«Cette baisse est inquiétante mais rattrapable». S’il partage le malaise que le nouveau classement de la Tunisie dans l’index de compétitivité globale du Forum de Davos ne va pas manquer de provoquer dans les milieux tant politiques qu’économiques, publics et privés, Ahmed El Karm a voulu en quelque sorte amortir le choc, en commentant, mercredi 3 septembre 2014, au siège de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), les performances de la Tunisie en matière de compétitivité.
L’optimisme relatif du vice-président directeur général d’Amen Bank –qui rappelle que cette mauvaise performance de la Tunisie est «liée à la sécurité» en particulier- prend racine dans le fait qu’«il y a prise de conscience générale» quant à la nécessité de se mobiliser pour faire face à ce fléau. Une prise de conscience qui permet de penser qu’«on peut arriver à maîtriser la situation, même si quand le terrorisme s’installe dans un pays c’est généralement pour des années».
Le vice-pdg d’Amen Bank s’inquiète en même temps du fait que la Tunisie ait perdu son leadership maghrébin en matière de compétitivité, car «c’est là un signal pour les investisseurs étrangers qui pourraient se dire qu’il est aujourd’hui plus intéressant d’investir ailleurs» qu’en Tunisie.
Pour remonter la pente, Ahmed El Karm rappelle que l’IACE a «toujours recommandé d’agir à trois niveaux». Le premier est la confiance qu’il faut rétablir pour amener «les agents économiques à anticiper une évolution positive de la Tunisie». Cela passe, selon le banquier, «par la maîtrise du terrorisme et l’installation d’un système politique stable». Un système qu’il espère voir sortir des prochaines élections.
Le second niveau de l’action nécessaire concerne les équilibres macroéconomiques qu’il est impératif de rétablir. «Le rétablissement de ces équilibres doit être un objectif prioritaire et ne doit donc pas être supplanté par le souci sécuritaire», souligne M. El Karm. Car «il n’est pas possible d’espérer une amélioration du classement et de la note de la Tunisie» sans un tel redressement, avertit le vice-pdg d’Amen Bank.
Le troisième axe sur lequel il va falloir agir, c’est les réformes. Ahmed El Karm admet certes que l’actuel gouvernement «transitoire ne peut pas engager les réformes» nécessaires mais «il doit les préparer», suggère le banquier. Et ce chantier est vaste puisque «tous les aspects de l’économie tunisienne ont besoin de réformes profondes».
Enfin, la Tunisie ayant «vécu ces trois dernières années dans la nonchalance», «le moment est venu de remettre au travail» et de faire en sorte que les sacrifices rendus nécessaires par la situation du pays soient «équitablement répartis» entre les différentes couches de la population, recommande le banquier. Convaincu qu’«on n’a pas le choix car dans deux ans les échéances des crédits contractés vont commencer à tomber et il faudra bien les rembourser».