à Saxony (Photo : Tobias Schwarz) |
[14/09/2014 18:22:51] Berlin (AFP) Le nouveau parti anti-euro (AfD) a confirmé dimanche qu’il s’installait dans le paysage politique allemand, en faisant son entrée dans les parlements régionaux du Brandebourg et de Thuringe, deux semaines après avoir réalisé cette performance pour la première fois en Saxe.
Créée au printemps 2013, l’AfD est créditée d’environ 10% des suffrages en Thuringe et 12% dans le Brandebourg (deux Etats régionaux de l’ex-RDA, tout comme la Saxe), dépassant largement la barre de 5% requise pour entrer au Parlement, d’après les premières projections diffusées par la télévision publique allemande sur la base de résultats partiels.
“Je me réjouis de cette énorme preuve de confiance”, a réagi Bernd Luke, le patron d'”Alternative für Deutschland” (Alternative pour l’Allemagne), estimant que son parti “renouvelait” l’offre politique en se démarquant “des partis traditionnels sans ligne directrice”.
De l’autre côté de l’échiquier politique, la gauche radicale Die Linke pourrait décrocher un résultat inédit en ravissant la présidence de la Thuringe aux conservateurs d’Angela Merkel (CDU), si elle parvient à constituer une majorité avec les sociaux-démocrates et les Verts. Mais ce scénario restait incertain vers 17H00 GMT, les trois partis n’étant pas assurés d’atteindre ensemble la majorité des sièges.
L’AfD, qui prône la sortie de l’euro et défend des positions très conservatrices sur l’immigration, l’insécurité et les valeurs familiales, a fait dimanche encore mieux que dans la Saxe, où elle avait séduit il y a deux semaines 9,7% des électeurs.
C’est encore insuffisant pour que cette jeune formation, qui creuse un sillon populiste en plein essor en Europe mais jusqu’ici absent d’Allemagne, se mêle aux tractations pour diriger le Brandebourg ou la Thuringe.
Forte de trois percées consécutives, l’AfD s’affirme néanmoins comme un possible rival sur l’aile droite de la CDU, porté notamment par le soutien “d’anciens électeurs conservateurs” déçus, d’après Werner Patzelt, politologue à l’Université technique de Dresde.
Son irruption sur la scène politique bouscule les deux grands partis, poussant la chancelière conservatrice Angela Merkel à durcir son discours sur les thèmes chers à l’AfD, comme les demandeurs d’asile, et incitant le SPD à vanter les effets de l’Europe sur l’emploi pour contrer la rhétorique eurosceptique.
– Suspense en Thuringe –
A terme, l’installation de ce parti “en pleine puberté”, selon Werner Patzelt, nécessitera des succès électoraux répétés et dépendra de l’action de ses représentants dans les parlements régionaux, l’AfD ayant échoué de peu à entrer au Bundestag à l’automne 2013.
Le parti avait réussi une percée aux européennes du 25 mai en obtenant sept sièges.
Autre enjeu du scrutin de dimanche, très incertain au vu des chiffres provisoires diffusés en début de soirée, la percée de la gauche radicale, qui pourrait décrocher en Thuringe la présidence d’un Etat-région pour la première fois de son histoire. Créditée de 28% des voix (en légère hausse), Die Linke peut espérer détrôner la CDU (34%) en propulsant son leader, le syndicaliste Bodo Ramelow, à la tête d’une coalition avec les sociaux-démocrates du SPD (12,5%) et les Verts (5,5%).
Mais les projections en sièges donnent un résultat serré et une majorité incertaine pour la gauche. Dans tous les cas, la coalition gagnante ne sera pas connue dimanche soir, les négociations pour former un gouvernement s’écoulant sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Arrivée en tête, la ministre-présidente sortante de Thuringe, Christine Lieberknecht (CDU) se réjouissait déjà dimanche soir d’avoir “remporté ces élections régionales”, sans avoir pourtant l’assurance de pouvoir reconduire son alliance régionale actuelle avec le SPD.
Les tractations s’annoncent plus simples dans le Brandebourg où les sociaux-démocrates, au pouvoir depuis la Réunification, sont de nouveau en tête avec 32,5% des suffrages. Ils peuvent indifféremment, pour former une majorité, maintenir leur coalition avec Die Linke ou s’allier à la CDU, leur partenaire au niveau fédéral.
Alors que les Verts préservent une représentation dans chaque Etat-région, les libéraux du FDP, déjà éjectés du Bundestag à l’automne dernier, poursuivent leur déclin. Ces alliés traditionnels des conservateurs ne sont plus représentés que dans 6 Etats-régions sur 16. Un casse-tête pour la CDU qui ne dispose souvent plus d’autre choix que le SPD pour former des majorités.