à Luxembourg le 20 juin 2014 (Photo : Georges Gobet ) |
[01/09/2014 20:12:06] Athènes (AFP) Le ministre grec des Finances Guikas Hardouvelis, et une dizaine d’autres ministres et secrétaires d’Etat, entameront mardi à Paris trois jours d’entretiens avec les créanciers de la Grèce, dans le cadre de l’audit régulier du pays.
Cette rencontre avec les hauts représentants de la troïka (UE, BCE et FMI) dans les locaux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) revêt une importance significative pour le gouvernement, à l’approche du terme du second plan d’aide au pays d’ici décembre.
“Les discussions à Paris sont un prélude à ce qui va se passer fin septembre”, quand l’audit va s’achever, a déclaré aux médias Guikas Hardouvelis lundi soir à l’issue d’une réunion avec le Premier ministre Antonis Samaras.
“Notre priorité est d’accroître notre crédibilité”, a ajouté le ministe.
La Commission européenne considère que la rencontre de Paris n’est qu’une réunion préparatoire. L’audit en soi doit avoir lieu courant septembre à Athènes avant le feu vert attendu pour le versement de la dernière tranche de prêts de l’UE, d’environ 2 milliards d’euros.
La précédente évaluation des comptes grecs s’était achevée fin juin par le versement d’un milliard d’euros de l’UE, à l’issue de difficiles tractations qui avaient duré plusieurs mois.
“Bras de fer à Paris”, titrait dimanche Kathimérini (libéral). Le journal soulignait qu’Athènes espère être récompensée des efforts entrepris pour assainir son économie et souhaiterait réclamer l’assouplissement de la politique de rigueur qui pèse sur le pays, notamment via des allègements fiscaux.
Les prévisions budgétaires pour 2014 tablent sur un taux de croissance de 0,6%, une première après six ans de récession.
Toutefois, au deuxième trimestre ,le Produit intérieur brut (PIB) était toujours en recul de 0,3%, a indiqué lundi le service des statistiques grecques.
– Rituel médiatisé –
érence de presse à Athènes, le 4 août 2014 (Photo : Panagiotis Tzamaros) |
L’idée de la réunion de Paris émane du Premier ministre Antonis Samaras “et nos partenaires avaient donné leur aval, puisque le pays a pleinement retrouvé sa crédibilité”, avait déclaré en juillet la porte-parole lors de l’annonce de cette rencontre.
Depuis le recours du pays au mécanisme de sauvetage UE-FMI en mai 2010, les responsables de la troïka se rendaient à Athènes chaque trimestre pour évaluer l’avancement des réformes requises avant de donner leur feu vert pour le versement des tranches de prêts.
Ce rituel très médiatisé ternissait l’image du gouvernement et était à l’origine des grèves et des manifestations souvent violentes contre la politique de rigueur.
Actuellement, la popularité du gouvernement de coalition droite-socialistes menée par Antonis Samaras, au pouvoir depuis deux ans, est au plus bas, alors que se profile la perspective d’élections anticipées à la fin du mandat du président Carolos Papoulias en février 2015, au cas où la majorité gouvernementale, forte à elle seule de 153 sièges sur 300 au Parlement, ne réunirait pas les 180 voix nécessaires sur le nom du président qu’elle proposera.
Des élections anticipées intéresseraient fortement le parti arrivé premier aux européennes, la gauche radicale du Syriza, peu acquis aux thèses de l’austérité. Un risque de déstabilisation qui pourrait finalement profiter au gouvernement grec lors des négociations de Paris.
Comme chaque fois, la troïka doit passer au crible l’avancement des réformes, surtout la réduction des dépenses publiques.
La Grèce s’est engagée à licencier 6.500 fonctionnaires d’ici la fin de l’année après la mise au chômage partiel d’environ 20.000 agents les années précédentes via la fusion ou la suppression des organismes publics.
Autre sujet épineux, le renforcement des banques, qui sont plombées par les créances douteuses, en vue des test de résistance de la BCE.
A ajouter, le fardeau de la dette publique, à 318 milliards d’euros (175,1% du PIB), qui reste un sujet d’inquiétude pour l’économie, Athènes espère arriver à un accord avec ses créanciers pour son allègement d’ici la fin de l’année.
La Grèce a bénéficié jusqu’ici de deux prêts de l’UE et du FMI, de 240 milliards d’euros au total, au prix d’une stricte austérité, qui a conduit à l’explosion du chômage et une profonde récession.