«Je
n’ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur». La
citation est de Winston Churchill, prononcée en 1940, soit quelques mois après
le début de la Deuxième Guerre mondiale.
C’est aussi ce à quoi nous devons nous attendre, nous peuples issus des
«printemps arabes» concoctés dans les think tank britannico-américains infiltrés
eux-mêmes par les sympathisants de l’islam politique, dada des idéologues
occidentaux au cœur tendre, des romantiques orientalistes et du cynisme
politique britannique qui ne voit dans le monde arabe que des richesses à
exploiter et des peuples à asservir.
En Tunisie, les ramadans ne sont plus ce qu’ils étaient avant le 14 janvier
2011. Depuis au moins deux années, du sang innocent coule dans nos montagnes et
nos plaines, et des hommes et femmes politiques sont menacés de liquidation si
ce n’est assassinés comme se fut le cas de feus Chokri Belaid et El Haj Mohamed
Brahmi.
Et même si en ce moment les groupuscules armées islamistes, qu’il s’agisse de
Daech, de Jabhet Annossra ou d’Al Qaïda, font des massacres partout dans la
région arabe, du Liban à la Syrie et jusqu’en Irak -où l’esclavagisme a repris
de plus belle, avec des ventes aux enchères des enfants pubères pour les
transformer en «Ghilman» (éphèbes) ou en bombes humaines et des femmes.
La Tunisie n’a pas été épargnée. En témoignent les tueries perpétrées à
l’encontre des forces de l’ordre, toutes catégories confondues, et de l’armée
nationale, l’envoi de jeunes de moins de 25 ans endoctrinés se faire massacrer
en Syrie et même des jeunes femmes enrôlées dans une autre forme de Djihad:
celui qu’on nomme communément «Djihad Al Nikah». L’islam politique n’y est pas
étranger, et c’est ce qui a, entre autres, poussé la justice égyptienne à
dissoudre le parti «Al Horriya wal Adala» vitrine politique des frères musulmans
dont les tentacules sont les ailes militaires et caritatives.
L’islam modéré dans un pays où, de fait, l’islam est modéré : un pléonasme
Quelles sont les raisons qui pourraient inciter les pays occidentaux à
encourager l’implantation de régimes islamistes modérés dans des pays où, de
fait, les populations sont religieusement modérées et où la question identitaire
ne s’est jamais posée? C’est presque un pléonasme si ce n’est un jeu d’intérêt
amoral et dénué de toute étique.
Ce sont des enjeux géopolitiques et économiques importants que nous ne saurons
expliquer dans un papier concis. Ceci étant, les artisans des «printemps arabes»
ont choisi le pire des instruments pour préserver leurs intérêts: l’islam
politique. Ils commencent tout juste à en cueillir les fruits –amers,
malheureusement pour eux- avec l’apparition des enrôlés de «Daech» en plein cœur
de leurs grandes villes.
Le développement de l’extrémisme religieux n’est plus un secret pour personne et
les banlieues européennes, pendant longtemps marginalisées, risquent de devenir
de petits Emirats si l’on suit la logique politique islamiste fondée
essentiellement sur l’esprit de conquête.
En Allemagne, en France, en Espagne, en Grande-Bretagne (la protectrice cynique)
et même en Italie -qui s’est toujours opposée à l’islam politique consciente de
ses conséquences sur la paix et la sécurité dans les pays du Sud de la
Méditerranée-, le feu couve.
Toutefois, une nuance: il est une différence de taille au niveau des structures
mentales et des héritages civilisationnels entre les Arabo-musulmans du Machrek
et du Golfe et les Berbéro-arabo-musulmans du Maghreb.
On a voulu «désintégrer» une Tunisie historiquement intégrée dans son
environnement géographique et culturel
Les pays du Nord de l’Afrique sont historiquement plus ouverts aux autres
civilisations et mieux intégrés dans leur environnement géopolitique et
géoéconomique aussi bien méditerranéen, européen qu’africain et arabe, et
particulièrement la Tunisie
Et pourtant, trois ans de règne islamiste dans ce pays ont suffi à désarticuler
l’Etat, à fragiliser les institutions, à diviser le pays, et, pire que tout, à
détruire l’un des services de renseignement et anti-terroriste qui figurait
parmi les plus efficaces dans la région.
Les Allemands et les Français, qui ont une vision très romantique de l’islam
politique, oublient que la Tunisie est située tout près de l’Europe (140 km
séparent Tunis de la Sicile, la distance n’est pas beaucoup plus importante pour
ce qui est de Marseille et Gênes).
Si l’idée était de faire en sorte que ces pays-là gardent leurs islamistes chez
eux pour protéger l’Europe et les USA, sur le terrain elle a servi à créer un
nombre plus important de terroristes et d’extrémistes. Les plus virulents
viennent des pays occidentaux…
En réalité, la crise identitaire des jeunes vient du fait qu’ils ont été
incapables de s’intégrer dans leurs pays d’accueil tout comme ils sont et seront
incapables de vivre en harmonie avec les modèles de société existant dans leurs
propres pays.
Les islamistes politiques réfléchissent, agissent et se comportent comme des
sectes, donc dans des cercles fermés. Ils gèrent de grands intérêts et sont des
parties prenantes très actives dans le grand banditisme transnational, le trafic
d’armes et de drogue. Ils ont profité de la phase post-soulèvement janvier 2011
en Tunisie pour retirer les garde-chasses qui étaient les informateurs des
services spéciaux à propos de tous les mouvements suspects et ont réussi à
s’installer aujourd’hui au Mont Chambi, aux monts Semmama et Saloum, sans parler
des cellules dormantes situées sur tout le territoire. Ils maîtrisent les
sentiers de ces montagnes.
S’il n’y a pas de lutte internationale contre le terrorisme, ce sont des bombes
humaines qui seront bientôt exportées dans tous les pays du monde, USA et
Grande-Bretagne compris
Les risques pour les pays du Nord de la Méditerranée s’il n’y a pas de leur part
une volonté réelle de mettre fin à cette vague rampante d’islamisme politique,
c’est que des pays comme la Tunisie, la Libye, le Maroc et l’Algérie ne leur
exportent plus dans les prochaines années des matières premières et des
composants automobiles mais plutôt des bombes humaines.
Tous ces pays, lesquels, nous le savons, ont des intérêts dans la région, ne
peuvent pas se fier aux promesses faites par les leaders islamistes, car pour
mobiliser leurs foules, ils leur promettent des khalifats, des prises de guerre
et des récompenses à chaque fois qu’ils leur font allégeance et qu’ils
conquièrent de nouveaux terrains. Cela pourrait commencer par le sud pour
remonter très rapidement vers le nord. En témoignent nombre d’exemples
d’islamistes situés partout dans le monde qui ont affirmé leur allégeance au
Khalifat de Daech. Rien ne peut les arrêter car on leur promet le paradis, et
tous leurs actes, les plus atroces, sont justifiés par la fin: vivre heureux
éternellement. Ils disposent d’un arsenal important d’armes qu’ils ont réussi à
dissimuler en ce qui concerne la Tunisie pendant le règne de la Troïka sur tout
le territoire tunisien.
La Tunisie en phase pré-électorale
Les islamistes sont dotés de moyens énormes, ils ont verrouillé les
administrations et corrompu les populations vivant dans des conditions
précaires. Avec les lignes financières énormes dont dispose Ennahdha -soutenue
entre autres par le Centre Carter et le Qatar-, on n’écarte ni les possibilités
de pratiques frauduleuses ni la falsification des élections. C’est ce qui
explique aujourd’hui le refus de nombre de Tunisiens de s’inscrire et
principalement les jeunes.
Des réactions justifiées également par les incidents qui ont eu lieu dans
certains bureaux dont la dame qui s’est présentée dans un bureau de vote à
Sousse et qui a été renvoyée par l’employée voilée: «Vous devez vous présenter
avec votre mari, en tant que femme vous n’avez pas assez de jugement pour
décider de vous-même». Ou d’autres qui se sont vus répondre «le système
informatique est bloqué», alors qu’ils voyaient les sympathisants du parti
Ennahdha s’inscrire.
Le parti islamiste a déjà entamé son programme d’achat des voix via ses
associations caritatives et les prétendues aides apportées aux classes souffrant
de précarité.
Pour la petite histoire, un activiste nahdhaoui habitant à la très pauvre Cité
Al Jayara-Sidi Hassine a pris en charge la circoncision de deux petits enfants
d’un habitant de la Cité, le monsieur réagit en lui demandant ce qu’il attend de
lui, la réponse est toute simple: «Que vous preniez votre famille et votiez pour
le parti Ennahdha». Le bénéficiaire va plus loin en demandant à l’activiste
d’achever la construction de sa maison, son vœu a très vite été exaucé.
Il est un fait avéré et difficilement contrôlable: celui de l’achat des voix et
avec la rentrée scolaire et la crise économique, les islamistes, qui ont des
moyens financiers énormes, mettront les moyens qu’il faut.
L’ISIE pourrait-elle y pallier? Peut-être que la mise à disposition d’un numéro
vert à l’intention des véritables patriotes qui dénonceraient ces pratiques
malhonnêtes et indignes de ceux «qui ont peur de Dieu» pourrait limiter les
dégâts.
Dans la Tunisie pré-électorale, il y a du sang, de la sueur mais sans labeur,
car les gouvernements successifs ont démystifié la valeur travail et ont
continué l’œuvre de Ben Ali qui a instauré de nouvelles règles de jeu: celles de
l’allégeance et de la compromission.
A suivre la Partie II