La possible hausse du gazole suscite déjà une levée de boucliers

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à une autre hausse déjà prévue au 1er janvier 2015 (Photo : Thomas Samson)

[15/09/2014 16:50:53] Paris (AFP) La piste d’un relèvement de la taxe sur le gazole, carburant le plus populaire de France, est étudiée par le gouvernement pour compenser le manque à gagner de l’écotaxe nouvelle mouture, ce qui réveille des inquiétudes tant chez les automobilistes que les constructeurs.

Selon plusieurs médias, l’exécutif veut augmenter de 2 centimes d’euro par litre la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) sur le gazole, ce qui permettrait d’engendrer 800 millions d’euros de recettes supplémentaires pour les comptes publics.

De quoi compenser le manque à gagner de l’écotaxe, abandonnée dans son ancienne mouture et devant être remplacée par un “péage de transit poids lourds”, également controversé, destiné à financer des projets d’infrastructures de transport.

Cette nouvelle taxation, qui viserait le principal carburant vendu à la pompe en France avec environ 80% des volumes écoulés par les stations-service, viendrait s’ajouter à une autre hausse déjà prévue au 1er janvier 2015.

En effet, à cette date, la “contribution climat énergie”, souvent rebaptisée “taxe carbone”, engendrera une hausse de 2 centimes le litre pour le gazole et d’environ 1,8 centime pour l’essence sans plomb, sans réduire l’avantage fiscal en faveur du diesel.

Exonérés de cette taxe carbone, les transporteurs routiers ont bon espoir de l’être aussi en cas d’augmentation de la taxe sur le gazole.

“Nous avons fait passer nos messages, nous avons bonne chance d’être entendus” par les pouvoirs publics, a déclaré à l’AFP le délégué général de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), Nicolas Paulissen.

Un alourdissement des charges fiscales du secteur, à un niveau “déjà insupportable”, accentuerait son manque de compétitivité face aux concurrents étrangers, selon lui.

De source gouvernementale, on indique que “rien n’est encore arbitré”, tandis que le ministère des Finances s’est refusé à tout commentaire.

Il n’empêche, cette piste suscite déjà une levée de boucliers, notamment au sein du secteur automobile.

“C?est l’automobiliste qui va faire les frais du feuilleton de l’écotaxe!”, s’est indigné Didier Bollecker, président de l?Automobile Club Association.

Dimanche soir sur RTL, le PDG de PSA-Peugeot Citroën Carlos Tavares a lui parlé d’une “mauvaise nouvelle” car la taxe supplémentaire “frapperait de manière indifférente les diesel modernes comme les diesel anciens”.

– ‘Improvisation’ –

Même son de cloche chez les associations de consommateurs.

“On est dans une mesure d’improvisation, de bricolage, assez symptomatique de la fiscalité écologique de ces deux dernières années”, déplore François Carlier, délégué général de la CLCV.

Le président de l’UFC-Que Choisir abonde. “Dans cette affaire, il y a des mauvais calculs du gouvernement, et ce sont les automobilistes qui deviennent la variable d’ajustement”, s’insurge Alain Bazot.

L’idée de taxer davantage le gazole est en tout cas un serpent de mer de la fiscalité française.

En septembre 2013, le sujet avait provoqué une crise entre socialistes et écologistes, lorsque le gouvernement avait tranché pour l’inclusion d’une “composante carbone” dans les taxes frappant les carburants, tout en maintenant inchangé l’avantage fiscal du gazole par rapport à l’essence.

Il avait aussi la volonté de ne pas alourdir les difficultés des constructeurs automobiles français en crise, en particulier PSA qui a énormément misé sur la motorisation diesel.

Un an plus tôt, le gouvernement s’était même attaqué à la cherté des carburants avec une baisse temporaire de la TICPE, plutôt que de bloquer les prix comme l’avait promis François Hollande durant la campagne présidentielle.

Les taxes sur le gazole sont inférieures d’environ 20 centimes par litre à celles sur l’essence, ce qui a encouragé la prédominance du diesel dans le parc automobile français, même si ce carburant classé cancérogène émet davantage de particules fines, responsables de maladies respiratoires.

Le débat avait ressurgi au printemps dernier avec les pics de pollution observés en Ile-de-France, mais l’exécutif ne l’avait pas jugé prioritaire.

Depuis plusieurs mois, les prix des carburants aux stations-service françaises se sont tassés, dans le sillage des cours du pétrole brut pénalisés par une demande faible, ce qui pourrait donner davantage de marges de manoeuvre au gouvernement.

L’UFC-Que Choisir s’en offusque. “Dans un contexte où l’électricité augmente, le gaz augmente, (…) je ne vois pas au nom de quoi le gouvernement viendrait priver les automobilistes des bénéfices d’un marché qui est à la baisse”, dit Alain Bazot.