Après un krach-éclair, la crédibilité du bitcoin une nouvelle fois en question

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ée de la maison du Bitcoin, le 20 juin 2014 à Paris. Ouverte fin mai, elle a vocation de promouvoir cette monnaie virtuelle auprès du grand public (Photo : Stephane de Sakutin)

[19/08/2014 16:18:30] Paris (AFP) Le bitcoin a une fois encore vu sa fiabilité entamée avec un effondrement de plus de 30% de son cours en quelques minutes, à l’heure où les régulateurs s’interrogent sur le développement de cette monnaie virtuelle.

Lundi, sur la plateforme d’échange bulgare BTC-e, le cours du bitcoin est passé d’un plus haut de 497 dollars à 309 dollars, soit un plongeon de 37%, avant de se rétablir autour de 440 dollars à la clôture.

Mardi, le bitcoin s’échangeait autour de 480 dollars, selon l’indice CoinDesk, qui fait la moyenne des cours sur les principales plateformes d’échange.

D’autres baisses ont été observées sur les principales plateformes d’échange (Bitstamp, Huobi ou OKCoin) mais sans comparaison avec celles de BTC-e, selon le co-fondateur de la Maison du Bitcoin, Thomas France, qui estime que “les autres places ont plutôt bien résisté”.

Mouvement de panique ou manipulation de marché? Si les causes exactes de cet effondrement restent inconnues, certains analystes du site spécialisé CoinDesk pointent du doigt la réaction en chaîne d’investisseurs pris de cours et cherchant à se protéger du mouvement baissier en train de se produire.

Ce n’est pas la première fois que cette plate-forme connaît un “flash crash”, référence au plongeon de près de 1.000 points de l’indice vedette américain Dow Jones en 2010, à la suite d’un ordre mal formulé.

En février, le cours du bitcoin avait plongé sur BTC-e de 500 dollars en une minute, passant de 600 à 100 dollars.

La semaine dernière, un autre site d’échange, la plateforme BitFinex, a vu le cours du bitcoin plonger de 50 dollars en une minute. Certains analystes pointent les spéculateurs qui cherchent à faire baisser les cours pour pouvoir racheter du bitcoin à meilleur prix.

– Produits dérivés –

“Le problème ne vient pas du bitcoin mais des plateformes d’échange où il y a des mouvements spéculatifs, avec l’apparition de produits dérivés”, estime Thomas France.

Selon une étude de l’Institut de la finance internationale (IIF), un lobby bancaire qui représente plus de 450 grandes banques et établissements financiers, entre “50% à 90%” des bitcoins sont détenus par des spéculateurs.

Alors qu’un bitcoin valait moins d’un dollar jusqu’en 2011, son cours a atteint presque 1.200 dollars à l’automne 2013, avant de retomber à 650 dollars en début d’année, après la retentissante faillite de l’une des principales plateformes d’échange, la japonaise Mt Gox.

“La volatilité est un frein aujourd’hui mais le phénomène devrait se lisser à l’avenir, avec l’arrivée d’un plus grand nombre d’utilisateurs couplé à des plateformes plus sérieuses. Les mauvaises herbes du type Mt Gox sont amenées à disparaître”, prévoit Thomas France.

Indépendamment de tout événement extérieur, le système bitcoin est intrinsèquement spéculatif, puisque la rareté y est programmée, comme le soulignait un rapport du Sénat publié début août.

L’algorithme qui crée les bitcoins suit en effet une courbe décroissante qui devrait atteindre un palier de 21 millions d’unités en 2040, contre environ 12 millions d’unités aujourd’hui.

“De deux choses l?une : soit le bitcoin connaît un développement encore plus important, et c’est que ses principales faiblesses auront été écartées ; soit les risques persistent, et la croissance sera entravée”, concluait le Sénat dans son rapport.

La forte volatilité qui caractérise le bitcoin et le fait qu’il permet des paiements anonymes ont poussé certains pays à légiférer de manière drastique : la Russie a rendu son utilisation illégale et la Chine et le Japon en interdisent l’usage aux établissements financiers.

Mais pour d’autres régulateurs, le potentiel lié au bitcoin dépasse ses défauts. En France, le Sénat estimait ainsi que “l’attention accordée presque exclusivement aux risques revient à ignorer les multiples opportunités qu’ouvrent les monnaies virtuelles.”

Au Royaume-Uni, le gouvernement a récemment indiqué réfléchir à une régulation des monnaies virtuelles pour profiter de leur essor. Aux Etats-Unis, le régulateur financier de l’Etat de New York, Benjamin Lawsky, a ouvert une consultation publique sur un ensemble de règles censées promouvoir la monnaie virtuelle.