L’économie japonaise se contracte fortement au printemps

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érienne de Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[13/08/2014 05:35:04] Tokyo (AFP) L’économie japonaise a subi au deuxième trimestre le contrecoup d’une hausse de taxe, une contraction certes attendue mais inédite depuis fin 2012 et qui ouvre une période d’incertitude pour la troisième puissance économique mondiale.

Le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 1,7% entre avril et juin par rapport au premier trimestre. Si ce déclin (de 6,8% en rythme annualisé selon les statistiques du gouvernement) était inévitable, il met sous pression le Premier ministre Shinzo Abe, engagé depuis un an et demi dans une ambitieuse politique de relance surnommée “Abenomics”.

Il s’agit du premier trimestre de recul significatif depuis que le Japon est sorti de récession dans les derniers mois de 2012. Après cette date, le PIB a invariablement progressé, à l’exception du quatrième trimestre 2013 qui avait enregistré une stagnation.

Les analystes s’attendaient à un tel repli, après une robuste croissance entre janvier et mars (+1,5% d’un trimestre sur l’autre), sous l’effet d’une fièvre acheteuse momentanée des ménages, en prévision de l’augmentation de la “TVA” nippone, passée de 5% à 8% le 1er avril.

Sans surprise, l’économie a été touchée de plein fouet par cette mesure. Les dépenses des ménages ont en conséquence plongé de 5,2%, tandis que dans le même temps les entreprises réduisaient leurs investissements (-2,5%). L’immobilier a également été fortement affecté (-10,3%).

Du fait de cette faible demande, les importations ont subi un coup de frein (-5,6%), alors que les exportations ne parvenaient toujours pas à se redresser (-0,4%).

Les pouvoirs publics ont de leur côté diminué leurs investissements (-0,5%), mais un nouveau train de mesures de soutien (40 milliards d’euros) est censé avoir pris le relais des exceptionnels budgets de relance votés début 2013 peu après l’arrivée au pouvoir de M. Abe (75 milliards d’euros). D’autres aides pourraient encore intervenir plus tard, si jugé nécessaire. Ces largesses budgétaires sont l’une des trois “flèches” des “Abenomics”, aux côtés de la politique d’assouplissement monétaire de la Banque du Japon (BoJ) et des réformes structurelles.

– Vers une taxe à 10% ? –

Ce coup de pouce suffira-t-il à relancer l’économie, ou le mauvais scénario de 1997, date de la dernière hausse de taxe qui avait contribué à précipiter l’archipel dans des années de déflation et de morosité, va-t-il se répéter?

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ût 20174 à Sao Paulo, au Brésil (Photo : Miguel Schincariol)

Le gouvernement se veut optimiste, tout comme la BoJ, rétive pour l’heure à tout geste de soutien supplémentaire. “Notre vision n’a pas changé”, a assuré mercredi le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari, cité par l’agence Jiji. Selon lui, l’effet taxe, en ligne avec leurs attentes, s’estompe progressivement.

Il a répété que la décision sur une éventuelle nouvelle hausse de la “TVA nippone” serait prise en fin d’année, à l’aune des indicateurs du troisième trimestre.

Programmé en octobre 2015 et prôné par le Fonds monétaire international (FMI), le passage à un taux de 10% vise à pérenniser le système de protection sociale et à enrayer l’augmentation de la colossale dette publique du pays, qui représente déjà 250% de son produit intérieur brut (PIB), un niveau sans égal parmi les pays développés.

Les économistes entrevoient eux aussi “une reprise dans les mois à venir”. “Le deuxième trimestre fait figure d’exception”, a commenté Yoko Takeda, de l’Institut de Recherche Mitsubishi, renvoyant aux chiffres du PIB de juillet à septembre qui, eux, diront si oui ou non les “Abenomics” ont remporté leur pari.

Le FMI avait livré la même analyse fin juillet, estimant “les conditions réunies pour que le Japon parvienne à surmonter” l’onde de choc fiscale.

Selon l’organisation basée à Washington, la croissance devrait s’établir à 1,6% sur l’ensemble de l’année 2014, sensiblement identique à l’an passé (1,5%).

Cette hypothèse repose toutefois sur une condition: que le gouvernement accélère des réformes jugées “vitales”, parmi lesquelles augmenter l’emploi des femmes et des seniors, faire venir davantage d’immigrés pour combler un déficit de main-d’oeuvre, réformer la gouvernance des entreprises ou encore déréguler les secteurs agricole et des services.