ésident du Medef Pierre Gattaz et le ministre des Finances Michal Sapin le 28 août 2014 à Jouy-en-Josas (Photo : Eric Piermont) |
[10/09/2014 05:00:30] Paris (AFP) Le ministre du Travail, François Rebsamen, décidé à mettre la pression sur le patronat pour obtenir des contreparties au pacte de responsabilité, réunira mercredi les principales branches professionnelles au moment où le dispositif est l’objet de vives critiques.
Les représentants syndicaux et patronaux des 50 principales branches professionnelles, “qui représentent plus de 75% des salariés”, se retrouveront en début d’après-midi au ministère des Affaires sociales – plus spacieux que celui du Travail – où sera dressé un bilan d’étape de “l’état des négociations” sur le pacte, selon le ministère.
La rencontre de près de trois heures, clôturée par M. Rebsamen, consistera essentiellement à mettre en valeur les “bons élèves”, afin de “mobiliser des branches” qui “doivent s’engager pleinement dans la dynamique du pacte (40 milliards d’aides publiques) en concluant des accords en matière d’emploi, de formation, de conditions de travail”, explique le ministère.
Depuis le relevé de conclusion du pacte paraphé le 5 mars par le patronat et deux syndicats (CFDT, CFTC), un seul accord a été dûment signé dans un grand secteur: la chimie. Il prévoit 47.000 créations d’emplois entre 2015 et 2017. Des pourparlers ont eu lieu dans la métallurgie.
Pour le reste, c’est la guerre des chiffres: selon le Medef, 47 branches sont “déjà mobilisées” et une vingtaine devraient finaliser leurs discussions d’ici à la fin octobre, une donnée contestée par les syndicats, la CFDT évoquant le nombre de 20.
Outre le pacte, la qualité de vie au travail et l’emploi des jeunes feront l’objet de tables rondes, manière d’associer la CGT et FO, opposées au pacte et qui, sans cela, ne seraient pas venues.
Dans un courrier adressé mardi à François Rebsamen, le numéro un de la CGT, Thierry Lepaon, se dit “surpris de la forme et du fond de cette initiative” et réclame “des engagements d’un tout autre niveau” afin de “contraindre” les patrons à s’engager.
La rencontre étant axée sur les branches, les numéros un des organisations ne seront pour la plupart pas présents.
– ‘Le gouvernement rame’ –
“Ce qui a déclenché notre colère, c’est de voir que la banque figure dans la liste des branches citées par le Medef comme ayant entamé les négociations, alors que (…) nous n’avons pas commencé à discuter, et encore moins à négocier”, affirme auprès de l’AFP Régis Dos Santos, numéro un du syndicat des banques de la CFE-CGC.
Selon lui, la réunion de mercredi risque “d’être une grand-messe qui ne débouchera pas sur grand chose”.
De son côté, la maire PS de Lille Martine Aubry a estimé dimanche que l’aide aux entreprises devait être “réservée à celles qui en ont besoin: les artisans, les commerçants, les PME, les entreprises qui sont soumises à la concurrence internationale”. Dans son collimateur, “les banques” et les entreprises “qui préfèrent verser l’argent que leur a donné l’Etat pour donner des dividendes plus importants au lieu d’investir”.
Sa critique rejoint celle des députés socialistes “frondeurs”, qui ont en outre annoncé mardi qu’ils s’orientaient vers une abstention la semaine prochaine sur la confiance demandée par le Premier ministre Manuel Valls au Parlement.
“Plus ça va, plus on se rend compte que le gouvernement a accordé des aides aux entreprises sans contrepartie. Maintenant il rame pour essayer de montrer que c’est positif, mais il n’y arrive pas”, affirme auprès de l’AFP le numéro un de FO Jean-Claude Mailly.
En revanche, son homologue de la CFDT, Laurent Berger, partisan du pacte, a demandé à M. Rebsamen “un discours extrêmement virulent et exigeant à l’égard du patronat”.
L’Unsa, également favorable au pacte, réclame un “changement de braquet” et surtout “des actes” au patronat.
De son côté, le président du Medef Pierre Gattaz appelle à cesser de raisonner “en termes de donnant-donnant” dans l’application du pacte, en allusion aux contreparties attendues en termes d’emploi.
Geneviève Roy, vice-président de la CGPME, “espère” elle que le pacte “créera des emplois”. “En tout état de cause”, “il sauvegardera des milliers d’emplois dans des entreprises au bord du gouffre”, promet-elle.