Outre les politiques macroéconomiques, quatre vecteurs peuvent, selon l’étude, être ciblés pour mener des actions de court terme: le tourisme, le commerce, les PME et les infrastructures.
Inefficacité des mesures policières pour dynamiser le tourisme
Le tourisme, d’abord. Ce secteur, gros «consommateur» de main-d’œuvre, peut à la fois démarrer la reprise économique et «aider à convaincre les étrangers que les Pays Arabes en Transition (PAT) sont en voie de guérison».
Alors que le Maroc est le seul de ces pays dont les recettes touristiques ont augmenté, quoique légèrement, en 2013, (elles ont baissé en Tunisie, Egypte, Jordanie et Yémen), les PAT peuvent chercher à augmenter le flux de touristes au-delà de la barre atteinte en 2013 en apaisant les soucis de sécurité des touristes «non pas à travers de très dures mesures policières mais à travers des négociations qui soulignent l’intérêt mutuel de toutes les parties dans la bonne santé du tourisme –et dans les IDE, à la fois dans le secteur hôtelier et les services urbains plus généralement».
Ces mesures devront par la suite être combinées «avec une campagne marketing majeure, non seulement dans les marchés traditionnels en Union européenne et aux Etats-Unis, mais aussi en Asie du Sud-est et en Asie de l’Est». Le but étant de «rassurer les visiteurs sur le retour à la normalité dans la région, offrir des services de qualité, une plus grande variété de divertissement, et globalement une meilleure expérience».
Et pour atteindre ces objectifs, l’étude suggère aux PAT de …regarder ailleurs, c’est-à-dire d’apprendre, de l’expérience du secteur hôtelier en Asie du Sud-est, comment pousser vers le haut la chaîne de valeur de l’industrie touristique, «spécialement en ce qui concerne la formation pour améliorer la qualité des services et de l’infrastructure touristique».
Nécessité de diversifier les exportations
Le commerce, ensuite, qui peut lui aussi contribuer à booster la croissance à la fois à court et à long terme. Dans ce domaine, la priorité devrait être accordée à la croissance et à la diversification des exportations de marchandises, «loin des exportations de ressources et de textile».
Cette politique devrait «nécessairement» être mise en œuvre dans les «grands marchés connus» pouvant produire «d’énormes succès» pour prendre pied sur un marché ou l’élargir.
Pour atteindre cet objectif, divers outils peuvent être utilisées: certification, utilisation efficiente de site web et de l’e-mail, diversification des produits, mise à niveau, et le renouvellement permanent des portefeuilles de produits.
L’expérience de divers pays d’Asie de l’Est et plus particulièrement de l’Inde, démontre, selon l’étude, que «l’augmentation des exportations est associée à une combinaison d’exportations de plus en plus pondérée par des usines plus sophistiquées, l’incorporation d’une plus grande valeur ajoutée locale combinée avec services de soutien marketing, techniques, après-vente et IT».
Mais s’ils peuvent espérer augmenter leurs exportations vers l’Union européenne, principal marché pour certains PAT, leurs voisins immédiats beaucoup plus difficiles d’accès. Car, comme le rappelle l’étude, «les barrières au commerce entre les pays de la région MENA (Middle East North Africa) sont les plus élevées au monde». Conséquence: moins de 6% du commerce de ces pays est intrarégional.
Barrières tarifaires et non-tarifaires doivent donc être réduites, entraînant une facilitation du commerce qui ferait bondir les exportations des pays non-exportateurs de ressources de 20%.
Les PME… futurs «challengers régionaux et globaux»
Les PME, également. Dans les PAT, les petites et moyennes entreprises représentant la plus grande partie du tissu économique et étant le principal employeur dans le pays, elles sont, selon l’étude, la source des futurs «challengers régionaux et globaux».
La croissance des PME étant entravée par le faible accès aux crédits, aux services destinés aux entreprises (technique, formation, etc.) et par l’environnement juridique, résoudre ces problèmes constitue un projet à long terme, souligne l’étude. Qui demeure néanmoins sceptique quant à l’impact du développement des PME sur l’accélération de la croissance économique. «Les recherches microéconomiques et celles portant sur plusieurs pays suggèrent que les PME sont de nets créateurs d’emplois dans les pays à faible revenu, mais les microentreprises n’y contribueraient que faiblement. La contribution des PME à la création d’emplois dans les pays à revenu moyen et élevé est quant à elle plus difficile à établir. En outre, les PME se situent en bas de l’échelle en matière de productivité et d’innovation du travail et bien que l’activité des PME soit corrélée avec le croissance, elle n’en provoque pas la croissance».
Enfin, la pénurie en matière d’infrastructures et de logements étant, à des degrés divers, un autre frein au développement des PME, investir dans ces deux domaines «est généralement le chemin le plus court vers une reprise de l’activité économique».