Les résultats de l’appel d’offres de l’Office de l’aviation civile et des aéroports (OACA) pour l’octroi de la concession du duty free des cinq aéroports internationaux de Tunisie (Tunis-Carthage, Djerba-Zarzis, Sfax-Thyna, Tozeur-Nefta et Tabarka-Ain Draham) n’ont pas encore été proclamés officiellement. Mais les offres financières remises le 20 août 2014 ont déjà été dépouillées.
Cinq opérateurs ont été présélectionnés dans l’appel d’offres pour l’octroi de la concession de l’activité duty free des aéroports de l’Office de l’aviation civile et des aéroports (OACA). Il s’agit de World Duty Free, du consortium Hamila-TAV-Hainemann, du duo Poulina Group Holding-Lagardère, de Nuance Groupe et de Dufry. Et comme l’a révélé notre confrère Ilboursa, c’est le consortium Hmila-TAV-Hainemann qui arrive en première position (voir tableau), suivi de Dufry (jadis associé à Sofiane Ben Ali) et du tandem Lagardère-Poulina.
Visiblement, tout devrait se jouer entre les deux premiers. Mais dans l’étude approfondie des offres, les équipes du chef du gouvernement Mehdi Jomaa –qui a décidé de gérer lui-même cet important et épineux dossier (il s’agit du premier appel d’offres de cette ampleur de la Tunisie post-Ben Ali) pour éviter d’éventuels soupçons et contestations- vont analyser scrupuleusement les offres.
La difficulté de l’examen de ce genre d’offres et de la prise de décision dans pareil dossier tient au fait que les chiffres ne disent pas toujours la vérité.
Les fonctionnaires de la présidence du gouvernement qui auront à se pencher sur ce dossier devront examiner à la loupe ceux des trois candidats et les confronter à la réalité du marché du duty free dans le monde et au comportement qu’y adoptent parfois certaines multinationales.
Des trois paramètres utilisés pour départager les concurrents – redevance annuelle, location de locaux et investissements, le troisième et, surtout, le premier sont les plus importants, donc ceux auxquels le gouvernement devra accorder le plus d’attention avant de trancher.
Les experts disent que plus ces chiffres sont élevés, plus la vigilance et l’examen profond sont de mises.
Les investissements, d’abord. Il s’agit de ceux que les candidats à l’exploitation des duty free envisagent d’engager pour faire ou refaire l’agencement des locaux commerciaux. Ce poste est propice à tous genres de manipulations, notamment via le gonflement des factures, pour récupérer d’une main ce qu’on a donné (les redevances, notamment) de l’autre. Mais les professionnels du secteur reconnaissent la difficulté pour le concédant d’une concession de duty free de repérer et d’éviter ce genre de manipulation.
La redevance, ensuite. Parfois, pour écarter des concurrents, certains opérateurs placent la barre très haut dans ce domaine avec des offres mirobolantes. Puis, une fois l’appel d’offres remporté, déclarent ne pas être en mesure de payer la redevance promise et mettent les gouvernements devant le fait accompli d’une redevance revue à la baisse.
Les professionnels du secteur savent que l’indien Flamengo est passé maître dans ce genre de manipulation; ce qui lui a valu des procès qui lui ont fait perdre certaines concessions. Mais il n’est pas exclu que d’autres cèdent à ce genre de tentation.
Que nous dit le marché au sujet de la redevance? Qu’elle se situe assez souvent dans une fourchette de 28-35%. A titre d’exemple, le montant de la redevance commerciale de la société «DUFRY» s’est élevé, d’après le rapport d’activité de l’OACA, à 32,910 millions de dinars en 2012, avec une augmentation de 38,8% par rapport à 2011.
Mais il arrive qu’elle approche ou dépasse les 40%. Mais les experts avertissent: plus l’offre dépasse cette barre, plus il faudra faire attention.