à Paris (Photo : Stéphane de Sakutin) |
[15/09/2014 09:46:49] Paris (AFP) Le géant américain Netflix a lancé lundi en France son service de vidéo illimité, sur internet et bientôt sur les box de Bouygues Télécom, une petite révolution dans la consommation de films et de séries qui fragilise la télé traditionnelle.
Netflix doit dans les prochains jours poursuivre l’offensive en Allemagne, Autriche, Suisse, Belgique et au Luxembourg.
En France, le prix et l’accord avec une box étaient les dernières inconnues : Netflix est désormais disponible en France pour 7,99 euros par mois, et sera accessible sur les nouvelles box de Bouygues dès novembre, ont annoncé le PDG du groupe américain et l’opérateur .
Après avoir conquis 36 millions d’abonnés aux Etats-Unis et 14 millions à l’international, dont la Grande-Bretagne et plusieurs autres pays européens, Netflix part à l’offensive du marché français en s’appuyant sur son vaste catalogue de séries américaines.
Les autres opérateurs, Orange, Free et SFR, n’ont pas trouvé d’accord commercial avec Netflix et donc refusé de diffuser son service via leur box.
é en Suède, le 11 septembre 2014 (Photo : Jonathan Nackstrand) |
Le PDG de Netflix Reed Hastings a indiqué que le groupe pourrait trouver un accord avec d’autres opérateurs télécoms plus tard, précisant que des discussions étaient en cours. “ll n’y avait pas de box du tout au Royaume Uni (où Netflix est déjà présent, ndlr) quand nous nous sommes lancés il y a trois ans et depuis un an il n’y qu’une seule box au Royaume-Uni. Les box arrivent au fil du temps”, a-t-il dit.
– Deux millions d’abonnés en France d’ici 2019 –
Le service, sans publicité, dont l’atout majeur reste son puissant moteur de recherche et de suggestions, vise 2 millions d’abonnés en France dans les 5 ans.
Netflix et ses équivalents sont aux films et aux séries ce que le service musical en ligne Deezer est à la musique : des vidéos à volonté, où on veut et sans grilles de programmes. L’antithèse de la télé à heure fixe ou de l’achat de films à la pièce.
Devant le débarquement de Netflix, ses concurrents français ont dégainé, dont Canal+ qui a renforcé son offre illimitée CanalPlay, déjà forte de 520.000 abonnés. CanalPlay a l’atout d’être présent sur les box de tous les opérateurs — ce qui a coûté à Canal+ 150 millions d’euros par an, a souligné le directeur général Rodolphe Belmer lundi au micro de France Inter. Numericable a lui lancé ce lundi un forfait séries gratuit pour ses abonnés.
CanalPlay propose 3.600 heures de séries quand Netflix en propose 2.950, a affirmé M. Belmer, expliquant que ses équipes “ont passé une partie de la nuit à calculer le catalogue de programmes de Netflix”. Mais ces services bon marché ne gagnent pas encore d’argent : CanalPlay est pour l’instant déficitaire, tout comme Netflix ailleurs qu’aux Etats-Unis.
Avec un siège européen au Luxembourg, puis aux Pays-Bas en 2015, Netflix échappera à l’impôt français sur les sociétés, l’obligation de signalétique d’âge et au pourcentage minimum de 60% de contenus européens et 40% de contenus français dans son catalogue. Il ne devra pas non plus s’assurer que 12% de ses recettes proviennent de visionnage de programmes français. Autant d’exceptions qui rendent furieux ses concurrents français.
Le groupe américain contribuera néanmoins au financement de la production audiovisuelle française : il devra verser 2% de son chiffre d’affaires en France au Centre national du cinéma (CNC), comme le prévoit la loi de finances 2015. Et en raison de l’harmonisation de la TVA européenne, à partir du 1er janvier, il paiera sur ces recettes françaises la TVA française.
Le groupe s’est défendu en brandissant la production de “Marseille”, une série dont il a déjà annoncé le prochain tournage, et en promettant d’autres productions en France, selon Reed Hastings.
éant américain de la vidéo à la demande (Photo : V. Breschi/E.Vaissière) |
L’arrivée de Netflix , propice au “binge-watching”, la consommation boulimique de contenus, pourrait provoquer une onde de choc en France, territoire très réglementé, où le cinéma est interdit mercredi et le samedi soir à la télévision, qui doit respecter un quotas de production française. Se sentant menacées, les chaînes historiques réclament déjà un assouplissement des règles.