éroport de Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[19/08/2014 06:43:23] Tokyo (AFP) Skymark Airlines, petite compagnie japonaise étranglée par des coûts accrus, une concurrence accentuée et une stratégie cassée par des dissensions avec Airbus, pourrait être aidée par la malaisienne AirAsia selon la presse, mais encore faudrait-il que le patron sacrifie un pan de sa sacro-sainte indépendance.
AirAsia, qui cherche à se faire une place au Japon, est apparemment prête à voler au secours de Skymark en difficultés financières, a affirmé mardi en une le quotidien Nikkei.
La compagnie malaisienne a eu beau démentir ces “spéculations” et Skymark assurer dans un bref communiqué ne pas avoir connaissance des intentions d’AirAsia et n’avoir reçu aucune proposition de soutien, il n’empêche, ce simple article dans l’influent journal économique a donné un élan prodigieux à l’action de la troisième compagnie nippone.
Le titre s’envolait de 50 yens (+28%) mardi en séance à la Bourse de Tokyo. Les ordres d’achat étaient en gros trois fois plus importants que les offres de vente, ce qui a collé l’action au plafond autorisé ce jour. Elle avait perdu plus de 40% depuis fin juillet après la révélation d’un conflit avec Airbus au sujet d’une commande de six A380.
Skymark n’a pas honoré un paiement dû en avril lié à cette acquisition de très gros porteurs, ce qui a conduit l’avionneur européen à résilier le contrat et à fermer la porte à toute négociation. Aucun des six appareils ne sera livré, même si deux d’entre eux sont déjà en partie fabriqués. Les plans de développement de lignes internationales de Skymark sont ainsi rendus caducs.
Skymark va en outre abandonner plusieurs routes intérieures, dont celles au départ de Tokyo-Narita.
– Démarches auprès d’Airbus –
Pour sauver les projets d’extension et honorer la commande, Airbus suggérait à Skymark de “passer sous la coupe d’un groupe offrant des garanties financières”, une idée immédiatement rejetée par le patron, Shinichi Nishikubo, au risque de mettre en danger sa compagnie dont il contrôle 30% du capital.
Or, selon le Nikkei, AirAsia serait non seulement en train d’étudier comment entrer dans Skymark mais aurait aussi entrepris des démarches auprès d’Airbus pour alléger la demande de dédommagements exigés auprès de son client japonais.
Airbus réclamerait rien moins que 72 milliards de yens (525 millions d’euros) de pénalités, l’équivalent de quelque 70% du chiffre d’affaires de Skymark prévu pour cette année.
AirAsia, gros acheteur d’Airbus, nourrit il est vrai de grandes ambitions au Japon. En entrant (via une offre publique d’achat ou un autre mode) au tour de table de Skymark, le groupe spécialiste des vols à bas prix viserait les très convoités créneaux de la compagnie nippone à l’aéroport de Tokyo-Haneda, près de la capitale.
AirAsia a décidé il y a peu de créer une nouvelle compagnie filiale au Japon associant plusieurs partenaires inédits, dont le géant du commerce en ligne Rakuten, en lieu et place du transporteur nippon ANA avec lequel le mariage avait tourné court. Les deux ne sont pas parvenus à s’entendre sur la stratégie de gestion et ont divorcé d’un commun accord l’an passé.
Si jamais AirAsia parvenait à ses fins supposées, le ministère des Transports devrait cependant valider les changements.
Mais attention, si le PDG de Skymark restait totalement sourd aux avances, “il y aurait un risque de faillite”, prévenait récemment Hajime Tazaki, spécialiste du secteur de l’aviation à l’Université Waseda.
Le cas échéant, la situation reviendrait à ce qu’elle était auparavant avec un duopole de facto entre Japan Airlines (JAL) et ANA Holdings, ce qui n’est pas désiré par les pouvoirs publics.
“Il est souhaitable que Skymark, un des acteurs du paysage aérien japonais, se redresse pour continuer à entretenir le dynamisme du secteur”, insistait l’analyste.