érence gouvernementale à Buenos Aires, le 31 juillet 2014 (Photo : Daniel Garcia) |
[20/08/2014 05:26:19] Buenos Aires (AFP) L’Argentine change de stratégie : les remboursements de dette transitant par les Etats-Unis étant bloqués par la justice américaine, la présidente Cristina Kirchner va désormais proposer de rembourser ses créanciers privés à Buenos Aires.
Le gouvernement argentin a envoyé au Congrès un projet de loi qui prévoit de passer le versement des échéances de la dette de la place financière de New York à celle de Buenos Aires.
“Pour sauvegarder le versement aux créanciers qui ont accepté les restructurations de dette de 2005 et 2010, (la banque publique) Banco Nacion a été désignée en remplacement de Bank of New York Mellon, sans préjuger de ce que décideront les détenteurs de bons. C’est une mesure basée sur le volontariat”, a déclaré la présidente argentine.
“Les détenteurs de bons pourront choisir de changer volontairement leurs titres libellés à l’étranger pour des titres émis selon la législation argentine”, a-t-elle ajouté lors d’une allocution radio-télévisée depuis le palais présidentiel.
Le dernier remboursement de dette argentine aux créanciers privés, 539 millions de dollars, est bloqué depuis le 26 juin sur un compte de Bank of New York, sur décision du juge américain Thomas Griesa.
L’Argentine a été condamnée par la justice américaine à verser 1,3 milliard de dollars à des fonds “vautours” détenant moins d’un pour cent de la dette mais elle s’y refuse, avançant que l’application du jugement ferait s’écrouler la restructuration de la dette acceptée par 93% des créanciers.
Pour obtenir un allègement considérable de sa dette publique après la crise économique de 2001 (un rabais d’environ 70%), Buenos Aires avait proposé à ses créanciers d’effectuer le versement des échéances de la dette sur des comptes aux Etats-Unis, en guise de garantie.
Le conflit entre l’Argentine et une poignée de fonds “vautours” conduits par NML Capital et Aurelius Management dure depuis des années.
La victoire judiciaire des fonds spéculatifs, confirmée par la Cour suprême des Etats-Unis, a été suivie d’une phase de négociation à New York qui a avorté. Des banques argentines, puis internationales, ont ensuite essayé de racheter les créances aux fonds “vautours”, sans plus de succès.
Cristina Kirchner a de nouveau accusé le juge Griesa d’avoir prononcé un jugement “illégal, au bénéfice exclusif des fonds vautours”.
Selon le jugement, le fonds NML doit toucher plus de 800 millions de dollars pour un investissement initial de 50 millions de dollars, en 2008, quand le fonds du milliardaire républicain Paul Singer a racheté des titres de dette argentine à prix cassé.
Déclarée en “défaut de paiement partiel” par les agences de notation Standard and Poor’s et Moody’s, l’Argentine nie cette qualification.
Cherchant à démontrer sa solvabilité et sa volonté d’honorer ses dettes, l’Argentine a versé la semaine dernière 3 milliards de dollars à la Banque mondiale et à la Banque interaméricaine de développement.
Cristina Kirchner, dont le second et dernier mandat s’achève fin 2015, a précisé que la proposition de payer les échéances de la dette en Argentine était également valable pour les 7% de “holdouts”, les créanciers ayant jusqu’ici refusé les restructurations de 2005 et 2010.
Si le projet de loi est adopté, la prochaine échéance de la dette, de 200 millions de dollars, sera payée le 30 septembre aux créanciers par le biais de Banco Nacion.
Ce projet a de grandes chances d’être voté, car la coalition de centre gauche de Mme Kirchner, le Front pour la victoire (FPV), détient la majorité à la Chambre des députés et au Sénat.
La semaine dernière, des détenteurs de bons européens ont fait appel du jugement du juge Griesa, lui demandant de débloquer les fonds qu’ils devaient encaisser depuis fin juin, estimant qu’il n’est pas compétent au regard de leurs titres et que leur remboursement ne peut être gelé.
Buenos Aires a déposé plainte contre les Etats-Unis devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, la plus haute juridiction de l’Onu, dont Washington ne reconnait pas l’autorité.