Sur Netflix, Mission Blue et l’incroyable destin de la reine des océans Sylvia Earle

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ût 2014 à Hollywood (Photo : Charley Gallay)

[17/08/2014 08:33:03] Los Angeles (AFP) Mission Blue, un film diffusé sur le site de vidéos en flux Netflix, raconte la vie extraordinaire de l’océanographe américaine Sylvia Earle et sa croisade pour protéger les océans.

L’infatigable exploratrice des fonds marins s’est fixé pour objectif de créer partout dans le monde des “hope spots” (“lieux d’espoirs”), des parcs naturels marins protégés de l’exploitation pétrolière ou piscicole.

Âgée de 78 ans, elle plonge encore toutes les semaines mais passe le plus clair de son temps en voyage autour du globe pour donner des conférences et rencontrer des dirigeants.

“J’aimerais passer autant de temps sous l’eau que dans l’avion”, a-t-elle plaisanté auprès de l’AFP lors d’une projection privée du film à Los Angeles.

“Mission Blue”, réalisé par l’acteur et réalisateur Fisher Stevens, fait penser par bien des aspects à “Une vérité qui dérange”, le cri d’alarme environnemental d’Al Gore.

Diffusé depuis vendredi sur le site de vidéos Netflix, “Mission Blue” et son concept visant à créer des “hope spots” ont été financé grâce au TED Prize gagné par Sylvia Earle en 2010, qui octroie un million de dollars pour la réalisation d’un rêve pour changer le monde.

Actuellement, moins de 3% des océans sont protégés. “Mission Blue” vise 20%.

Le film retrace toute la vie de cette “Jeanne d’Arc” des océans, comme la surnomme le cinéaste James Cameron, depuis son enfance dans le Golfe du Mexique, que l’océanographe décrit comme un paradis naturel.

Un Eden menacé par l’exploitation pétrolière, avec 33.000 puits forés depuis les années 70, et une extraction toujours intense, malgré la marée noire provoquée par l’explosion de la plateforme Deepwater House en 2010.

Cette amie de la famille Cousteau, pionnière de la plongée sous-marine dans les années 50, a obtenu un doctorat pour son étude des algues, est passée par le gouvernement américain sous George Bush père en tant que présidente du comité scientifique de l’administration atmosphérique et océanique, avant de devenir, entre autres aventures et entreprises, exploratrice résidente de la revue National Geographic.

C’est aussi une féministe avant l’heure et malgré elle: elle a eu trois époux et autant d’enfants et, à une époque où la plupart des femmes se contentaient d’être des épouses, dans les années 50 et 60, a toujours refusé de sacrifier sa passion et ce qu’elle considère sa mission.

“Ma vie a toujours été un exercice d’équilibriste”, dit-elle avec son immense sourire lors de la projection, co-organisée par l’acteur Leonardo di Caprio, également militant pour l’environnement et qui a expliqué en présentant le film lors de la soirée que depuis qu’il avait rencontré Sylvia, l’activité de sa propre fondation était “dédiée presque entièrement” aux océans.

– Zones mortes –

Pythie du réchauffement climatique et de la surindustrialisation, Sylvia Earle raconte dans le film à quel point elle a “vu le monde changer au cours de (son) existence”.

“Si nous continuons comme ça, le monde va avoir un gros problème”, poursuit-elle, euphémisme alors que “Mission Blue” montre notamment l’extinction de nombreuses espèces de poissons: il ne reste plus que 5 à 10% de la population de requins, de thons rouge, de cabillauds, etc.

Dans l’une des scènes les plus poignantes du film, on voit l’océanographe retourner avec le réalisateur dans un récif de la Mer de corail, à 150 km des côtes. Elle y avait plongé dans les années 70 et se rappelait d’un endroit “plein de vie”. Le film montre une zone devenue morte, sans un poisson. “La moitié des coraux du monde ont disparu. Les océans meurent”, constate la scientifique.

Le film montre aussi la multiplication des catastrophes climatiques.

“Les océans jouent le rôle de régulateur de température” et lorsque qu’ils se réchauffent ils déclenchent des catastrophes climatiques, souligne James Cameron, également un grand défenseur des océans et qui a conçu un sous-marin d’avant-garde pour tourner “Deep Sea Challenge” (2012).

“Mission Blue” se veut un film d’espoir, d’action: “nous pouvons encore inverser le cours des choses!”, assure Sylvia Earle. A condition d’agir très vite. “Les dix prochaines années sont peut-être les plus importantes des 10.000 prochaines”, conclut celle que ses fans ou ses adversaires surnomment, avec affection ou ironie, “Madame Profondeur” ou “Général Esturgeon”.