Alain Duménil, le propriétaire de l’Agefi poursuivi par le fisc suisse

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à Bern (Photo : Richard Juilliart)

[14/08/2014 13:56:29] Genève (AFP) Le propriétaire du journal économique L’Agefi, le millionnaire franco-suisse Alain Duménil, est soupçonné de graves infractions fiscales en Suisse et fait l’objet d’une enquête, indiquent jeudi le magazine suisse L’Hebdo et le Tages-Anzeiger.

Il est suspecté d’avoir soustrait près de 54 millions de francs suisses (45 millions d’euros) au fisc sur des gains de sa société immobilière en France de 2003 à 2011.

Réagissant vivement à ces informations, M. Duménil a indiqué à l’AFP qu’il allait “déposer jeudi une plainte pénale contre les deux organes de presse” et il a dénoncé “un énorme scandale” et “une opération de déstabilisation” à son encontre qu’il a liée à sa tentative en novembre 2013 de se porter acquéreur du journal Le Temps.

Domicilié dans la station huppée de Crans-Montana, l’homme d’affaires aurait omis de déclarer des dividendes versés par la société immobilière Acanthe Développement, à Paris, dont il est l’actionnaire majoritaire. Le fisc estime que les montants d’impôts fédéraux, cantonaux et communaux impayés dépassent les vingt millions de francs suisses (16,5 millions d’euros).

M. Duménil répond qu’il a effectivement déclaré et payé ses impôts sur les dividendes reçus pour les 10% d’actions qu’il détient à titre personnel mais que les dividendes au titre des 40% d’actions détenues par des sociétés qu’il possède au Luxembourg ont fait l’objet d’une fiscalité sur les sociétés au Luxembourg.

L’existence d’une procédure contre le propriétaire de L’Agefi ressort de plusieurs arrêts diffusés la semaine dernière par le Tribunal pénal fédéral (TPF).

Ces arrêts révèlent que la ministre des Finances, Eveline Widmer-Schlumpf, a donné son feu vert, en novembre dernier, à l’ouverture d’une enquête fiscale spéciale dirigée contre le millionnaire.

Des perquisitions ont eu lieu, notamment aux divers domiciles en Suisse de l’homme d’affaires et plusieurs coffres forts ont été forcés suite à son refus de coopérer, affirment les deux médias suisses. Sur ce point M. Duménil a affirmé qu’il ne “possédait pas les clefs de ces coffres laissés par les anciens propriétaires”.

Parallèlement, l’Administration fédérale des contributions (AFC) a ordonné le séquestre de biens immobiliers et de comptes appartenant à Alain Duménil, affirment les médias. M. Duménil a confrmé ce sequestre à l’AFP et l’a dénoncé, affirmant “on veut m’empêcher de me défendre, on fait en sorte que je ne puisse pas payer un avocat, on veut m’empêcher de poursuivre mes affaires”.

Par une décision datée du 22 juillet dernier, le TPF a accepté la demande de l’AFC de lever les scellés sur les documents saisis dans le cadre de cette affaire auprès d’un établissement bancaire.

En vain, Alain Duménil s’y était opposé et avait demandé à pouvoir se prévaloir de l’immunité diplomatique liée à sa qualité à l’époque d’attaché culturel auprès de la Mission permanente de la République de Madagascar auprès de l’ONU. Il n’assume plus cette fonction depuis mai dernier suite à une décision du nouveau gouvernement malgache.

Il ressort également des décisions du TPF que l’homme d’affaires a demandé à pouvoir retirer un montant mensuel de 100.000 francs pour pouvoir maintenir son train de vie. Une demande également rejetée. Son avocat, Me Alexandre Faltin a précisé à l’agence ATS que des recours ont été déposés contre certaines décisions du TPF.

En France, M. Duménil, ex-banquier et éditeur, a été et est actif dans divers domaines, le luxe, l’immobilier, mais aussi l’industrie aéronautique. Il a été condamné en 2013 par le gendarme français des marchés financiers à 500.000 euros d’amende pour un délit d’initié. M. Duménil a précisé à l’AFP avoir fait appel de cette condamnation. Il avait aussi été condamné par la justice à Grenoble en 2012 pour sa responsabilité dans la faillite en 2005 du chausseur Stéphane Kélian, il a précisé avoir présenté une requête contre ce jugement auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme, qui a accepté de l’examiner.