de trésorerie”, a indiqué à l’AFP le représentant de la CFDT chez Gad, Patrick Piguel, selon lequel l’abattoir emploie plus de 1.000 personnes à Josselin, dont près de 750 en CDI (contrats à durée indéterminée).
A cela s’ajoutent notamment les difficultés de la filière porcine et un embargo russe sur les importations de porcs, a-t-il dit.
A court terme, l’entreprise faisait face aussi, selon M. Piguel, au remboursement d’une échéance d’une dette, s’élevant à 4,5 millions d’euros à payer le 10 octobre.
Déjà en proie à des difficultés de trésorerie, Gad, une entité du groupe coopératif morbihannais Cecab, avait été placée en redressement judiciaire en février 2013.
Huit mois plus tard, le tribunal de commerce de Rennes avait validé son plan de continuation, entérinant la suppression de près de 900 emplois, principalement sur le second abattoir de l’entreprise, à Lampaul-Guimiliau (Finistère), qui ne fonctionne plus. L’activité avait été recentrée à Josselin.
Seuls restent sur le site finistérien une soixantaine de personnes, travaillant dans des unités produisant lardons et graisse alimentaire, selon une source proche du dossier.
Les difficultés l’an dernier de Gad, la quasi-fermeture de Lampaul ajoutée à celles d’autres usines, une kyrielle de licenciements, et enfin l’écotaxe avaient alimenté la grogne en Bretagne, et contribué à la montée en puissance du mouvement des Bonnets rouges.
– Des négociations qui “traînent” –
Pour les quelque 1.000 salariés de Josselin, demeure cependant l’espoir qu’aboutissent des négociations engagées récemment avec le groupe Intermarché, “seul acteur qui s’est manifesté pour la reprise de l’abattoir”, selon Patrick Piguel.
“Mais ces négociations traînent”, a déploré Annie Fargeix, de l’Union départementale CFDT Morbihan.
Et “nous n’avons pas de détails” sur les discussions avec la société SVA Jean Rozé, filiale du groupe Intermarché, a pointé M. Piguel.
Selon l’UD CFDT, le dossier de liquidation judiciaire devrait être déposé au tribunal de commerce fin août-début septembre.
Le tribunal de commerce peut se prononcer sur une liquidation judiciaire immédiate, ce qui constituerait un drame pour les quelque 1.000 salariés, a expliqué la CFDT.
Il peut en revanche prononcer la liquidation avec continuité de l’activité pendant deux mois, si un repreneur a déposé un dossier de reprise.
“Pour que le tribunal apprécie la requête, il faut que l’offre (de reprise) soit déposée avant l’audience”, a précisé M. Piguel. “Il faut aussi qu’il y ait des liquidités”, a-t-il ajouté.
En tout état de cause, “il faut qu’Intermarché sorte du bois le plus vite possible”, a-t-il commenté.
“Le temps joue contre nous”, a dit M. Piguel, précisant qu’une nouvelle réunion du CCE est prévue le 22 août. “Mais les salariés espèrent qu’Intermarché va faire son offre”.
Le dossier est suivi aussi de près à Lampaul où un projet de reprise de l’abattoir finistérien a été concocté par sept anciens cadres. Mais les porteurs du projet ont jusque-là fait face au refus de la CECAB, actionnaire majoritaire de Gad et propriétaire du site, de céder ou louer les locaux.
Entre 160 et 200 salariés de Josselin ont manifesté samedi après-midi à Lorient, ville qui accueille le festival interceltique, a constaté un phototographe de l’AFP