Japon : le commerce extérieur toujours dans le rouge, mais éclaircie à l’horizon

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ût 2014 (Photo : Toru Yamanaka)

[20/08/2014 08:41:58] Tokyo (AFP) Le Japon a subi en juillet son 25e mois de déficit commercial consécutif, mais un léger rebond des exportations laisse espérer une amélioration dans les mois à venir.

Le déséquilibre de la balance des comptes commerciaux de la troisième puissance économique mondiale s’est établi à 964 milliards de yens (près de 7 milliards d’euros) le mois passé, contre un déficit de 1.032 milliards en juillet 2013. Si ce solde négatif s’est réduit de quelque 7% sur un an, selon les statistiques du ministère des Finances, il est cependant supérieur aux attentes des analystes (autour de 700 milliards).

Les importations ont augmenté moins vite que lors des mois précédents, ne grimpant que de 2,3% en valeur, tandis que les exportations stoppaient le déclin entamé en mai pour progresser de 3,9%, sonnant comme une bonne nouvelle pour le gouvernement et la Banque du Japon.

Le secteur de l’automobile s’est particulièrement bien comporté (+7,2%), de même que les machines (métallurgie, construction), les appareils de télécommunications et équipements électriques. Les instruments scientifiques (+9,8%) ont aussi contribué à l’embellie.

Par zones géographiques, les ventes ont bondi en direction de l’Union européenne (+10,2%). Elles ont par ailleurs augmenté de 3,4% vers l’Asie, de 2,6% vers la Chine, et de 2,1% vers les Etats-Unis.

Du côté des importations, les achats d’hydrocarbures, qui constituent le principal poste de dépense du Japon vis-à-vis de l’étranger, ont continué à peser lourd, avec une facture de gaz naturel liquéfié (GNL) en progression de 7,4% et de pétrole brut en hausse de 6,9%.

Le Japon a un besoin impérieux de ces deux ressources depuis l’accident nucléaire de Fukushima en mars 2011 et la mise à l’arrêt de l’ensemble des réacteurs atomiques du pays.

Les achats de semi-conducteurs et composants électroniques ont en revanche diminué, expliquant en partie le petit repli observé sur le front des importations.

La demande intérieure a reflué à la suite d’une hausse de la taxe sur la consommation (équivalente à la TVA française) le 1er avril. Cette pression fiscale s’est traduite par une forte contraction de l’économie au deuxième trimestre (-1,7% par rapport au premier), la plus importante depuis le tsunami de 2011.

Le nouveau déficit enregistré en juillet va probablement “peser sur la croissance du produit intérieur brut au troisième trimestre”, a prévenu Marcel Thieliant de Capital Economics.

“Toutefois l’amélioration de la demande extérieure” est de bon augure pour les prochains mois après un premier semestre calamiteux, a-t-il jugé, d’autant que la relance envisagée de deux réacteurs nucléaires devrait soulager la facture énergétique, même si aucun calendrier n’a été fixé pour l’heure.

– Handicaps structurels –

Entre janvier et juin 2014, le Japon a déploré un déficit commercial record, bien pire que celui de la première moitié de 2013 qui était déjà à un niveau exceptionnel.

Il s’est élevé à 7.598 milliards de yens (55,5 milliards d’euros), en hausse de 57,9% par rapport à celui de janvier-juin 2013, un montant jamais atteint depuis le lancement de cette statistique sous cette forme en 1979.

Autrefois habitué à dégager d’importants excédents commerciaux, sous l’impulsion de ses robustes industries électronique et automobile notamment, le Japon s’ancre dans le rouge depuis désormais deux années entières.

Outre l’impact de la catastrophe de Fukushima, le pays souffre d’un cumul de handicaps structurels : délocalisation d’une partie de la production et concurrence des fabricants d’autres pays asiatiques.

En témoigne la chute de 10% en juillet sur un an des ventes de voitures vers les Etats-Unis, un marché important que les constructeurs nippons approvisionnent depuis leurs usines implantées en dehors de l’archipel.

Dans ce contexte, la politique de dépréciation du yen promue par le Premier ministre Shinzo Abe n’a pas (ou pas encore) eu l’effet favorable escompté sur les exportations, tout en renchérissant le coût des produits importés facturés en devise étrangère.