éenne (ESA) du décollage de la fusée Soyouz avec à son bord deux satellites Galileo, le 22 août 2014 à Kourou, en Guyane française (Photo : P. Baudon) |
[25/08/2014 12:28:32] Paris (AFP) Les experts de l’Europe spatiale tentaient toujours lundi de comprendre pourquoi les deux satellites de navigation Galileo lancés par une fusée Soyouz se sont retrouvés à 6.000 km en-dessous de l’orbite prévue et étudiaient les moyens de corriger leur trajectoire, une opération jugée peu possible.
1 – Où se trouvent actuellement les deux satellites et sont-ils opérationnels?
Galileo Sat-5 et Sat-6 devraient théoriquement tourner autour de la Terre sur une orbite circulaire à quelque 23.000 km d’altitude. Ils suivent une orbite elliptique (ovale au lieu d’être circulaire) aux alentours de 17.000 km d’altitude seulement, a précisé Jean-Yves Le Gall, président du Cnes, l’agence spatiale française, également coordinateur interministériel du programme Galileo pour la France. Les satellites sont toutefois “stables”, envoient leurs données à la Terre et répondent aux commandes envoyées depuis les stations au sol.
2 – Sera-t-il possible de corriger la trajectoire des satellites pour les replacer sur la bonne orbite?
éristiques du système européen de positionnement Galileo avec son réseau de satellites |
Y parvenir relèverait de l’exploit. Les deux satellites se sont déjà séparés du dernier étage de Soyouz et ils ne peuvent donc compter que sur leurs propres réserves d’énergie. Comme la plupart des satellites de navigation et d’observation de la Terre, Galileo Sat-5 et Sat-6 sont des petits engins (700 kg chacun), avec des moteurs et des réservoirs de faible capacité. Ils sont conçus pour ajuster leur trajectoire à la marge une fois qu’ils sont en orbite mais pas pour effectuer des voyages spatiaux ou des manoeuvres complexes. “Si c?était un tout petit écart, ce serait faisable. Dans ce cas, l?écart est vraiment très important”, quelque 6.000 km, estime ainsi Alain Dupas, spécialiste des programmes spatiaux, interrogé par la radio RFI. “Les réserves de carburant ne permettront certainement pas de remonter les satellites jusqu?au niveau nécessaire (…) D’autre part, si vous commencez à consommer le carburant du satellite, vous allez réduire sa durée de vie”, explique-t-il.
3 – Que s’est-il passé pendant le lancement pour aboutir à un tel écart de trajectoire?
Une commission d’enquête indépendante doit présenter ses résultats préliminaires durant la première quinzaine de septembre, a précisé la Commission européenne, qui finance intégralement le projet Galileo.
La société Arianespace, chargée du lancement, assure que le décollage et la première partie de la mission se sont déroulés normalement.
ème européen Galileo (Photo : Stringer) |
Le mythique lanceur russe Soyouz, réputé pour sa fiabilité et qui a lancé sans accroc les quatre premiers satellites Galileo déjà en orbite, a quitté comme prévu son pas de tir en Guyane française vendredi à 9h27 heure locale (14h27 heure de Paris).
D’après les premières analyses du vol, c’est plutôt le troisième et dernier étage du lanceur, baptisé Fregat, qui semble en cause.
4: quelle anomalie a pu subir Fregat?
“Une anomalie se serait produite pendant la phase de vol de l’étage supérieur Fregat, conduisant à une injection des satellites sur une orbite non conforme”, selon Arianespace.
Une fois lancé dans l’espace, Fregat doit allumer ses moteurs à deux reprises, la première fois pour se rendre “sur une orbite de transfert” et entamer ce que les spécialistes appellent une “phase balistique” de 3 heures et 16 minutes.
A un point prédéterminé de cette orbite, Fregat devait procéder à un second allumage de son moteur, d’environ 5 minutes, pour atteindre l’orbite circulaire, se stabiliser et enfin se séparer des deux satellites.
Le premier allumage a apparemment bien fonctionné. Mais le second a probablement été effectué alors que l’étage était mal orienté, ce qui aurait fatalement envoyé les satellites sur une orbite inappropriée.
Reste à savoir pourquoi et pour quelles raisons les ingénieurs ne s’en sont pas aperçus.
5: quel est l’impact de cet incident pour le projet Galileo ?
Sur le plan financier, cela reste assez marginal au regard du coût total du projet, pour l’instant doté d’un budget total de 7 milliards d’euros (satellites, lancements, installations au sol, exploitation, etc.) par la Commission.
Chaque satellite Galileo a un coût de revient d’une quarantaine de millions d’euros et un lancement par Soyouz est facturé autour de 65 à 70 millions au client depuis la Guyane française. Au total, un échec ne dépasserait donc pas 2% du coût global du projet et représenterait moins de deux avions Rafale (100 millions l’unité environ).
Ce revers ternit en revanche le prestige de ce projet phare de la Commission européenne qui veut non seulement s’affranchir du système militaire GPS américain mais aussi le concurrencer à terme auprès de milliards d’utilisateurs.
Et il risque de repousser encore le délai de mise en service d’un système qui a déjà accumulé les retards et les surcoûts.