Les résultats d’une étude sur “l’abandon scolaire volontaire: le phénomène et les causes”, réalisée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), ont démontré que l’abandon scolaire volontaire concerne essentiellement les élèves âgés de 16 à 17 ans issus de familles défavorisées (80%).
24,74% d’abandon volontaire
Présentant les résultats de cette étude lors d’un point de presse tenu mercredi 10 septembre au siège du FTDES à Tunis, Mounir Hassine, le président de la section du FTDES à Monastir, a souligné que selon les chiffres de l’année scolaire 2011-2012, l’abandon scolaire volontaire concerne spécialement les élèves de la 7ème année de l’enseignement de base (24,74%) et les élèves de la première année de l’enseignement secondaire (19,21%), soit juste après chaque cycle de l’enseignement.
Il en ressort également que le taux de scolarité chez la tranche d’âge 6-16 ans n’a pas dépassé, en 2012-2013, les 93,2%, ce qui rend très difficile l’obligation de l’enseignement inscrite dans la loi d’orientation n°80 de 2002.
Réalisée par des enseignants et des représentants de la société civile sur un échantillon de 601 élèves des régions de Monastir, Kairouan et Kasserine ayant abandonné leur scolarité, l’étude a révélé que pour 77,67% des interviewés leur mère ne travaille pas et 52,44% leur père est un simple ouvrier.
La plupart des parents ont soit le niveau primaire, soit sont analphabètes. 66% des élèves ayant abandonné leur scolarité sont des garçons.
Violence morale ou physique…
Ce chercheur a indiqué qu’environ 90% des élèves concernés par l’échantillon ont connu l’échec scolaire et ont redoublé l’année au moins une seule fois. Près de 70% des élèves sondés ont souligné qu’ils n’étaient pas dans une situation confortable dans leur classe et 80% ont confié qu’ils ont été exposés à la violence morale ou physique en milieu scolaire.
Plus de 50% des élèves ont déclaré avoir travaillé pendant leur scolarité pour aider leurs familles à subvenir à leurs besoins ce qui les empêchait de se concentrer sur leurs études, selon M. Hassine.
Il a indiqué que le rôle de l’administration de l’établissement scolaire s’est souvent limité à adresser des correspondances aux parents des élèves pour les informer de l’absence de leurs enfants sans assurer le suivi de ceux qui ont abandonné l’école. Selon l’étude, 55% des élèves interviewés ont exprimé leur intention à émigrer pour améliorer les conditions matérielles de leur famille. 11,04 d’entre eux pensent même à l’émigration clandestine.
1,43% optent pour l’enseignement de la religion
Mounir Hassine a indiqué que 43% des élèves sondés ayant abandonné leur scolarité se sont inscrits dans les centres de formation professionnelle, 31,9% sont au chômage, 22,8 travaillent et 1,43% ont opté pour l’enseignement de la religion bien que leur niveau d’étude ne leur permette pas de donner des cours dans cette spécialité.
De son côté, Abderrahmane Hedhili, président du FTDES, a précisé que la réalisation de cette étude a été décidée pour connaître les vrais raisons de l’abandon scolaire surtout que 24% des jeunes ayant émigré clandestinement en 2011 sont des élèves. Il a relevé que l’abandon scolaire a atteint plus de 107 mille et 8000 jeunes ont été empêchés dernièrement de quitter la Tunisie pour aller en Syrie.
Des experts en éducation ayant assisté à la conférence ont mis l’accent sur la nécessité d’engager dans les plus brefs délais une réforme globale du système éducatif qui tient compte de l’amélioration de la qualité de l’enseignement, la consolidation de l’infrastructure, la formation des enseignants, la révision du système d’évaluation et du temps scolaire de façon à rendre l’école un milieu agréable et performant.
Le taux d’abandon scolaire a connu une hausse de 7,9% en 1984-1985 pour atteindre 11,2% en 2011-2012 alors qu’en 2004-2005 ce taux a atteint 11,7%.