Air France : à J-3, le spectre d’une grève dure se confirme

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éveloppement de la low-cost du groupe (Photo : Denis Charlet)

[12/09/2014 06:45:40] Paris (AFP) Une grève “massive” à Air France se profile à partir de lundi, mais pour l’empêcher, les discussions se poursuivent entre direction et pilotes, qui s’opposent sur les conditions de développement de la low-cost du groupe.

Le syndicat SNPL AF Alpa (70% des voix aux dernières élections) appelle à la grève reconductible du 15 au 22 septembre et le Spaf jusqu’au 18. Ils ont été rejoints par Alter (non représentatif).

Les négociations engagées depuis plusieurs semaines n’ont jusqu’à présent pas permis d’avancer vers un compromis. “C’est une guerre des tranchées”, observe Julien Duboz, porte-parole du Spaf.

Une troisième réunion plénière -et théoriquement dernière avant le préavis- est prévue vendredi après-midi entre la direction et les syndicats représentatifs. Il n’est pas exclu que les discussions se poursuivent tout le week-end.

Les grévistes doivent se déclarer 48 heures avant le début d’une grève. C’est donc samedi matin que la direction du groupe Air France (Air France, Hop! et Transavia France) disposera d’une évaluation précise de la mobilisation. Elle communiquera dans la journée les vols maintenus.

Le président du SNPL AF Alpa, Jean-Louis Barber, prédit un mouvement “massif”.

Une grève d’une semaine serait le plus dur conflit mené par des pilotes d’Air France depuis 1998. Elle pourrait coûter plusieurs dizaines de millions d’euros au groupe en plein redressement. Air France a dès mardi offert à ses clients un échange de billet.

Les désaccords entre le groupe et ses pilotes se cristallisent autour de l’avenir de Transavia. La filiale low-cost est la pierre angulaire du nouveau plan stratégique “Perform 2020”, qui prévoit de refondre les réseaux court et moyen-courrier.

Réponse à la concurrence des compagnies à bas-coûts, il succède à “Transform 2015”, qui a permis à AF-KLM d’abaisser ses coûts d’un milliard d’euros au prix de 8.000 suppressions d’emplois au sein du seul groupe français.

Le groupe veut porter la flotte de Transavia France de 14 à 37 avions en cinq ans. En Europe, elle veut ouvrir de nouvelles bases, avec des pilotes sous contrat local.

– Craintes de “dumping social” –

Le PDG d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac, a cette semaine rejeté la principale revendication des syndicats: un contrat unique pour les pilotes aux conditions actuelles d’Air France, pour tous les avions de plus de 100/110 places, quelle que soit la compagnie du groupe Air France (Air France, Hop!, Transavia).

Il s’est néanmoins dit prêt “à discuter” de “compensations” pour les “volontaires pour aller travailler chez Transavia”, où les conditions d’emploi et de rémunération sont moins avantageuses.

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à Paris (Photo : Thomas Samson)

“Nous proposons de nouveaux emplois, de la croissance, de nouveaux avions (…). Faire grève contre un projet de croissance est incongru”, a-t-il déclaré jeudi devant des investisseurs.

M. de Juniac avance la perspective de 220 à 250 nouveaux emplois de pilotes à l’horizon 2019 pour Transavia France, quand l’avenir chez Air France est bouché pour les pilotes, en sureffectif. La compagnie a ouvert en août un plan de départ pour 200 pilotes (sur un effectif de 3.760).

Le SNPL AF Alpa rétorque qu’il s’agit d’un projet “d’externalisation et de délocalisation de l’activité moyen-courrier”. “Transavia va devenir la norme d’embauche pour les pilotes” du groupe, craint de son côté le Spaf, qui crie au “dumping social au sein du groupe”.

A six mois des élections professionnelles, les deux syndicats haussent le ton et s’épient. Un contexte défavorable pour Air France, qui doit obtenir l’aval des pilotes pour augmenter la flotte de Transavia France. L’accord passé avec les pilotes français à la naissance de la filiale arrive en effet à échéance. Il bride sa flotte et encadre le détachement des volontaires qui bénéficient de primes.

L’appel à la grève est loin de faire l’unanimité parmi les pilotes du groupe, à commencer par ceux de sa filiale régionale Hop! (issue de la fusion début 2013 de Brit Air, Regional et Airlinair).

Le syndicat Spac Regional a carrément appelé à “briser” le mouvement en reprochant aux pilotes d’Air France de vouloir “maintenir leur caste”. Même les sections SNPL de Hop! sont montées au créneau pour rappeler que leurs pilotes “font partie de l’équation” et défendront “aussi” leur place.