Ainsi
que cela est ressorti des débats lors de la «La conférence des partenaires»,
organisée le 18 juin dernier par la Banque centrale de Tunisie (BCT) et le
ministère de l’Economie et des Finances, pour présenter aux bailleurs de fonds
internationaux les «nouvelles orientations stratégiques de l’intervention
publique dans le financement de l’économie», la question du contrôle du capital
des banques encore publiques occupe, pour les grandes argentiers de ce monde,
une place centrale dans ce dossier.
Plusieurs représentants de bailleurs de fonds internationaux ont posé la
question qui en fâchent –encore- quelques-uns en Tunisie: «Est-ce que
restructuration veut dire privatisation?», demande le représentant du Fonds
monétaire arabe (FMA). Quelles «mesures concrètes envisagez-vous pour
rationaliser le nombre et le poids des banques publiques?», insiste celui de la
Banque européenne d’investissement (BEI).
«A quel niveau entendez-vous situer la participation du privé dans ces
banques?», reformulent un responsable de la Banque africaine de développement
(BAD) et le représentant de la Société financière internationale (SFI).
A Attijari Bank, on s’intéresse à la vision des autorités tunisiennes en matière
de Partenariat Public/Privé (PPP). On voudrait savoir si «en raison du nombre
important d’acteurs bancaires, l’ouverture se fera vers des acteurs déjà
présents sur le marché ou en direction de nouveaux arrivants».
Visiblement un tant soit peu agacé par l’accent mis sur la question de la
privatisation, le gouverneur de la BCT se demande si celle-ci «constitue en soi
une finalité». Et «si ce système jouera le rôle qu’on attend de lui».
Tout en admettant et soulignant la nécessité que «les banques réagissent selon
les règles du marché, en sanctionnant l’efficience et la non-efficience», le
patron de la «Mère» des banques estime que «cela ne peut être garanti par le
simple fait de posséder ou non le capital». Mais Chadly Ayari se rattrape
aussitôt en soulignant le fait que son discours «ne veut pas dire que la
position ne va pas évoluer».
Toutefois, le gouverneur de la BCT rappelle que «dans les pays asiatiques,
l’Etat est en train de revenir dans les banques. Le privé peut-il seul assumer
le risque du développement dans les régions? Il aura besoin de l’Etat»,
insiste-t-il. Avant de déclarer, en guise de conclusion, qu’«il appartiendra au
Fonds de restructuration de déterminer la dose de la répartition entre secteur
public et privé».
Moins équilibriste que le gouverneur de la BCT, le ministre de l’Economie et des
Finances pense que les choses sont claires. «Nous avons parlé de la recherche de
partenaires stratégiques –qui peuvent être tunisien ou étrangers- pour les
banques publiques. On sait ce que cela veut dire. La direction est prise en ce
qui concerne la contribution de l’Etat dans le secteur bancaire. Dans tout ce
qui est commercial, l’orientation est de limiter la participation de l’Etat et
de la concentrer ailleurs. L’Etat a encore un rôle à jouer, mais pour les
banques commerciales il est temps d’évoluer. Et les partenaires stratégiques
auront un rôle à jouer dans ce cadre», précise Hakim Ben Hammouda.