Vente en ligne : les éditeurs japonais dénoncent les pratiques d’Amazon

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Amazon (Photo : Emmanuel Dunand)

[29/08/2014 07:06:47] Tokyo (AFP) Livres promus de façon discrétionnaire en fonction de la commission versée par la maison d’édition: les pratiques du géant américain de la distribution en ligne Amazon sont dénoncées par les éditeurs japonais qui craignent une main-mise sur leur activité fragilisée.

Déjà accusé de méthodes commerciales agressives aux Etats-Unis et en Europe, Amazon est désormais sous le feu des critiques dans l’archipel nippon après la révélation d’un système de notation sur quatre niveaux qui conditionne la visibilité sur le site.

Selon plusieurs sources, il consiste notamment à évaluer les maisons d’édition à l’aune de la commission payée au groupe de Jeff Bezos pour vendre leurs livres sur son vaste site internet.

Les plus généreuses ont droit à une active campagne de publicité de leurs oeuvres, avec des répercussions directes sur les ventes, ont expliqué cette semaine à l’AFP des éditeurs basés à Tokyo, confirmant des informations du quotidien Asahi Shimbun.

“De nombreux éditeurs sont en discussions avec Amazon pour renouveler leur contrat de deux ans, mais cette fois ils sont confrontés à de lourdes exigences de la part du groupe qui a rapidement grossi ici”, a déploré l’un d’entre eux sous couvert de l’anonymat.

“Les plus petits se voient demander d’accepter une augmentation des honoraires, ou alors leur contrat est tout simplement résilié”, a-t-il poursuivi, estimant comme nombre de ses collègues qu’Amazon abuse de sa position dominante sur le marché japonais.

“Si ce type de pratiques persiste, de petites maisons qui se distinguent par une ligne éditoriale singulière vont être acculées à la faillite”, prévient l’éditeur.

“Lier la promotion d’un bouquin aux honoraires ne nous semble pas être une méthode équitable”, s’insurge un autre.

Sollicité par l’AFP, Amazon s’est refusé à tout commentaire, jugeant qu’il s’agissait d’un sujet privé entre la compagnie et les éditeurs.

Cette controverse survient après une série de reproches similaires en Europe et aux Etats-Unis à l’encontre du géant américain, qui multiplierait les pressions sur les maisons d’édition en pleine renégociation d’accords commerciaux, en allongeant les délais de livraison ou en empêchant les précommandes.

Aux Etats-Unis, en Allemagne ou au Royaume Uni, éditeurs et libraires commencent à s’organiser contre ces pratiques jugées inadmissibles.

Les auteurs sont même entrés récemment dans la bataille, s’estimant “pris en otage”. Plus de 900 écrivains, dont plusieurs grandes plumes, ont ainsi signé une pétition pour demander à Amazon de mettre fin à son bras de fer avec l’éditeur américain Hachette Book Group (HBG), filiale du groupe français Lagardère. Une initiative identique a vu le jour en Allemagne.

En France, le Parlement a par ailleurs adopté fin juin un texte sur le prix des livres sur internet, dit “anti-Amazon”. Il interdit le cumul de la gratuité des frais de port et d’un rabais de 5% sur les livres, afin d’empêcher les opérateurs en ligne, au premier chef Amazon, d’étouffer le réseau des libraires.