La crise libyenne pourrait affecter le commerce, le secteur énergétique, le tourisme en Tunisie, mais aussi compromettre les chances de relance de l’économie prévue à partir de 2015, selon une étude de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), parue mi-août. A noter que la CESAO est l’une des cinq commissions régionales des Nations unies, dont la Tunisie est membre, depuis septembre 2012.
Cette étude, qui porte sur l’impact de la crise libyenne sur la Tunisie et l’Egypte, a concerné le commerce particulièrement énergétique et le commerce informel, le tourisme et les transferts de fonds des travailleurs tunisiens en Libye.
Concernent le commerce des produits énergétiques, l’étude note que la Tunisie est «largement tributaire» de la Libye dans ce domaine. Depuis janvier 2014, le pays s’y approvisionne en gaz et en pétrole (650.000 barils) grâce a un accord conclu en 2013. «Jusqu’à récemment, 25% des besoins de la Tunisie en carburant» sont fournis par la Libye .
Quant au commerce informel, «l’estimation de l’impact économique de la fermeture des frontières demeure difficile mais certaines données peuvent éclairer sur cette question», précise l’étude. En effet, le commerce parallèle constitue la principale activité pour 83% des habitants de Ben Guerdane, point de passage frontalier entre la Tunisie et la Libye et pour 20% de la population active de la région.
L’étude cite également un rapport des Nations unies, selon lequel 10.000 à 15.000 familles tunisiennes n’ont pas eu de revenus depuis février 2011, «ce qui pourrait être une conséquence de la crise libyenne».
En outre, divers produits en provenance de Chine et de Turquie entrent en Tunisie par la Libye, «en raison de différences de taxation, pouvant atteindre 78%».
S’agissant du tourisme, secteur vital pour l’économie tunisienne, le total des recettes provenant du tourisme libyen en Tunisie a atteint 890 millions de dinars, selon l’étude qui se réfère aux données de la Banque africaine de développement (BAD).
Dans cette conjoncture, les auteurs du document soulignent qu’avec des estimations d’une croissance annuelle de l’ordre de 5,3% (juin 2014), le tourisme tunisien est appelé à «prouver encore sa capacité de résilience».
Concernant les transferts des travailleurs tunisiens en Libye, bien qu’ils ne représentent que 0,52% du PIB tunisien, leur perte «pourrait affecter le secteur privé et le marché de l’emploi». En 2012, 40 mille travailleurs tunisiens avaient quitté la Libye.
La Libye est actuellement le théâtre d’une lutte armée entre milices rivales, ce qui a renforcé l’instabilité dans la région.