ût 2008 (Photo : Eric Cabanis) |
[12/09/2014 15:34:50] Paris (AFP) “Twittomélies”, “Cybercuré”, “Padreblog”, “Retraite dans la ville”… Les catholiques, prêtres, religieux ou même évêques, intensifient leur présence sur internet et les réseaux sociaux pour prêcher la bonne parole, avec les moyens d’aujourd’hui et sur tous les tons.
Premier évêque français à avoir ouvert un compte Twitter, Mgr Hervé Giraud poste chaque soir depuis janvier 2011 des homélies calibrées pour ce réseau social, en 140 caractères maximum. Soixante-dix signes citent l’Evangile du lendemain, autant sont consacrés au commentaire personnel de l’évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin.
“Je ne veux pas me disperser. Les gens me suivent parce que c’est très court. Certains me disent +ça me sert pour la journée+, d’autres +ça m’apaise le soir+”, explique à l’AFP Mgr Giraud, qui y voit une “manière de se relier aux catholiques du monde entier” et une invitation à la méditation, “que l’on soit croyant ou pas”.
Un exemple de ces messages qui valent à l’évêque d’être suivi par plus de 6.000 “followers”: “Mt 16,24 Qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix La liberté consiste à alléger nos vies pour ne porter que l’essentiel”. Le mot “twittomélie” est là pour séparer clairement l’extrait évangélique de son commentaire libre.
ère de Sainte-Marie-de-la-Garde à Saint-Pierre-de-Clairac (Photo : Patrick Bernard) |
“Quand il y a eu des polémiques, notamment au moment du +mariage pour tous+, on m’a remercié d’être dans une autre forme de présence. J’ai voulu faire entendre une petite musique qui m’était propre, une respiration spirituelle, une miette d’Evangile”, poursuit-il.
Le Père Hervé Grosjean n’a pas ces pudeurs épiscopales sur le “Padreblog” qu’il co-anime avec deux autres jeunes prêtres des diocèses de Paris et Versailles. Le trio, qui assume un catholicisme décomplexé voire identitaire, n’hésite pas à ferrailler dans ses billets contre l’euthanasie, la “théorie du genre”, la “profanation” d’églises par les Femen…
“Nos évêques nous connaissent et savent que nous ne sommes pas des électrons libres, mais des légitimistes au service d’une parole qui est celle de l’Eglise”, assure celui qui est connu par ses quelque 22.000 suiveurs sur Twitter sous l’alias @abbegrosjean. “Ce qui est passionnant avec ces réseaux, c’est qu’ils permettent de parler à ceux qui ne viennent pas dans nos églises, de s’adresser aux +périphéries+ comme dit le pape François, d’éclairer les consciences”.
– “Pas d’autorité sur ce e-continent” –
Comme le “Padreblog”, le “Cybercuré” joue collectif. Sous ce nom pianotent une demi-douzaine de prêtres emmenés par le Père Ludovic Serre, qui a succédé à l’un des pionniers de la cathosphère, le Père Raymond d’Izarny, pour développer cette oeuvre d’évangélisation par le web.
L’objectif est clair: répondre aux questions des “gens qui sont au seuil de la communauté chrétienne” sur le baptême, le mariage, les obsèques, le catéchisme, le sens de telle fête religieuse…
Depuis Lille, les dominicains de la province de France ont eux composé une “famille de sites” sous l’ombrelle “Retraite dans la ville”. Aujourd’hui il y en a sept, dont des “psaumes dans la ville” lus par des acteurs (Michael Lonsdale, Nazim Boudjenah…), “Prière dans la ville” avec des intentions déposées sur la Toile et un “théobule.org” pour la catéchèse des 6-11 ans via une application pour tablette numérique.
“Notre ligne directrice est de proposer la parole de Dieu sous une porte spirituelle, culturelle ou artistique”, confie le frère Thierry Hubert, responsable de ce portail. “On n’a pas vraiment les 18-25 ans qu’on rêverait d’attirer, mais parmi les 100.000 personnes qui nous suivent, il y a sans doute un peu plus de jeunes que dans une paroisse, et entre 5 et 10% nous disent être éloignés de l’Eglise”, relève le dominicain.
Mgr Giraud, qui est désormais le président du Conseil pour la communication à la Conférence des évêques de France, se réjouit de cette diversité d’initiatives connectées (tweets, sites, blogs, chaînes de prière…). “Cela nous bouscule un peu dans l’Eglise”, car “il n’y a pas d’autorité sur ce e-continent”, ou plutôt celle-ci “ne vient que de la pertinence, de l’intelligence des arguments échangés”, dit-il avec satisfaction.