à la Fête de la Rose à Frangy-en-Bresse, le 24 août 2014 (Photo : Jeff Pachoud) |
[25/08/2014 12:54:59] Paris (AFP) A Bercy depuis 2012, Arnaud Montebourg, dont la fronde a provoqué lundi l’explosion du gouvernement, a fait de la relance de l’industrie et du “made in France” le coeur de son action, sur fond de dénonciation constante des politiques d’austérité en Europe.
D’abord ministre du Redressement productif, promu en avril à la tête d’un ministère élargi à l’Economie, l’ex-chantre de la “démondialisation” n’a cessé, au sein des gouvernements Ayrault puis Valls, de peser pour un changement de cap économique.
Il a encore défendu cette ligne dans discours programme réclamant début juillet qu’un tiers des économies prévues soit consacré au pouvoir d’achat des ménages, à côté du soutien aux entreprises et de la réduction de la dette.
“Nous sommes dans une situation extrêmement grave (…) La marche de la réduction des déficits de façon forcée est en train de couler toutes les économies européennes”, défendait-il encore en fustigeant lundi matin sur Europe 1 les choix de “la droite allemande” d’Angela Merkel.
Deux jours auparavant, dans un entretien au Monde, il jugeait le débat toujours “ouvert” avant la présentation du budget 2015 fin septembre, en dépit du “cap” maintenu par le président François Hollande sur le pacte de responsabilité.
Ses propositions “alternatives”, renouvelées dimanche à Frangy-en-Bresse, ont été le coup de boutoir de trop pour le gouvernement de Valls.
Selon un de ses collègues, “sa stratégie n’était pas de sortir du gouvernement dès maintenant”. “Il voulait faire entendre sa petite musique et flirter avec les (députés) frondeurs (du PS)”, a ajouté ce responsable, qui note que “ces derniers temps, et encore en Conseil des ministres mercredi, Arnaud Montebourg a approuvé les orientations du pacte de responsabilité”.
– Patriotisme industriel –
Depuis son arrivée à Bercy en mai 2012 au portefeuille du Redressement productif, Arnaud Montebourg a mis l’accent sur le nécessaire renouveau de l’industrie française, en voulant incarner le “patriotisme industriel”.
à la Fête de la Rose, le 24 août 2014 à Frangy-en-Bresse (Photo : Jeff Pachoud) |
Un objectif symbolisé par l’image du ministre arborant une marinière Armor Lux en couverture du Parisien Magazine en octobre 2012, et défendu l’an dernier dans son livre “La bataille du made in France” .
M. Montebourg a en même temps régulièrement mis en cause Bruxelles, dénonçant la “vision dogmatique” de la Commission européenne en matière de concurrence et de politique commerciale et appelant la Banque centrale européenne à intervenir davantage contre l’euro fort.
En France, la puissance publique a plusieurs fois été appelée en renfort de groupes industriels en difficulté. L’exemple le plus emblématique a été l’entrée de l’Etat au capital du constructeur automobile PSA Peugeot Citroën, à parité avec le groupe chinois Dongfeng et la famille Peugeot. Mais cette opération n’a pas empêché la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
En 2012, M. Montebourg avait aussi dû gérer le dossier de l’aciérie ArcelorMittal de Florange (Moselle), dans lequel il avait défendu l’hypothèse d’une nationalisation partielle et mené un bras de fer avec son PDG Lakshmi Mittal.
Ce choix n’avait pas été retenu par l’exécutif, suscitant de vives tensions avec le Premier ministre d’alors Jean-Marc Ayrault et des interrogations sur sa démission. ArcelorMittal avait accepté d’investir sur le site, mais les hauts fourneaux de Florange avaient fini par fermer au printemps 2013.
Mais M. Montebourg a aussi trouvé des solutions pour des entreprises comme le producteur d’aluminium Rio Tinto à Sain-Jean-de-Maurienne (Savoie) repris par le groupe allemand Trimet avec le concours de la Banque publique d’investissement et d’EDF.
M. Montebourg s’est aussi distingué en matière énergétique, en défendant la possibilité d’expérimenter des technologies “propres” pour l’exploitation des gaz de schiste, au grand dam des écologistes.
-Nouvelle France industrielle-
Les dossiers compliqués n’ont pas manqué jusqu’à ces derniers mois, comme en attestent les cas SFR, repris par Numericable, qui n’avait pas au départ les faveurs du ministre, ou Alstom reprise en partie par General Electric, avec une participation prévue de l’Etat.
Le ministre a aussi su séduire de grands patrons du monde de l’industrie, comme Vincent Bolloré, en insistant sur le développement de nouvelles filières.
Le lancement par François Hollande en septembre 2013 des 34 plans de la Nouvelle France industrielle, impulsés par Bercy, s’inscrit dans cette perspective. Voiture à 2 litres au 100 km, TGV du futur, matériaux verts, biotechnologies médicales ou objets connectés doivent ainsi préparer l’industrie de demain.