ésident François Hollande à Marseille le 4 juin 2013 (Photo : Gerard Julien) |
[29/08/2014 15:10:26] PARIS (AFP) Fort de l’orientation sociale-libérale de son nouveau gouvernement, François Hollande réunit samedi matin la fine fleur de la social-démocratie européenne à l’Elysée avec l’intention de plaider dans la foulée à Bruxelles pour un assouplissement de la discipline budgétaire de l’UE.
Le chef de l’Etat français tentera d’imposer cet agenda lors d’un sommet européen extraordinaire dont l’ordre du jour officiel porte sur la nomination des futurs chef de la diplomatie européenne et président du Conseil européen ainsi que sur la situation internationale (Ukraine, Irak et Gaza).
Pour François Hollande, les “circonstances exceptionnelles” rencontrées par l’économie européenne -croissance et inflation atones et chômage record- justifient un recours aux souplesses budgétaires offertes par les traités.
“L’Europe est menacée par une longue et peut-être interminable stagnation si nous ne faisons rien”, a-t-il fait valoir jeudi à l’Elysée devant la conférence annuelle des ambassadeurs de France.
Le chef de l’Etat français prône ainsi “la pleine utilisation des flexibilités dans le rythme de réduction des déficits” mais, assure-t-il, “dans le respect des règles européennes”.
A la mi-août, le ministre des Finances Michel Sapin avait fini par reconnaître que la France ne parviendrait pas à ramener ses déficits publics à 3,8% du PIB cette année, avançant un chiffre supérieur à 4%. Dès lors, Paris ne sera pas non plus au rendez-vous des 3% -la norme européenne- l’an prochain.
Devant ses pairs, François Hollande réclamera “une nouvelle initiative de croissance” autour de “trois axes”, explique-t-on de source française. Le premier serait porté par la Banque centrale européenne (BCE) et viserait, entre autres, à ouvrir plus largement les vannes du crédit au profit des entreprises.
Le deuxième serait une relance de l’investissement en Europe qui affichait l’an dernier un niveau inférieur de 450 milliards d’euros à celui de 2007, avant la crise. Pour François Hollande il s’agit de mettre en oeuvre “dans les meilleurs délais” le plan d’investissement de 300 milliards d’euros déjà annoncé par le président de la nouvelle Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Quant au troisième axe, il s’agirait de l'”adaptation du cadre budgétaire européen” jugé par Paris “trop restrictif”, au risque de “peser sur la demande”.
“Ces trois axes sont nécessaires”, estime-t-on à Paris, où l’on insiste: “Il n’y aura pas d’action efficace sans une action européenne”.
– Pas de percée attendue dès samedi –
L’entourage du président ne s’attend toutefois pas à une percée dès le sommet européen de samedi. Tout juste espère-t-il une “évocation” du sujet, un “partage du constat” et une volonté d’aller “vite” avec un autre sommet extraordinaire, de la zone euro cette fois, qui en discuterait et prendrait “les décisions nécessaires”.
ésident du Parlement européen Martin Schulz à Strasbourg le 1er juillet 2014 (Photo : Patrick Hertzog) |
Pour tenter d’offrir un front commun des sociaux-démocrates européens, François Hollande, se posant en chef de file, les a conviés dès samedi matin à l’Elysée.
Huit chefs de gouvernements européens ont répondu à l’appel parmi lesquels l’Italien Matteo Renzi. Le président du Parlement de Strasbourg Martin Schulz et le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel seront également au nombre des convives.
Restera cependant le plus difficile: convaincre la chancelière allemande Angela Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, inflexible sur le respect des trajectoires de réduction des déficits, comme il l’a encore rappelé jeudi à Paris, appelant le gouvernement français à tenir ses promesses.
“C’est vrai que les perceptions entre les Français et les Allemands sont différentes”, a euphémisé le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Harlem Désir dans une interview aux Echos parue vendredi.
Pour ce faire, François Hollande disposera de quelques minutes lors d’une rencontre bilatérale avec la chancelière, désormais traditionnelle avant l’ouverture des sommets européens.
Tous deux se connaissent trop bien désormais pour avoir besoin de se rappeler que leurs économies sont étroitement imbriquées, un argument de poids quand la croissance allemande vient de connaître une petite alerte avec un recul de 0,2% de sa croissance au deuxième trimestre.