Trois ans après l’affaire DSK, le FMI de nouveau dans l’embarras

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à Washington, le 15 avril 2011 (Photo : Nicholas Kamm)

[27/08/2014 16:47:30] Washington (AFP) Le FMI se retrouve à nouveau dans l’embarras avec la mise en examen de sa directrice générale Christine Lagarde, qui ravive de douloureux souvenirs au sein de l’institution trois ans après la démission de Dominique Strauss-Kahn.

Les faits de “négligence” reprochés à Mme Lagarde en tant qu’ancienne ministre de l’Economie française sont certes sans commune mesure avec les accusations d’agression sexuelle qui ont entraîné la chute de son prédécesseur en 2011.

Mais cette affaire, liée à un arbitrage dont a bénéficié l’homme d’affaires français Bernard Tapie en 2008, pourrait toutefois affaiblir une institution contestée pour ses cures d’austérité en Europe et pour la faible voix qu’elle accorde aux pays émergents.

Depuis le début de l’enquête sur cet arbitrage lié à la vente de l’équipementier sportif Adidas, le conseil d’administration du Fonds monétaire international, qui représente ses 188 Etats-membres, a fait bloc derrière sa directrice générale, lui apportant à plusieurs reprises sa “confiance”.

Mais Mme Lagarde n’était jusque-là alors que “témoin assisté”, un statut intermédiaire moins significatif que celui de “mis en examen” qui lui a été signifié par la Cour de justice de la République à l’issue d’une quatrième audition mardi à Paris. Le délit de négligence est passible d’un an de prison et de 15.000 euros d’amende.

Ce développement, qui a pris de surprise le Fonds, peut-il éroder le soutien dont Mme Lagarde bénéficie au risque de plonger l’institution dans la crise?

Officiellement, le FMI s’est refusé à tout commentaire et l’ex-ministre de l’Economie a assuré à l’AFP qu’elle excluait de démissionner et qu’elle “retournait travailler à Washington”, où le FMI a son siège et où elle devrait plaider sa cause en interne.

“Elle sait qu’elle n’a rien à se reprocher. C’est une péripétie dont elle se serait bien passée mais elle va se battre”, confie à l’AFP un membre de son entourage, qui relativise la portée de la mise en examen.

Mme Lagarde pourra s’appuyer sur le crédit dont elle bénéficie pour avoir redoré le blason du FMI après le scandale “DSK” et pour sa gestion des plans de sauvetage financier dans la zone euro.

– Prudence –

“Des événements comme celui-là ne sont pas positifs mais Mme Lagarde a été plutôt efficace dans sa conduite du FMI. Cette affaire n’a pas affecté la manière dont elle a dirigé l’institution”, assure à l’AFP Desmond Lachman, un ex-membre du FMI.

Ancien membre du conseil d’administration du Fonds, Domenico Lombardi affirme lui aussi à l’AFP ne pas s’attendre à une “décision radicale” du FMI à court terme.

Certaines voix au sein de l’institution sont toutefois plus prudentes.

Représentant du Brésil et de dix autres pays au sein du conseil d’administration du FMI, Paulo Nogueira Batista, affirme ainsi à l’AFP qu’il s’agit d’une “affaire sérieuse” même si les charges retenues sont “plus légères” que celles un temps envisagées.

“Il est trop tôt pour apprécier ce que cela signifie mais nous devons évaluer si ça peut causer des dommages sur l’image du Fonds”, assure-t-il, tout en précisant qu’il ne s’exprime pas au nom de l’institution.

Selon lui, le FMI devra aussi s’assurer que le temps passé par Mme Lagarde sur ses ennuis judiciaires “n’interfère” pas avec sa mission.

L’institution, qui vient tout juste de fêter ses 70 ans, ne peut pas réellement s’offrir le luxe d’une longue réflexion.

Dès vendredi, le FMI doit se prononcer sur le versement d’une nouvelle tranche d’aide à l’Ukraine à qui il a accordé une ligne de crédit de 17 milliards de dollars fin avril.

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énérale du FMI pose le 27 août 2014 dans le bureau parisien de son avocat (Photo : Thomas Samson)

Le Fonds doit par ailleurs toujours gérer le plan d’aide à la Grèce qui court jusqu’à la fin 2016 et qui requiert encore d’intenses négociations avec Athènes et ses partenaires européens.

L’institution doit également faire face à la grogne croissante des grands pays émergents, dont la Chine et le Brésil, qui ont décidé en juillet de créer leur propre fonds monétaire pour contester l’hégémonie occidentale.

Depuis sa création en 1944, le FMI a toujours été dirigé par un Européen.

“Si Mme Lagarde devait démissionner, les pays émergents pèseront de tout leur poids pour placer un des leurs à la tête du FMI”, pronostique M. Lachman.