“Kadd illi tilbiss kad illi tisswa”, c’est un dicton bien de chez nous. Sous d’autres cieux, un Roger Bussy-Rabutin l’a exprimé ainsi: «Que les apparences soient belles car on ne juge que par elles”. Et en ce lundi 8 septembre, où Tunis a abrité le Forum international “Invest in Tunisia, Invest in start-up democracy”, on aurait aimé que la forme épouse le fond. Malheureusement, elle a détonné avec lui! La consistance du contenu coupait avec la pauvreté de l’organisation!
Les personnalités qui ont répondu présentes à Mehdi Jomaâ, chef du gouvernement, à commencer par les Premiers ministres français, algérien, marocain, ainsi que le représentant des Nations unies ont exprimé leur détermination à soutenir les efforts de la Tunisie pour la réussite de son processus transitionnel. Mais où étaient les personnes ressources en Tunisie outre les ministres?
Dans les programmes des ateliers, on n’a pas vu des noms de participants représentant les centrales patronales censées rassurer les bailleurs de fonds et surtout les conforter dans l’idée que l’Etat tunisien a substitué son rôle de planificateur à celui de régulateur.
Où étaient les DG de la FIPA, habitués au lobbying en faveur de la Tunisie et connus des bailleurs de fonds?
Aucune présence des hauts fonctionnaires des ministères économiques, les plus rodés au contact avec les partenaires étrangers et les plus érudits en matière de lois et de procédures. Y a-t-il eu participation d’experts économiques aux ateliers ou se sont-ils contentés d’assurer les rôles de figurants?
C’est comme si les ministres s’étaient attribués tous les rôles oubliant qu’à leur départ, il faut une relève. Mais la culture de la relève ne relève pas de notre culture… Pourtant, le chef du gouvernement avait affirmé, lors de sa dernière rencontre avec les représentants des médias, que “les gouvernements partent, l’Etat reste”.
Un Etat c’est aussi des institutions et une administration forte et présente. Dans la journée du lundi, elle était absente!
Ceci pour ce qui est des participants tunisiens. Mais quant à la dimension purement organisationnelle, il y avait réellement de quoi s’arracher les cheveux! Et à commencer par l’ouverture officielle du symposium pour lequel on aurait dû prévoir un maître de cérémonie pour présenter les intervenants. Ce rôle ne devait pas être assuré par notre ministre des Affaires étrangères, il y va du prestige de l’Etat que nous voulons rétablir.
La presse malmenée
Quant à l’accueil de la presse, c’est une autre paire de manches. Si ce n’est la présence accueillante et chaleureuse de l’ancien personnel de l’ATCE, communicateurs confirmés, nombre de journalistes auraient quitté les lieux. Certains se sont plaints de problèmes techniques qui ont dépeint sur la qualité de la transmission du déroulement des activités lors de la séance plénière. Cantonnés qu’ils étaient à couvrir le symposium dans une salle avoisinante à partir d’un grand écran plasma. Il paraît que la transmission a été coupée à plusieurs reprises.
Quant aux dossiers de presse, ils étaient pauvres presque misérabilistes. Est-il normal que le dossier de presse, qui doit permettre de diffuser l’info, soit dénué de toute info sauf des programmes étriqués et incomplets? Et comble du malheur, le programme en langue française était couché sur un papier A 4 en couleur alors que la France est une co-organisatrice.
C’est ce qui s’appelle une économie de bout de chandelles. Les invités d’honneur qui ont prononcé des discours n’étaient pas cités! A supposer que leur présence ne soit pas vraiment confirmée, il est d’usage de coucher les noms sur les programmes avec une mention “sous réserve de confirmation”, par respect.
En un mot, une belle idée lancée par un jeune chef de gouvernement qui a mis la barre très haut pour une relance économique de la Tunisie à la manière d’une start-up qui aurait dû être habillée comme il se doit. Y a-t-il eu défaillance au niveau de la machine organisationnelle? A un certain moment, des boulons ont certainement sauté. A qui la faute? Les compétences et le savoir-faire de Hédi Larbi, ministre de l’Equipement et coordinateur du symposium, ne font aucun doute. Espérons que les projets proposés aux bailleurs de fonds verront le jour. D’ores et déjà le ministre du Transport s’est déplacé aujourd’hui même avec une délégation de bailleurs de fonds à Enfidha pour étudier les possibilités de financer le port en eaux profondes après que la société d’investissements a été créée.
Nous y reviendrons