île de la Réunion, jeudi 21 aout 2014 (Photo : Alain Jocard) |
[21/08/2014 17:14:07] Saint-Denis de la Réunion (AFP) François Hollande a multiplié jeudi les annonces en faveur de l’économie et de l’emploi à La Réunion qui avait voté à plus de 70% pour lui mais détient toujours le triste record de France du chômage.
Près de 30% de la population active – 60% des jeunes – privée d’emploi, 42% de la population sous le seuil de pauvreté en 2010: des chiffres “rudes”, a reconnu le président dès son arrivée.
S’il n’est pas nécessaire, selon lui, d'”inventer des politiques différentes” pour La Réunion, il “faut néanmoins faire plus et davantage compte tenu de la spécificité” de cette île de 840.000 habitants. Et s’il n’est pas question de “mendicité” ou de “distribuer des aides”, les Réunionnais sont légitimement en quête de “droits”, a-t-il estimé.
île de la Réunion le 21 aout 2014 (Photo : Laurent Capmas) |
Un peu comme en métropole ou sa cote de confiance est au plus bas, François Hollande affronte leur désillusion. En témoigne l’édition spéciale d’une centaine de pages publiée à l’occasion de sa visite par le Journal de l’île de la Réunion.
Le quotidien a rassemblé des dizaines de lettres de Réunionnais qui l’interpellent sur l’emploi, la précarité, le logement, l’école ou même les requins dont la prolifération pèse sur l’activité touristique.
– Emploi: situation “insupportable”-
Recevant le président Hollande, le maire PS de Saint-Denis de La Réunion Gilbert Annette a parlé d’une situation de l’emploi devenue “insupportable”, appelant à un “traitement social à la hauteur du mal” avec la création de “40.000 emplois aidés supplémentaires”.
Le chef de l’Etat n’en a pas moins été reçu chaleureusement par la population de Saint-Joseph, dans le sud de l’Ile, venue en nombre pour un bain de foule d’une vingtaine de minutes ponctué d’embrassades, de mots d’encouragement et d’autographes, dans une rue pavoisée comme un 14 juillet.
Il est arrivé à la rencontre des Réunionnais, un catalogue d’une trentaine de mesures sous le bras.
Parmi elles, l'”adaptation” du pacte de responsabilité, pierre angulaire de la politique économique du gouvernement qui sera rendu plus favorable pour les entreprises des départements d’outre-mer. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) y sera porté à 9%, contre 6% en métropole.
– Pérenniser la filière sucrière –
Un coup de pouce sera donné aux “emplois d’avenir” offerts aux jeunes sans qualification dont les employeurs réunionnais, collectivités locales ou associations, n’auront plus à financer que 10% de la charge, contre 25% en métropole. Financement “plus favorable à La Réunion que partout ailleurs”, a fait valoir François Hollande. Cette mesure pourrait être étendue à d’autres départements d’outre-mer voire de métropole, a-t-il précisé.
île de la Réunion, le 21 aout 2014 (Photo : LAURENT CAPMAS) |
Quant à la filière sucrière, menacée par la suppression de quotas en 2017 sous la pression de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il s’agit d’un “enjeu national” selon le chef de l’Etat qui a visité l’usine de sucre de canne ultra-moderne de Bois-Rouge. Une convention “particulièrement originale” doit permettre de “pérenniser” cette filière par “une aide de l’Etat et de l’Europe”, a-t-il spécifié.
François Hollande a répondu à d’autres revendications propres à l’Outre-mer et à La Réunion. Lors d’une rencontre avec des jeunes Réunionnais qui lui faisaient part de leurs difficultés à accéder à l’emploi local et aux postes de responsabilité dans l’administration, il a annoncé la création d’une classe préparatoire aux concours administratifs, inédite, parmi une dizaine d’autres mesures allant dans le même sens.
A un gardien de la paix affecté en métropole qui l’interpellait sur sa situation et celle de ses collègues réunionnais qui n’obtiennent bien souvent leur retour sur l’île qu’après 25 ans de service, il a promis qu’un nouveau critère viendrait prochainement faciliter ce retour, les “intérêts matériels et moraux”.
Le chef de l’Etat s’est rendu ensuite sur le chantier d’extension du principal port de La Réunion, assistant à la signature d’un protocole qui fera de Port Réunion un “hub” de transbordement pour les porte-conteneurs géants de la CMA CGM. L’armateur français, troisième groupe mondial de transport maritime, entend profiter de sa position stratégique, au carrefour des lignes maritimes vers l’Asie, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Sud.
Après un discours dans la soirée devant les élus et un petit-déjeuner avec des chefs d’entreprises vendredi matin, il s’envolera pour Mayotte, le plus jeune département de France.
Samedi, François Hollande achèvera cette tournée dans l’océan Indien par une étape à Moroni, capitale des Comores, où il effectuera la première visite d’un président français depuis François Mitterrand en 1990.