En
votant contre l’article 5 du projet de loi sur la lutte contre le terrorisme et
le blanchiment d’argent et contre les ajustements proposés pour le faire passer,
les députés nahdhaouis, majoritaires à l’Assemblée nationale constituante (ANC),
ont prouvé de la plus belle manière qu’ils sont mouillés dans les actes
terroristes et les assassinats politiques qui ont eu lieu dans le pays et qu’ils
projettent d’en commettre encore.
D’abord, que dit cet article? Il stipule que les personnes morales (partis,
associations) dont la responsabilité dans la perpétration d’actes terroristes
est prouvée sont poursuivies en justice et la sanction qui leur sera infligée
sera cinq fois supérieure à celle infligée aux personnes physiques impliquée.
Les tribunaux peuvent soit priver les personnes morales impliquées d’exercer
toute activité pendant une période maximale de 5 ans, soit les dissoudre
carrément.
La non-adoption de cet article par les islamistes et leurs alliés est d’une
extrême gravité. C’est un aveu public de leur implication dans l’émergence, dans
notre pays, du banditisme avec la couverture des ligues s’autoproclamant
“protectrices de la révolution“ (LPR) et du terrorisme institutionnel avec comme
corollaires les assassinats d’une soixantaine de Tunisiens dans des actes
terroristes, dont les leaders politiques Chokri Belaid, Mohamed Brahmi, Lotfi
Naghdh et une trentaine de soldats.
Moralité: les véritables terroristes ne sont pas, comme on le croyait, ces
dizaines de mercenaires planqués sur les monts de Chaambi, Semmama, Ouergha, Aïn
Debba, mais bien ces députés djihadistes qui, sous les ordres d’Ennahdha,
s’emploient soit à retarder, soit à s’opposer systématiquement à toutes les
initiatives et lois qui peuvent prémunir notre pays des nuisances terroristes.
Le journaliste Lotfi Laamari a tout à fait raison quant il avait lâché sur plus
d’un plateau de radio et de télévision que «la traque des terroristes ne doit
pas se limiter au ratissage des hauteurs du nord-ouest, mais elle doit toucher
les députés “terroristes“ à l’ANC».
Dans cette perspective toutes les déclarations subversives et déstabilisatrices
antérieures des principaux leaders et idéologues nahdhaouis trouvent leur pleine
signification.
Leur gourou, Rached Ghannouchi, n’a-t-il pas qualifié les terroristes d’Ansar
Chariaa de «ce sont mes enfants» et incité ses troupes à infiltrer l’armée, la
police et les médias qui ne seraient pas acquis à la cause islamiste terroriste?
(Lire notre article)
Ali Larayedh, ancien ministre de l’Intérieur, puis Premier ministre et actuel
secrétaire général d’Ennahdha, n’a-t-il pas fait fuir le chef d’Ansar Chariaa,
le terroriste Abou Yadh?
Habib Ellouze, autre député djihadiste, n’a-t-il pas plaidé pour l’excision des
femmes et pour le Djihad en Syrie, déclarant que s’il était plus jeune il s’y
serait engagé?
Sadok Chourou, ex-président d’Ennahdha et sinistre député, n’a-t-il pas voté
contre la Constitution? Ce même député «daechiste» (allusion aux milices de
l’Etat islamique en Irak et au Levant) n’a-t-il pas appelé du haut de la tribune
de l’ANC «à couper les mains et les pieds des syndicalistes et opposants», en
application de la Chariaa? Ce Salafiste djihadiste moyenâgeux n’a-t-il pas, dans
une récente lettre, appelé l’armée à se soulever contre ce qu’il appelle les
«infiltrés contre-révolutionnaires?
Walid Benani, député nahdhaoui, n’a-t-il pas été cité, à plusieurs reprises,
comme complice dans des attentats politiques (communication téléphonique avec
des terroristes), et pourtant le ministère public n’a jamais daigné ouvrir une
enquête à ce sujet?
Abderraouf Ayadi, autre député dérivé d’Ennahdha, n’a-t-il pas plaidé pour la
constitutionnalisation du Djihad?
Slim Hamdane, député du Congrès pour la République (CPR), n’a-t-il pas considéré
l’assassinat de Chokri Belaid comme «un simple accident»?
Et la liste est loin d’être finie.
Les nahdhaouis doivent rendre des comptes
Avec ce vote scandaleux, qui équivaut à un crime à l’endroit de la Tunisie, les
gourous d’Ennahdha, s’ils veulent que leur parti ait un jour un avenir dans le
pays (abstraction faite des prochaines élections), doivent, tôt ou tard,
s’expliquer et rendre compte. D’ici là, avec ce vote, ils se sont fourrés le
doigt dans l’œil. Ils sont plus que jamais isolés en ce sens où ils ont perdu le
peu de crédibilité qu’ils ont auprès d’opinions locale et internationale
mobilisées plus que jamais contre le terrorisme.
Ce n’est pas une surprise. Le terrorisme tout comme ses adeptes «daechistes»
sont périssables.