Areva annonce un retard de neuf ans pour son EPR finlandais

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éacteur nucléaire de nouvelle génération EPR, construit à Olkiluoto en Finlande, le 15 mars 2010 (Photo : Jacques Demarthon)

[01/09/2014 12:09:52] Paris (AFP) Le réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR qu’Areva construit à Olkiluoto, en Finlande, devrait entrer en service en 2018, avec neuf ans de retard sur le calendrier initial, a annoncé Areva, qui a accumulé d’importants déboires sur ce chantier colossal lancé en 2005.

La fin de la construction du réacteur OL3 est désormais prévue à la mi-2016, permettant de débuter des essais à compter de cette période, puis la mise en service en 2018, a précisé Areva dans un communiqué.

Le groupe français et son partenaire allemand Siemens refusaient depuis plus d’un an de donner une date de mise en service de l’EPR, en construction depuis 2005 à la centrale d’Olkiluoto (sud-ouest de la Finlande) et dont le démarrage commercial avait d’abord été repoussé de 2009 à 2016.

“C’est une bonne nouvelle qu’on ait désormais une véritable date, car on n’en voyait pas le bout. Même si cette date peut encore être éventuellement déplacée”, a estimé un analyste interrogé par l’AFP, qui préfère rester anonyme.

“La mauvaise nouvelle, c’est que (la fin de la construction) n’interviendra que dans deux ans et que d’ici là, il peut encore se passer plein de choses”, a-t-il ajouté. “Le souci, c’est que plus le temps passe, plus il y aura certainement encore des provisions à passer”.

Le projet plombe les comptes d’Areva (groupe détenu à 87% par des capitaux publics) depuis plusieurs années: l’ardoise totale provisionnée pour pertes liées au chantier s’élève à 3,9 milliards d’euros, soit plus que le prix du réacteur, vendu 3 milliards en décembre 2003.

Le groupe a assuré lundi que le nouveau calendrier n’aurait “pas en lui-même d’impact sur le montant des pertes prévisionnelles à terminaison” du chantier, aujourd’hui achevé à 87%. Il a toutefois précisé qu’il mettrait à jour le coût du contrat lors de l’arrêté de ses comptes annuels.

– Relations tendues –

Ce nouvel échéancier ne semble pas non plus avoir apaisé les tensions entre le consortium Areva-Siemens et son client, le producteur d’électricité TVO, qui se rejettent la responsabilité des importants retards et surcoûts.

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érence de presse à Paris (Photo : Eric Feferberg)

“Les relations avec de ce dernier semblent toujours aussi difficiles”, notent les analystes d’Aurel BGC.

Leur différend a été porté en 2008 devant le tribunal arbitral de la chambre de commerce internationale à Paris, où les parties se demandent mutuellement des dédommagements de plusieurs milliards d’euros. Une première décision est attendue début 2015.

Areva a une nouvelle fois insisté dans son communiqué sur le rôle “déterminant” de TVO “pour le bon déroulement de la future phase d’essai du réacteur”.

“Le calendrier actualisé remis ce jour repose sur des hypothèses et des engagements qui requièrent l’implication de TVO en tant que propriétaire de la centrale”, souligne le groupe. “Cette implication est, depuis l’origine du projet, essentielle à la progression de celui-ci, notamment pour faciliter l’examen des éléments techniques et de sûreté par l?Autorité finlandaise Stuk”.

“Des séances de travail approfondies seront organisées avec TVO au cours des prochains mois dans le but d’optimiser la réalisation de ces essais”, a encore dit Areva, qui avait récemment sollicité l’aide de l’électricien français EDF pour l’aider à terminer le chantier d’OL3.

Le géant du nucléaire attribue notamment les retards du projets au décalage de l’approbation du contrôle-commande, le système destiné au pilotage et au contrôle du réacteur, dont l’architecture n’a été validée qu’en avril 2014 “après quatre années d’échanges avec TVO”.

Cette procédure a pris moitié moins de temps pour les EPR de Flamanville (nord-ouest de la France) et de Taishan (sud-est de la Chine), également en cours de construction.

De son côté, TVO a laissé percer une certaine surprise après l’annonce de son maître d’oeuvre.

“Nous allons maintenant évaluer les données reçues”, a-t-il répliqué. “Cependant il est dur pour nous d’accepter une prévision de démarrage aussi tardive du fournisseur puisque le degré d’achèvement [des travaux] est élevé, que les travaux réalisés satisfont des normes techniques très élevées et que nous savons ce qu’il reste comme travaux”.

Futur exploitant de l’EPR, TVO a déjà exprimé à plusieurs reprises son mécontentement sur la performance de son fournisseur.