En
dépit de l’atrocité des actes terroristes perpétrés, en 2014 en Tunisie, en
dépit des éternelles lamentations des professionnels toujours à la quête de
nouvelles incitations, et en dépit des surenchères politiques orchestrées par
des députés «djihadistes» quant à l’entrée de croisiéristes avec des passeports
israéliens, le tourisme tunisien se porte bien. Fidèle à sa réputation acquise
depuis les années soixante, la destination Tunisie continue à attirer touristes
et investisseurs de toutes les nationalités.
A preuve, les hôtels des trois principales stations touristiques du pays, en
l’occurrence Djerba Zarzis, Sousse-Monastir et Hammamet enregistrent un taux de
remplissage fort élevé, en cette période estivale 2014 spéciale marquée,
pourtant, par toutes sortes d’incertitudes.
Mention spéciale pour la station Djerba-Zarzis. Les établissements touristiques
de cette station, bien qu’elles soient seulement, à quelques kilomètres du
théâtre d’une guerre civile qui fait rage en Libye, de l’affluence de milliers
de réfugiés à la frontière tuniso-libyenne et de menaces terroristes de tous
genres au sud de la Tunisie, affichent complet. Une aubaine pour le transport
aérien. L’aéroport de Djerba accueille, chaque jour, une cinquantaine d’avions
remplis de touristes.
Partout, les hôtels affichent complet
Selon le président de la Fédération régionale de l’hôtellerie Djerba-Zarzis, les
hôtels vont afficher complet jusqu’au 23 août 2014. Le responsable régional
fonde ses estimations sur la non-annulation des réservations.
Il confirme ainsi, sur le terrain et en partie bien évidemment, les projections
optimistes de la ministre du Tourisme, Amel Karboul, qui a estimé à 2 millions
de personnes le nombre des touristes attendus, durant les mois de juillet et
août 2014 en Tunisie.
Ce chiffre de deux millions, additionné à celui déjà réalisé, du 1er janvier au
10 juillet 2014, soit 2,83 millions de touristes, est rassurant dans la mesure
où, une fois réalisé, permettrait d’atteindre, d’ici fin août, les 5 millions de
touristes, un chiffre très proche de l’objectif officiel retenu, celui
d’atteindre, d’ici fin 2014, le nombre de 6,4 millions de touristes.
C’est d’ailleurs la moyenne annuelle que la destination Tunisie est habituée à
réaliser malgré les multiples crises survenues depuis 2000. Au nombre de
celles-ci, figurent les attentats perpétrés, respectivement, le 11 septembre
2001 contre le Wall Street Center aux Etats-Unis et le 11 avril 2002 contre la
synagogue d’El Ghriba à Djerba, la fusillade terroriste de Soliman en 2007, les
perturbations qui ont eu lieu lors de la révolte du 14 janvier 2011, l’émergence
depuis des assassinats politiques des actes terroristes (une quinzaine pour la
seule année 2014).
L’investissement est également au rendez-vous
Le tourisme tunisien se porte bien au niveau de l’investissement. Après avoir
programmé, dans le cadre du plan des aménagements touristiques pour 2014 et de
la diversification du produit touristique, deux stations touristiques
structurantes à vocation écologique et culturelle, celles du Col des ruines (Faj
Al Atlel) à Ain Draham et de Sbeitla (site romain de Sufetela), la jeune
ministre du Tourisme, Amel Karboul, s’apprête à inaugurer, les prochains jours,
l’hôtel «la Cigale» qui n’est autre qu’un relooking de l’ancien hôtel de
«Tabarka Beach», et ce depuis son rachat par un groupe qatari. L’ultime objectif
est d’encourager l’investissement dans une zone touristique sinistrée par
l’effet du tourisme, à savoir la zone de Tabarka Ain-Draham.
Paradoxalement, cette station au potentiel énorme qui semble désintéresser les
investisseurs locaux est en train d’attirer des investisseurs étrangers venus de
loin.
Une autre bonne nouvelle au plan de l’investissement touristique. En vertu d’un
contrat conclu le 16 juillet 2014, les conseils des groupes de gestion Al Arouch
et El Ghialif cèdent à l’Agence foncière touristique (AFT) une superficie de 136
hectares destinée à abriter la station thermale d’El Khebayet pour un coût de
plus de 20 millions de dinars devant permettre de créer, d’ici dix ans, 2.000
emplois dont 1.000 indirects et de réaliser une station thermale (eaux chaudes)
d’une capacité de 4 mille lits devant accueillir 1.000 curistes, outre un
terrain de golf et divers équipements collectifs.
Il faut dire que le démarrage de ce projet a connu un important retard en raison
de la tendance d’Ennahdha, parti bien implanté dans cette zone, à le monnayer en
tant que projet électoral en sa faveur. Maintenant, c’est fait. Les ténors de ce
parti peuvent s’aventurer dans les lieux.
Vision 3+1, la synthèse des synthèses
Le tourisme se porte bien au niveau du think tank en ce sens où, parallèlement
aux turbulences quotidiennes que connaît le secteur, le ministère vient
d’élaborer une précieuse synthèse de toutes les études et workshops qui ont eu
lieu avec les professionnels pour booster l’industrie touristique sur de
nouvelles bases.
Baptisée «Vision 3+1», cette synthèse des synthèses, composée de 15 actions
«quick wins» et 25 projets structurants, est articulée autour de trois axes:
diversification de l’offre, qualité et formation, branding (image de
marque-promotion) et modernisation. Selon nos informations, cette synthèse sera
présentée à la presse dans quelques jours à Tabarka.
Cette synthèse, voire ce travail de compilation, aura pour grand mérite
d’améliorer la visibilité du secteur, à mettre fin à cette tendance des
ministres du Tourisme à commander, dès qu’ils sont nommés, de nouvelles études
stratégiques et à faire taire des professionnels enclins plus à la sinistrose
qu’à la création de la valeur, à l’amélioration de la qualité du service, au
remboursement de leurs dettes et à l’adaptation aux nouvelles exigences créées,
entre autres, par le terrorisme.