Vivendi choisit de vendre GVT à Telefonica, en accord avec sa nouvelle stratégie

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ège de GVT, à Curitiba, au Brésil, le 18 novembre 2009 (Photo : Orlando Kissner)

[28/08/2014 14:57:43] Paris (AFP) Le groupe français Vivendi, entré jeudi en négociations exclusives pour céder sa filiale brésilienne GVT à Telefonica, a privilégié le montant “particulièrement attractif” proposé par l’opérateur espagnol à l’offre de Telecom Italia, en accord avec sa stratégie de recentrage dans les médias.

Si les négociations devaient aboutir, elles permettraient à Vivendi de “dégager une plus-value de plus de 3 milliards d’euros”, a souligné dans un communiqué le groupe dirigé par Vincent Bolloré.

Le conseil de surveillance de Vivendi, qui se tenait ce jeudi, a pris cette décision “dans le meilleur intérêt de ses actionnaires”, indique le texte.

L’offre du groupe espagnol expirait vendredi, alors que sa première proposition prenait fin le 3 septembre. Une manière de mettre la pression sur Vivendi, qui l’avait supplanté pour mettre la main sur GVT en 2009 contre 2,8 milliards d’euros.

Après avoir engagé la cession de ses principaux actifs dans les télécoms, Vivendi avait manifesté son intention de conserver sa filiale brésilienne, son activité connaissant la plus forte croissance. GVT est une jeune société au développement rapide, dont le dynamisme lui a valu le surnom de “Free brésilien”.

Sorti de Maroc Telecom et en passe de recevoir 13,5 milliards d’euros en numéraire avec la vente de SFR, le groupe n’avait en effet pas un besoin immédiat d’argent.

Mais la donne a changé fin juin avec le remplacement à la tête du groupe de Jean-René Fourtou par Vincent Bolloré.

M. Bolloré, qui a fait connaître ses réticences devant la stratégie suivie jusqu’ici par le groupe, reste donc fidèle à sa ligne de conduite avec ce choix.

“Vivendi entame une nouvelle phase de construction et entend devenir un groupe industriel intégré orienté vers les médias et les contenus”, rappelle ainsi le communiqué.

Cette décision intervient alors que le groupe a présenté jeudi des résultats semestriels en très forte hausse, engrangeant ainsi les fruits des cessions d’une large partie de ses activités hors médias.

– Toujours au Brésil –

Les deux propositions rivales pour la dernière activité détenue totalement par Vivendi dans les télécoms atteste par ailleurs des divergences stratégiques croissantes entre les deux prétendants, alors même que Telefonica est un actionnaire important de l’opérateur italien.

Le marché brésilien est crucial autant pour Telefonica que Telecom Italia: les deux groupes contrôlent les premiers opérateurs mobiles du pays, Vivo et Tim Brasil, et ne veulent pas laisser passer l’occasion de consolider le marché à leur profit.

L’offre de Telecom Italia, attendue depuis plusieurs jours et dévoilée jeudi matin, valorisait GVT à 7 milliards d’euros.

Telefonica, qui avait présenté officiellement une première offre début août, a contre-attaqué en revoyant sa proposition à la hausse, à 7,45 milliards d’euros (au lieu de 6,7 milliards initialement).

Les deux offres portaient sur 100% du capital de GVT, qui a rapporté l’an passé 1,71 milliard d’euros de revenus à Vivendi.

Elles étaient l’une et l’autre assorties de propositions de partenariat dans les contenus, de manière à séduire un Vivendi, qui cherche des débouchés à l’international pour ses programmes en raison de sa nouvelle stratégie de développement dans les médias.

Les deux propositions étaient toutefois structurées très différemment, et Vivendi a privilégié les 4,66 milliards d’euros en numéraire de Telefonica, plus solide financièrement, au 1,7 milliard d’euros en “cash” de Telecom Italia, très endetté.

Le groupe français n’en a toutefois pas encore fini avec les télécoms au Brésil, mais aussi peut-être en Italie.

Si un accord est trouvé au terme des négociations exclusives, Vivendi aura en effet en mains 12% du capital du groupe à naître de la fusion de GVT et de Vivo, la filiale brésilienne de Telefonica.

Et si Vivendi le souhaitait par la suite, un tiers de cette participation pourrait être échangé contre les titres Telecom Italia que le géant espagnol possède au travers de la holding de contrôle du groupe italien, et qui lui assurent 8,3% des droits de vote.