Jackson Hole, ça vous dit quelque chose ? Pas vraiment. C’est un complexe du
Four Seasons situé dans l’Etat américain de Wyoming.
Mais alors? C’est ici, du 21 au 23 août, que l’avenir de la relance économique
et de la réduction du chômage dans le monde se décidera, peut-être.
En effet, Mario Draghi et Janet Yellen, respectivement présidents de la Banque
centrale européenne et la réserve fédérale américaine, reçoivent une centaine
d’experts de très haut vol triés sur le volet. Vous aurez compris qu’«on est
loin du barnum qu’est devenu Davos (avec son World Economic Forum). Alors que
Klaus Schwab, l’organisateur des festivités de la mondialisation à la sauce
helvétique adore se faire de la publicité en invitant des vedettes, on ne
croisera jamais à l’economic policy symposium de Jackson Hole le chanteur Bono
ou l’actrice Sharon Stone. Les hommes politiques –trop souvent médiocres
intellectuellement- ne sont pas non plus les bienvenus. Les journalistes sont
tous justes tolérés, mais bien à l’écart», écrit Pierre-Henri de Menthon dans
challenges.fr
La même source évoque également une autre différence entre les deux stations :
«… avec le World Economic Forum qui a lieu chaque hiver depuis 1971 dans le
canton suisse des Grisons, on est ici entre gens sérieux… ».
D’ailleurs pour les journalistes, «on leur communique les textes rédigés à
l’avance des différents intervenants. Les “agenciers” de Reuters ou Bloomberg
les dissèquent et envoient aussitôt les phrases les plus significatives à leur
desk qui les relaient instantanément chez les abonnés dans les salles de marché
de Wall Street ou de la City».
On indique que «c’est un certain Roger Guffey, président de la Réserve Bank de
Kansas City, un des établissements affiliés à la Réserve fédérale des
Etats-Unis, qui eut l’idée de réunir en un même lieu banquiers centraux et
économistes pour deviser sur l’avenir du monde. En 1978, pour la première
édition consacrée au commerce mondial agricole, on rameuta quelques experts et
le sénateur du coin. Mais dès 1982, le symposium délaissa pour de bons les
sujets sur l’avenir des petites exploitations ou des ressources en eaux. La
manifestation prit alors ses quartiers au pied des Monts Tétons pour parler
cette année-là de “la politique monétaire des années 1980″».
Parmi les invités, James Tobin, tout juste auréolé de son prix Nobel d’économie,
qui livra une critique constructive du modèle Tinbergen-Theil avant de disserter
sur le mix entre la politique fiscale et monétaire. On l’a compris, on est ici
entre pro, et les “éléments de discussions, sont truffés comme de vrais articles
académiques de notes de bas de page. Une bonne occasion pour les professeurs de
Havard ou Chicago de se jauger et surtout d’entrer en relation directe avec ceux
qui pilotent vraiment l’économie mondiale : les banquiers centraux.