éroport de Roissy Charle-de-Gaulle (Photo : Gabriel Bouys) |
[14/09/2014 09:13:51] Paris (AFP) Air France devrait être paralysée à 60% lundi par une grève de pilotes opposés aux conditions d’expansion de la filiale à bas coûts de la compagnie, à moins d’avancées dimanche dans les négociations entre la direction et le principal syndicat.
La compagnie aérienne, entité du numéro deux européen Air France-KLM, a annoncé samedi qu’elle ne pourrait assurer que 40% des vols lundi, compte tenu d?un taux de pilotes grévistes estimé à 60%.
Le SNPL (majoritaire) a appelé à la grève reconductible du 15 au 22 septembre. Le Spaf, deuxième syndicat, et Alter (non représentatif) jusqu’au 18. Une grève d’une semaine serait le plus long conflit mené par des pilotes d’Air France depuis 1998.
Air France conseille donc “à nouveau à ses clients ayant réservé un vol entre le 15 et le 22 septembre de reporter leur voyage ou changer leur billet sans frais”.
Le SNPL AF Alpa a indiqué à l’AFP avoir été convié à une ultime réunion avec la direction, dimanche à 15H00. “Les discussions auront lieu uniquement avec le SNPL, ce que nous regrettons”, a déclaré le président de ce syndicat, Jean-Louis Barber.
“Les négociations se poursuivront jusqu’à ce soir”, a confirmé dimanche Air France.
Toutefois, le principal syndicat de pilotes, qui craint notamment que le projet de développement de la filiale low cost Transavia n’aboutisse à “l’externalisation des emplois” et à du “dumping social”, avec des pilotes sous contrats de droit étranger, se montre toujours pessimiste quant à la possibilité de trouver une issue au conflit amorcé voilà plusieurs semaines.
“On va avoir 75% de grévistes”, affirme Jean-Louis Barber. “Or la direction reste sur un projet tout ficelé, dans le dogme. La responsabilité de la direction, c’est de savoir écouter et d’éviter de faire perdre beaucoup d’argent à la compagnie: on est sur un sujet de fond, on ne parle pas d’augmentation de salaires”, argumente le patron du SNPL, qui rappelle que son syndicat “n’a plus déposé de préavis de grève depuis 2002”.
– “Pire encore mardi et mercredi” –
Frédéric Gagey, le patron d’Air France, qui chiffre à “10 à 15 millions” d’euros par jour le coût de cette grève, a déclaré samedi que la direction “faisait tout avec les partenaires sociaux pour essayer de trouver une voie pour sortir de la situation”. “Il faut qu’on avance”, a-t-il dit sur France Inter.
Le PDG d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac, avait rejeté cette semaine la principale revendication des syndicats: un contrat unique pour les pilotes aux conditions actuelles d’Air France, pour tous les avions de plus de 100/110 places, quelle que soit la compagnie du groupe Air France (Air France, Hop!, Transavia).
Selon Jean-Louis Barber, du SNPL, “si le taux de grévistes reste aussi élevé”, “on peut imaginer que ce sera pire encore mardi et mercredi”, car, dit-il, Air France fait appel le premier jour de grève à des pilotes de l’encadrement pour assurer les vols, pilotes qui seront contraints au repos les jours suivants.
“Si le mouvement social se poursuivait au-delà du 15 septembre, le programme de vols sera adapté en conséquence. Les répercussions éventuelles seront communiquées aux clients concernés la veille du départ”, a de son côté indiqué la compagnie.
Le développement de la filiale Transavia est la pierre angulaire du nouveau plan stratégique “Perform 2020” d’AF-KLM pour répondre à la concurrence des compagnies à bas coûts.
Alors que l’avenir semble bouché pour les pilotes d’Air France, en sureffectif (un plan de départs volontaires a été ouvert en août pour 200 pilotes sur 3.760), le groupe mise sur Transavia, avec une augmentation de la flotte en France de 14 à 37 avions en cinq ans et en Europe, de nouvelles bases dès 2015, mais avec des pilotes sous contrat local.
Pour tirer profit du conflit, la compagnie aérienne à bas coûts easyJet a mis en vente samedi 1.000 places supplémentaires depuis Paris, à destination de Toulouse et Nice.