érence de presse le 7 août 2014 à Francfort (Photo : Daniel Roland) |
[04/09/2014 05:15:05] Francfort (AFP) Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi devrait employer ce jeudi des mots forts ouvrant la porte à de nouvelles actions pour soutenir l’économie en berne de la zone euro, à l’issue de sa réunion mensuelle de politique monétaire.
La probabilité que la BCE franchisse un nouveau cap dans sa lutte pour revigorer l’économie de la zone euro en lançant un programme de rachat massif de dette publique ou privée (Quantitative Easing ou QE), tel que celui mis en oeuvre aux Etats-Unis par la Fed, a nettement augmenté depuis le discours tenu par Mario Draghi à Jackson (Etats-Unis) il y a dix jours.
S’éloignant de son manuscrit, l’Italien s’était inquiété d’un “déclin significatif” des anticipations d’inflation à moyen terme se disant “prêt à ajuster davantage” sa politique monétaire en utilisant “tous les moyens disponibles requis”.
“Le nouveau recul de l’inflation, la baisse des indicateurs du climat économique (…) et surtout le discours de Mario Draghi à Jackson Hole ont soutenu les attentes des marchés pour un autre feu d’artifice de la part de la BCE lors de la réunion de cette semaine”, estime Carsten Brzeski, économiste d’ING.
M. Draghi devrait donc s’employer à ne pas trop les décevoir lors de sa conférence de presse prévue à 12H30 GMT à Francfort.
Les mauvais chiffres en provenance de la zone euro sont autant d’arguments en faveur d’une nouvelle action de l’institution monétaire. La croissance est restée au point mort dans la région au deuxième trimestre et l’inflation a encore reculé en août, à 0,3% sur un an, alimentant les craintes de déflation.
Cependant les experts s’attendent davantage à des paroles voire à des annonces de portée limitée qu’au lancement immédiat d’un programme de rachats d’actifs à grande échelle.
-Baisse des taux peu probable-
Une nouvelle baisse du principal taux directeur n’est pas totalement exclue par les analystes, mais cette option n’a pas leur faveur. Depuis juin, ce taux auquel se refinancent les banques aux guichets de la BCE est à 0,15% (contre 0,25% auparavant), plus bas niveau historique.
La majorité des spécialistes ne tablent par non plus sur une annonce concrète de “QE” avec rachat d’obligations publiques à la clé. Marco Valli, d’UniCredit, s’attend plutôt “à ce que M. Draghi emploie un ton très accommodant lors de la conférence de presse et laisse la porte grande ouverte à un QE”.
Johannes Mayr, son confrère de Bayern LB, table également sur “un durcissement de la rhétorique en direction de mesures supplémentaires”.
-Du nouveau sur les ABS?-
La BCE pourrait aller jusqu’à dire qu’elle commence à préparer un programme de rachats massifs d’actifs à l’américaine, selon Christian Schulz de Berenberg. L’économiste pronostique même un lancement “d’ici la fin de l’année si Berlin signale son soutien après des progrès de Paris et Rome dans leurs réformes”.
Avant de se lancer dans cette voie, qui constitue de l’avis de beaucoup la dernière cartouche à disposition de la BCE, le gardien de l’euro devrait attendre de jauger l’impact des mesures annoncées en juin, et notamment des prêts ciblés et à très long terme (LTRO) censés inciter les banques à prêter davantage aux entreprises. Le premier doit être accordé mi-septembre.
M. Draghi pourrait d’ailleurs améliorer dès jeudi les conditions associées à ces prêts, relève Kristian Tödtmann, de DekaBank, par exemple en abaissant leur taux d’intérêt.
Pour ne pas laisser les investisseurs sur leur faim, la BCE sera aussi susceptible “d’annoncer le principe d’un programme ABS, sans entrer dans les détails”, juge Michael Schubert, de Commerzbank. La BCE a déjà signalé avoir avancé à “grands pas” dans sa réflexion concernant le moyen d’acheter à large échelle ces titres adossés à des prêts, un marché sinistré depuis la crise, avec pour objectif de faciliter le financement des entreprises.
Si les experts peinent à déchiffrer les intentions concrètes de la BCE lors de la réunion de septembre, un point semble faire l’unanimité: l’institution devrait encore abaisser les prévisions de croissance et d’inflation pour la zone euro, qu’elle avait déjà révisées en juin.